Sole, calamar, pageot, merlu…, les principales espèces sont concernées. L'effondrement des prix internationaux a poussé les exportateurs à réorienter leurs produits sur le marché domestique. En revanche, la sardine est introuvable sur le marché. Ses captures sur les 4 premiers mois ont nettement chuté. La crise a parfois des effets positifs. C'est du moins vrai pour les amateurs de poisson. Depuis quelques semaines, en effet, la tendance des prix est à la baisse. Chez les marchands ambulants munis de caissons réfrigérés, le kilo de merlu était proposé à partir de 60 DH en début de semaine contre 70 à 80 DH auparavant. La petite sole s'écoulait autour de 70 DH au lieu de 100. Dans le même temps, le calamar se maintenait à un cours de 70 DH tout comme la qualité inférieure des crevettes roses. Seule la sardine était introuvable même à 15 voire 20 DH et c'est le chinchard qui a pris la vedette au prix de 20 DH/kg. Les professionnels expliquent cette rareté de la sardine soit par sa transhumance au niveau des côtes soit par de fortes demandes au niveau de la transformation ou de la conserve. En effet, sur les 4 premiers mois de l'année, les captures de sardines enregistrées par la pêche côtière et artisanale ont chuté de 16,22 %, par rapport à l'égale période de 2008, à 131 535 tonnes. Mais cela n'a apparemment pas eu de grands effets sur les prix moyens de vente : le prix moyen à la première vente (au niveau des halles de l'ONP) a également baissé de quelques centimes, passant de 1,71 DH le kilo sur le premier tiers de l'année précédente à 1,68 DH. Selon Mohamed Tahiri, directeur du marché de gros de poisson de Casablanca, la variation paraît insignifiante, mais il faut la rapporter au tonnage pour en cerner l'ampleur. Le chinchard, espèce de substitution dont la production a augmenté de 2,5 %, se négociait en moyenne à 5,34 DH au lieu de 5,15 DH une année plus tôt. La crevette est épargnée par la déprime Pour les autres espèces très demandées, l'évolution des prix moyens à la première vente a bien eu une incidence sur la vente au détail. Le merlu est passé de 26,28 DH à 25 DH le kilo, le pageot de 62,74 à 54,10 DH, la sole de 27,43 à 26,59 DH et le calamar de 80,50 à 52,51 DH. Les volumes ont en revanche évolué en sens contraire (voir tableau), sauf pour le poulpe, dont 5 % des captures sont consommées localement, qui a vu son prix moyen s'effondrer en même temps que le volume (de 18 726 t à 14 579 t et de 44,30 DH à 29,60 DH). Naturellement, la grande différence entre les prix de la première vente et ceux du détail est due aux différentes charges et marges pratiquées par les intermédiaires qui s'accumulent tout au long de la chaîne. L'augmentation des captures de certaines espèces, somme toute modique, n'est pas à l'origine de la baisse des prix. On présume que celle-ci tient essentiellement à l'effondrement des cours à l'international qui a conduit les professionnels, tournés exclusivement vers l'export, à orienter leurs marchandises vers le marché intérieur. S'il est difficile de vérifier une telle hypothèse par les chiffres, les professionnels reconnaissent, en tout cas, qu'ils exportent moins. «Nombre de mes confrères ont renoncé à exporter car la demande de l'Union européenne, par exemple, est en net recul. Dès lors, rien ne sert de supporter des frais de transport que nous ne sommes pas sûrs de couvrir. Je peux même dire que nous assistons à un phénomène rare puisque certains opérateurs nationaux importent des crevettes royales congelées d'Espagne à 31 euros le kilo et s'en sortent avec un bénéfice puisque le produit de mer est vendu localement autour de 450 DH le kilo», explique Mourad Aboubi, pêcheur artisanal. Cette famille de produits est en réalité très demandée. Pour preuve, hormis le chinchard, la crevette rose est l'une des espèces dont les cours se sont vigoureusement appréciés au marché de gros de Casablanca. De 24,30 DH le kilo, ils sont montés à 32,84 DH.