* Les ambulanciers et les assistants médicaux ont un rôle capital à jouer, compte tenu du fait que 60 % des blessés décèdent sur les lieux daccident et 20 % durant leur transport. * Face à la désorganisation du métier, lANSAM a présenté un cahier des charges au ministère de lIntérieur, décidé à mettre de lordre dans cette profession. * Il est prévu de créer une centrale dalarme pour le secteur privé et un institut privé de formation. Un débat houleux, cest le moins quon puisse dire de la séance des questions-réponses qui a succédé au séminaire organisé par lAssociation Nationale des Services dAmbulances et dAssistance du Maroc (ANSAM). Alors que le séminaire intervenait dans le cadre des préparatifs de lopération «Assistance Transit MRE 2007», il a été question des aspirations des professionnels à sorganiser justement pour faire face aux différents problèmes et disparités enregistrés au sein même de lactivité pré-hospitalière. Il faut comprendre ces réactions, car le secteur est à un tournant de son histoire. Fini la pagaille, lANSAM a présenté un cahier des charges au ministère de lIntérieur pour donner un sérieux coup de balai. Ce chantier sest activé en 2002 lorsque les compagnies dassistance locale agréées par le ministère des Finances, comme Mondial Assistance, Maroc Assistance et Axa Assistance ont compris que pour quil y ait une qualité de prestations, pour que ces organismes dassistance soient fiables, il fallait disposer dune équipe privée de transports sanitaires organisés et pourvus du matériel adéquat. Aujourdhui lANSAM a décidé, pour débloquer la situation, dabord de revoir les textes réglementaires. «Nous avons constaté labsence de cahiers des charges. Il en existe dans quelques communes, mais ils ne déterminent pas les normes des cellules sanitaires. Cest pour cela que nous demandons lélaboration dun cahier des charges qui organise le transport ambulancier au niveau national et un autre pour le service des Pompes funèbres. Au niveau du transport ambulancier, il existe trois facteurs importants à prendre en considération. Dabord, savoir qui doit exercer le métier dambulancier au Maroc. Nous savons quaujourdhui la majorité des ambulanciers ne disposent ni dune patente ni dun registre de commerce ; cest lanarchie», déplore Abdelhamid El Mouadden, le Président de lANSAM. LANSAM combat ces entreprises car elle estime que cest une concurrence déloyale pour les entreprises organisées. La meilleure façon de remédier à ce fléau national était de se rapprocher du ministère de lIntérieur. La Direction générale des collectivités locales a pris en considération ces doléances. «Elle nous a demandé un cahier des charges que nous lui avons élaboré et présenté», poursuit le Président de lANSAM. Ce cahier des charges stipule quel type de matériel il faut avoir pour assurer le transport ambulancier. LANSAM a précisé deux types de véhicules : une ambulance normalisée qui ne peut transporter que les malades qui ne nécessitent pas de réanimation avec comme personnel un chauffeur et un brancardier aide-soignant. Et la deuxième catégorie est celle des blocs mobiles de réanimation avec une cellule médicale pouvant accueillir un médecin urgentiste et un infirmier avec matériel de réanimation. Sur ce deuxième type de véhicule, le chauffeur doit justifier dune expérience dau moins deux ans et avoir un diplôme de secourisme reconnu. Le brancardier doit pour sa part être titulaire dun diplôme de secourisme. «Nous avons demandé à ce que ce brancardier suive trois mois de stage et de formation dans un service durgence hospitalier», souligne-t-il. Dans ce cahier des charges il est précisé que le personnel à bord des ambulances doit avoir un niveau Bac, parce que ce personnel est appelé à communiquer avec les citoyens mais aussi avec les étrangers. Cette équipe ambulancière doit également être en mesure de lire les ordonnances du médecin, de remplir la fiche dintervention et les factures «Mais nous avons également réclamé la formation déquipes ambulancières et nous sommes à la recherche dune école de formation dambulanciers privés. Puisque les effectifs formés au niveau de linstitut public sont affectés pour compléter le projet du SAMU public», explique Abdelhamid El Mouadden. Le cahier des charges va plus loin puisque lAssociation a demandé à ce que les autorisations dexercice du métier soient délivrées aux personnes remplissant certaines conditions, notamment être titulaire dun diplôme de secourisme ou aide-soignant, davoir une expérience dans le service ambulancier, de disposer dun registre de commerce, dune patente et éventuellement dun casier judiciaire vierge. Cette personne doit avoir obligatoirement un local et ne pas exercer à domicile ou à bord des ambulances. «Selon les statistiques, il existe 200 entreprises avec un parc de 50 véhicules. Imaginez avec la vision 2010 et larrivée attendue de 10 millions de touristes cest peu et il y a lieu de tirer la sonnette dalarme, sachant que 70 % des ambulanciers ne sont pas formés, un transport sanitaire non réglementé cest grave », ajoute M. El Mouadden. «Ce cahier des charges a été diffusé par le ministère de lIntérieur auprès de toutes les préfectures du Royaume pour que chacune donne son avis. La commune urbaine a été la plus réactive et nous sommes en cours de finalisation de ce cahier des charges à lheure quil est. Il est en bonne voie. Mais nous avons demandé au ministère de lIntérieur daccorder un laps de temps à lensemble de la profession pour se mettre à niveau et sorganiser», conclut le président de lANSAM. Lorganisation du secteur du transport funéraire est également sur la bonne voie et un guide de formation sera édité par lANSAM a lusage des professionnels. Lactivité est appelée à jouer un rôle primordial pour réduire le nombre de décès en pré-hospitalier. En effet, le représentant du ministère de la Santé, présent lors de ce séminaire, sest arrêté sur un chiffre accablant. 60 % des blessés décèdent sur les lieux daccident parce quil nexiste pas dorganisation pré-hospitalière ordonnée et structurée. 20 % décèdent lors de leur transport vers les centres de soins. Ce qui porte à 80 % le nombre de décès en pré-hospitalier. À souligner quune coopération entre lANSAM et la Chambre des métiers de lartisanat de Belfort en France est en cours. Ceci a donné suite à une formation déquipes dambulanciers assurée par des médecins français et marocains. De même que sera montée une centrale «alarme» pour le secteur privé en coordination avec la Protection Civile pour gérer les appels durgence dans le cadre de ce même partenariat, avec un seul numéro de téléphone pour le secteur privé. Pour le volet formation, tous les partenaires de lANSAM soutiennent le projet dune école de formation privée qui pourrait éventuellement voir le jour dans les 6 mois à venir.