Le Maroc ne dispose que de 1 763 ambulances dont une bonne partie sous-équipée. Plus de la moitié relève du ministère de la santé n Depuis 2000, le secteur privé n'a pas été contrôlé. La réglementation actuelle est trop imprécise. A l'heure où le Maroc a entamé une profonde mise à niveau de son système de santé, avec un objectif d'amélioration de l'accès aux soins et des indicateurs de santé, l'un des maillons essentiels du système, celui qui devient incontournable en cas d'urgence médicale se caractérise par des faiblesses criantes. Vétusté des véhicules, sous-équipement, personnel peu ou non formé … La liste des insuffisances du secteur ambulancier au Maroc est très longue. Le pays compte un plateau médical des plus évolués en Afrique, mais il ne dispose que de 1 760 ambulances (une pour 17 600 personnes) relevant aussi bien du secteur public que du privé. Le ministère de la santé dispose de 716 véhicules, la Protection civile 181, les collectivités locales et le Croissant rouge marocain 51. Le reste, 215 véhicules, appartient au secteur privé. La majorité des opérateurs privés ne disposent que d'un seul véhicule, contrairement aux services d'aide médicale urgente (Samu), Semu et Semur qui disposent de plusieurs véhicules. Certes, pour remédier à la situation, le ministère de la santé avait intégré la réforme du transport sanitaire dans son projet de loi-cadre relatif au système de santé et à l'offre des soins adopté en mai dernier par le conseil de gouvernement. Loi qui doit, rappelons-le, mettre en place une carte sanitaire et donc répartir au mieux les infrastructures, les compétences et les prestations sur l'ensemble du pays. Ce projet est toujours au Secrétariat général du gouvernement. S'il est promulgué, il permettrait d'organiser cette activité dont la réglementation actuelle ne porte que sur la définition du transport sanitaire, la distinction des types de transport (voir encadré) et ne traite ni des prix ni des équipements à bord. Une fois n'est pas coutume, ce sont les ambulanciers privés eux-mêmes, regroupés dans le syndicat des professionnels du transport sanitaire de Casablanca, qui soulignent l'utilité des initiatives du ministère pour réformer leur activité et insistent sur l'urgence de la réforme. Cette organisation, créée il y trois ans, dénonce en premier lieu le rattachement de ce secteur au ministère de l'intérieur. «Le Maroc est le seul pays au monde où le service ambulancier est sous la tutelle de l'intérieur», souligne le syndicat. Le ministère de la santé confirme et indique que l'activité sera sous sa tutelle. Ce qui permettra, poursuit un responsable, de mettre en place les normes adéquates et d'en contrôler l'application. Le projet de loi comprend en effet des mesures relatives à l'état des véhicules, la détermination des équipements obligatoires pour les différents types de transport, l'aspect vestimentaire et la formation des ambulanciers ainsi que des chauffeurs. Gel des autorisations depuis l'année 2000… Le projet traite aussi des procédures administratives notamment l'octroi des autorisations d'exercice qui doivent relever du ministère de la santé. Aujourd'hui, les autorisations sont accordées par le service d'hygiène de la wilaya. Et c'est ce même service qui doit également assurer le contrôle annuel des ambulances et de l'activité sur la base du registre des interventions effectuées par les opérateurs durant l'année. Or, dans la pratique, «les choses se passent autrement», selon le syndicat. «Sur les neuf dernières années, nous n'avons subi aucun contrôle et pire sur cette même période, le ministère de l'intérieur a gelé les autorisations alors qu'il y a un besoin important d'ambulances !». Par contre, le syndicat des professionnels du transport sanitaire avance que les autorités ont proposé le lancement d'un appel d'offres visant à confier le transport sanitaire à deux ou trois opérateurs. Ce qui condamne les autres intervenants à disparaître et va, toujours selon le syndicat, «à l'encontre du principe de la liberté d'entreprendre». Par ailleurs, le même syndicat précise qu'il faut, pour aider à la mise à niveau du secteur, mettre en place un cahier des charges précis déterminant les normes de conformité. Il est également d'avis qu'une période transitoire doit être accordée aux entreprises du secteur pour leur permettre de se mettre en conformité avec la réglementation. La réforme du secteur est certes en chantier, mais les professionnels disent, faute de contacts avec les autorités, n'avoir aucune visibilité. Au ministère de la santé, on rétorque que «le projet est en bonne voie»… En attendant, ce département, pour réguler le transport des malades et des blessés, a élaboré une carte sanitaire de Samu qui a été validée par les divers intervenants. Elle prévoit la mise en place de 11 Samu couvrant tout le territoire. Cinq Samu sont aujourd'hui opérationnels dans les villes de Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès et Oujda. alors que les Samu de Settat et Meknès sont en cours de création. Et en 2010, en raison de la priorité accordée à la maternité, un Samu spécifique à ce service sera opérationnel. Le ministère a également lancé, en 2005, un programme de formation de techniciens ambulanciers. L'Institut national de techniciens ambulanciers a formé, depuis sa création, 4 promotions totalisant un effectif de 93 techniciens qui sont affectés au ministère de la santé sur la base d'un contrat de sept ans. Mais là encore, le privé se dit lésé puisque seul le ministère de la santé bénéficie de cette école et peut donc disposer des compétences nécessaires.