Les banques commerciales ont répercuté de manière franche, de 40 à 80 points de base selon les établissements, la hausse du taux directeur sur le coût du crédit. Et ce n'est qu'un début. C'était annoncé, c'est désormais acté : les taux des crédits immobiliers pratiqués par les établissements bancaires ont augmenté de manière sensible ces dernières semaines. Un renchérissement du coût de l'argent directement lié aux deux hausses successives du taux directeur de 50 points de base, opérées en septembre et décembre derniers par la banque centrale, pour lutter contre l'inflation. Après une période d'observation qui aura duré jusqu'à fin janvier, les banques ont finalement répercuté la hausse du taux directeur sur les prêts immobiliers. Reste que l'ampleur de cette hausse n'est pas la même, selon les établissements. Les informations recueillies auprès d'un échantillon de banques commerciales parmi les plus réputées de la place montrent que, pour un financement de 1 million de dirhams sur une durée de 20 ans, les taux pratiqués s'échelonnent désormais entre 4,75 et 5,5%, ce qui représente des hausses comprises entre 40 et 80 pbs. Une simulation réalisée auprès de l'un de ces établissements montre que pour un crédit immobilier d'un million de dirhams sur 20 ans, au taux de 4,75%, la mensualité ressort à environ 7.500 dirhams, frais d'assurance décès inclus. C'est tout de même quelques centaines de dirhams de plus par rapport à un financement assorti d'un taux à 4,25%. Cette tendance au renchérissement du crédit est confirmée par une étude intitulée «Les banques passent à l'offensive», réalisée tout récemment par Afdal.ma. Le comparateur-courtier en ligne évoque «une nette accélération» de la hausse des taux immobiliers depuis le début de l'année. Les taux s'affichent ainsi à 4,75% pour un prêt allant jusqu'à 800.000 DH sur 25 ans, ce qui représente une hausse de 55 points de base par rapport à janvier 2023. Ce renchérissement du coût du crédit impactera les futurs acquéreurs, ainsi que ceux qui ont opté pour des prêts à taux variables qui verront leur traite augmenter mécaniquement. En revanche, les crédits immobiliers à taux fixe en cours de remboursement seront épargnés. Par ailleurs, les acquéreurs qui présentent un bon profil de risque et un dossier solide pourront toujours négocier de meilleures conditions de financements. De nouvelles hausses à venir Le renchérissement du coût du crédit habitat est loin d'avoir atteint son plafond, sachant que la double hausse du taux directeur opérée par Bank Al-Maghrib (+50 pbs en septembre 2022 et +50 pbs en décembre) n'a pas été entièrement répercutée par les banques. BAM vient en plus d'en remettre une couche, mardi 21 mars dernier, avec une nouvelle hausse de son taux directeur de 50 pbs, le portant à 3%, soit son plus haut niveau depuis 2014. Une décision qui devrait amener les banques commerciales à revoir encore à la hausse les taux débiteurs et à resserrer davantage les conditions de financement des prêts à l'habitat. Un resserrement qui, visiblement, a déjà commencé. A la lecture des derniers chiffres de la banque centrale sur la production de crédits, il ressort que les prêts immobiliers sont en nette décélération en janvier, n'enregistrant qu'une hausse limitée de 0,2% par rapport à décembre 2022.