Deux valeurs, entre autres, sont nécessaires pour une économie saine et florissante. Une pour l'offre qui a besoin d'innovation, l'autre pour la demande qui nécessite la confiance entre le vendeur et l'acheteur. Cette histoire raconte comment la confiance peut être vite perdue. L'histoire que je vais vous raconter montre comment la confiance peut s'estomper vite, sérieusement et durablement. La gravité et la véracité de l'histoire sont indéniables, puisque l'aventure ne m'a pas été rapportée par quelqu'un mais vécue par moi-même, pas plus tard que la semaine dernière. Une histoire parmi les histoires Mon médecin m'a prescrit un scanner pour «apprécier» les risques d'une maladie que j'aurai contractée. Je prends rendez-vous et me rends un matin à un laboratoire de radiologie dont je vais taire le nom. Après les analyses préalables pour voir la force de mes reins à filtrer la solution de contraste, injectée avant, je passe sous scanner. Tout se déroulait normalement jusque-là. Deux heures après, le laboratoire m'appelle pour me demander de repasser, car la radiologue voudrait me voir. Je me suis dit que le service après-vente est assez professionnel, pensant qu'elle voulait peut-être m'expliquer les résultats. Je rapplique au laboratoire, je ne vois toujours pas de radiologue. On me «pousse», sans aucune explication, vers la salle du scanner en m'informant que «nous allons refaire exactement la même opération» d'il y a trois heures. J'ai dû demander au technicien la raison de cette répétition. Il me répond de façon lapidaire qu'il a pris les images d'un organe et pas d'un autre. Bref, je comprends qu'il n'a pas lu l'ordonnance qui était, par contre, très précise. Peut-être un automatisme lié à la routine. Commettre encore plus de bêtises, par bêtise La gravité de cette situation réside dans l'occultation de l'information qu'il devait me donner, à savoir qu'il faut espacer, d'au moins deux jours, les deux injections de contraste. Le risque pouvant être mortel si le produit n'est pas filtré assez vite et bien par l'organisme. Au lieu de ça, par peur ou par bêtise, pour réparer une autre bêtise, l'on me pousse à refaire un scanner à trois heures d'intervalle sans m'informer sur les risques que je prends. Heureusement que j'ai les reins solides, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Moralité de l'histoire : on préfère jouer avec la vie de quelqu'un pour escamoter une erreur au lieu de l'assumer et informer la personne concernée en l'associant à la prise de décision sur ce qui le concerne au premier chef, sa vie. Une culture de peur qui pousse à la bêtise et qui pourrait être à l'origine d'erreurs médicales inavouables et impunies. Je garde le conditionnel dans la phrase précédente, bien que je sois presque certain que beaucoup de lecteurs se reconnaîtront et se rappelleront à cet instant de la lecture d'un souvenir, proche ou lointain. La confiance, une valeur encore trop fragile La confiance, étant une valeur encore trop fragile dans notre société, a surtout besoin d'être entretenue en permanence car «elle se gagne en gouttes et se perd en litres», disait J-P Sartre. Cette confiance, appliquée à l'économie, détermine la santé d'un marché, sa pérennité, ses réflexes et ses revers. Tout investisseur prend un risque en investissant, le consommateur, aussi parfois, en consommant. C'est pour cette raison que cette confiance doit être entretenue avec des règles, des contrôles, des punitions pour ceux qui ne les respectent pas et finissent par nuire aux autres, commerçants et consommateurs, en installant la suspicion dans le marché. Quand la confiance vient à manquer dans un domaine aussi vital que celui de la santé, c'est une catastrophe qui s'annonce non seulement pour le marché, mais également dans la tête et la constitution du citoyen lui-même. On ne parle plus de consommation mais d'humanité. Je ne vous fais même pas la litanie du sermon d'Hippocrate et tout le tralala. La culture est la solution.