Des rencontres informelles ont été tenues par l'envoyé personnel du SG de l'ONU avec toutes les parties, et même avec les membres du Groupe d'amis du Sahara. Des développements positifs qui déboucheront sur la reprise des tables rondes. Avec le temps, le début du mois d'avril a cessé d'être source d'une angoisse pour la diplomatie marocaine. Le temps passant, c'est même devenu une confirmation de son efficacité et la longueur d'avance qu'elle a pu prendre dans le dossier du Sahara. Du coup, la réunion du Conseil de sécurité consacrée, à la fin de ce mois, à la question est devenue une formalité. Sans plus. Cette année, cette même réunion a un goût particulier. Un an et demi après sa nomination, De Mistura vient de rencontrer à New York coup sur coup les représentants des parties ainsi que les membres du Groupe des amis du Sahara. Prélude de nouvelles tables rondes ? Sans doute, mais manifestement pas dans l'immédiat. Tout le monde, y compris l'ONU, s'accorde à affirmer que la seule voie pour clore ce dossier est la négociation. Tout le monde, exclus bien sûr ceux qui restent encore attachés à des concepts désuets, dont l'impossible référendum. La situation a donc commencé à bouger. En effet, «l'envoyé personnel Staffan de Mistura a rencontré aujourd'hui le représentant permanent du Maroc à l'ONU, l'ambassadeur Omar Hilale au siège de l'ONU dans le cadre des consultations bilatérales informelles sur le Sahara Occidental. Il a également rendu compte au Secrétaire général des consultations tenues cette semaine», a annoncé, il y a quelques jours, le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix des Nations unies (UNDPPA). Au Maroc, la rencontre, qui remonte au 30 mars, n'a fait l'objet d'aucune communication officielle. Des rencontres similaires ont été tenues avec les représentants de l'Algérie et de la Mauritanie à l'ONU ainsi qu'avec le représentant du Polisario à New York (une nuance que même l'Algérie a relevée pour la première fois). Les événements s'accélèrent Certes, ce ne sont pas encore des tables rondes à proprement parler, mais une étape intermédiaire. Ce que le porte-parole du SG de l'ONU qualifie de «rencontres bilatérales et informelles». Rappelons-nous, dans sa résolution du 27 octobre 2022, le Conseil de sécurité a demandé, encore une fois, aux parties, y compris l'Algérie citée nommément cette fois, de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi. Cet appel à la reprise des négociations revient dans toutes les résolutions du CS depuis avril 2016. Cependant, considérant la position hostile de l'Algérie aux tables rondes, le texte de la résolution du 27 octobre dernier a tenu à souligner, pour la première fois, l'importance du fait que «toutes les parties concernées développent leurs positions afin de faire avancer une solution». Six mois plus tard, il semble que le pays voisin est en passe de changer de posture. C'est en tout cas ce que l'on peut déduire de cette rencontre avec De Mistura, sachant que l'Algérie a rejeté complètement la dernière résolution du Conseil de sécurité et même tout le travail accompli par ce dernier sur ce dossier depuis 2006. Ce qui est sûr, estime un ancien diplomate, c'est qu'il y a six mois, l'Algérie, qui avait le vent en poupe avec la crise énergétique, ne paraissait encline ni au compromis ni à l'accommodement de l'Envoyé personnel du Secrétaire général. Un changement donc, mais au point de participer prochainement à des tables rondes ? Difficile à prévoir. L'Algérie est sous pression de la communauté internationale, surtout des Etats Unis. C'est un fait. Prémices d'une grande évolution Les rencontres entre les officiels américains et les dirigeants algériens, civils et militaires, sont innombrables. Le Maroc de son côté a joué quelques cartes, mais sans doute pas encore ses meilleures. La sortie de Bahija Simou, directrice des Archives royales, sur le Sahara Oriental, à travers la MAP, en est une. Le cas des Marocains expulsés par l'Algérie en 1975 évoqué tout récemment lors de la réunion du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU en est une autre. En même temps, le chef de la Minurso fait une sortie considérant officiellement l'option du référendum comme une solution dépassée. Et ce, juste avant que l'Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara, Staffan de Mistura, entame ses rencontres informelles. Entre-temps, le président algérien a assuré lors d'une interview accordée à la chaîne Al Jazeera que son pays obéirait sans aucune condition aux décisions de l'ONU. Et comme par enchantement, voilà qu'un premier convoi terrestre pour approvisionner des sites de la Minurso à l'est du mur de sécurité va pouvoir être organisé pour la première fois depuis 2020. Evidemment, l'épisode des drones iraniens est éclipsé. Faut-il rappeler à ce sujet que le Maroc est signataire d'un accord stratégique et de défense avec les pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite qui vient tout juste de normaliser ses relations avec l'Iran ? D'après certains analystes, tout cela signifie tout simplement que «la plus grande puissance du monde a décidé de mettre fin à ce conflit pour des raisons stratégiques liées à sa propre sécurité». Cela veut dire aussi que le «Maroc constitue dorénavant un maillon essentiel dans l'équation américaine initiée pour l'Afrique par les stratèges US». Mais alors que la Russie vient d'annoncer sa nouvelle doctrine politique, il est peu probable que le conflit soit tranché par le Conseil de sécurité. D'où l'impératif de lancer le processus des tables rondes. Mais est-ce opportun d'engager des négociations avec l'Algérie au moment où un grand changement se profile au sein de Nomenklatura au pouvoir à l'occasion des présidentielles, en décembre de l'année prochaine ? La question reste posée. Des changements au-delà du «Mur» Le Polisario l'a toujours empêché, mais «l'approvisionnement des sites à l'est du mur est une question sur laquelle nous étions en discussion avec les parties. Des accords ont été trouvés pour un nouveau convoi le plus tôt possible». C'est en ces termes que Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, commente la récente nouvelle donne au-delà du Mur de sécurité. La reprise de l'approvisionnement des sites de la Minurso au delà du dispositif de sécurité démarre dans quelques jours. Le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU, en octobre, soulignait les «conséquences de plus en plus graves» des problèmes d'approvisionnement sur les capacités des équipes de la Minurso à l'est du mur pour maintenir leur présence sur ce terrain «austère». Aucun convoi terrestre n'avait été autorisé depuis le 13 novembre 2020. Des approvisionnements ont pu être faits par avion et hélicoptère, mais pas pour les équipements lourds, notamment les véhicules.