La programmation et le marketing d'Al Aoula, c'est elle ! La grille ramadanesque, elle la compose comme un puzzle cherchant à fidéliser spectateurs et annonceurs pour cette saison comme pour le reste de l'année. Dans les coulisses des productions ramadanesques, la star c'est Bissane Khairate. La directrice marketing et programmation de la SNRT, avec ses quinze ans d'expérience dans le domaine audiovisuel, connaît les rouages du broadcasting local avec les spécificités de la haute saison que constitue le mois sacré de Ramadan. Entretien. Sur la grille ramadanesque d'«Al Aoula», quelles sont les nouveautés de cette saison 1444 ? La grille a été construite sur la base de trois leviers : richesse et diversité de l'offre; innovation et pertinence des formats ; et enfin, rationalisation de la grille. Elle tient compte de la data de l'audimat qui reste au cœur de notre démarche. Elle est indispensable pour consolider les acquis et, maintenir les cases performantes, de conquérir d'autres plages horaires en élargissant la base des téléspectateurs et de consolider l'image d'Al Aoula et de la SNRT. A travers cette grille, la chaîne cherche à conforter sa position de leader en termes de production nationale, en particulier dans la fiction et le documentaire. Outre le prime Ftour avec ses séries aux thématiques innovantes, la particularité de cette grille réside dans la seconde partie de la soirée qui est entièrement dédiée à la culture et au débat. Il y a aussi le lancement de la première saison de «Chef Academy», la première téléréalité food 100% marocaine. Les enfants ne sont pas en reste avec un programme éducatif «Wlidat Bladi» et des dessins animés en 3D made in Morocco. Le choix des programmes se fait essentiellement sur papier. Un gage suffisant pour ce qui sera mis en boîte ? C'est la réalité du métier, partout dans le monde..., la qualité de production dépend de la combinaison de plusieurs facteurs: scénario, moyens techniques et artistiques, réalisation, casting, connexion entre différentes équipes... C'est une sorte d'alchimie qui se crée. Et les surprises font partie du métier. Cette stratégie des deux chaînes de réserver le meilleur de leurs programmes à cette période est-elle judicieuse ? Quid du reste de l'année ? Le mois de Ramadan est une période de grande consommation de la télé et de contenu audiovisuel local. On y enregistre les pics d'audience de l'année, avec un potentiel d'audience en prime Ftour de 20 millions de téléspectateurs. Se mettre en face de la télé – avant, pendant et après le Ftour – est un rituel des foyers marocains. Cela dit, AlAoula propose du contenu inédit tout au long de l'année. Nous avons consolidé et élargi notre audience à travers une offre riche et des rendez-vous installés. Une diversité en genre et formats qui a permis à Al Aoula d'augmenter, en janvier et février 2023, sa part d'audience de 13.4% sur le total de la journée par rapport au dernier trimestre 2022. «Al Aoula» a fait le choix de ne plus miser sur les sitcoms et de privilégier plutôt les séries et autres feuilletons. Quelles sont les raisons de cette option côté programmation ? C'est effectivement une décision prise par le président-directeur général, Faïçal Laraïchi. A juste titre d'ailleurs : il y a une attente quant à la qualité de ce type de programme qui n'est malheureusement pas au rendez-vous. Autant donc donner la priorité aux séries et feuilletons comiques ou dramatiques. Le modèle de production nationale de fictions reste cantonné au format «ramadanesque» de 30 épisodes... Une adaptation de format en perspective ? Oui, les formats évoluent et s'adaptent aux habitudes qui changent de plus en plus vite. Nous avons deux séries de 8 épisodes chacune en cours de production. Nous avons également réceptionné des séries de 15 épisodes et dont nous avons démarré la diffusion récemment. Al Aoula compte à son actif plusieurs mini-séries de 4 épisodes portant sur des thématiques patrimoniale, policière, sociétale et comique. Le marché publicitaire se réduit comme peau de chagrin depuis plusieurs années. A quel point êtes-vous contraints d'adapter vos programmes aux conditions des annonceurs durant Ramadan...? Nous avons observé une baisse des investissements publicitaires et des réductions des budgets, en particulier pendant la période Covid. Il est certain que la concurrence est rude avec la multiplication des plateformes sur le digital, l'affichage, surtout lorsque nous travaillons sur la base d'un cahier des charges avec ses contraintes dans le cadre de notre mission de service public. Fictions nationales ou turques, magazines de faits divers ou de divertissement dominent l'audimat au détriment de programmes disons plus constructifs... Question de goût ou de niveau intellectuel ? On ne peut porter de jugements sur cette base. C'est d'ailleurs une donne mondiale. Nombre de grandes chaines internationales programment ce type de productions en deuxième ou troisième partie de soirée.