L'étude stratégique qui sera finalisée à la fin juin définira les opportunités de développement du secteur en interne et à l'export. L'industrie pharmaceutique sera incluse dans le plan Emergence. 10% du chiffre d'affaires à l'export. 25% du chiffre d'affaires local seulement dans le générique. Menée par le cabinet Boston consulting group (BCG), l'étude stratégique du secteur pharmaceutique sera finalisée dans les prochains jours. Une fois remises à l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (Amip), les conclusions seront soumises pour examen et validation au ministère du commerce et de l'industrie. Commanditée par ce même ministère, l'association professionnelle, le ministère de la santé et l'Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise (Anpme), cette étude doit définir, explique Ali Sedrati, président de l'Amip, «les opportunités de développement du secteur pharmaceutique. Elle déterminera également les leviers de développement et les mécanismes devant être mis en place par les partenaires pour permettre une mise en valeur des opportunités de croissance» tant au niveau du marché local que pour les exportations. «L'étude aboutira à l'élaboration et la mise en place d'un plan directeur pour les dix prochaines années et qui permettra aux industriels d'avoir une visibilité sur les débouchés étrangers», précise le président de l'Amip. Pour ce dernier, l'export constitue aujourd'hui un enjeu d'une grande importance pour le secteur qui doit, après la finalisation de l'étude stratégique, figurer parmi les secteurs industriels prioritaires bénéficiant des mesures du plan Emergence.
Les médicaments marocains sont aussi vendus sur le marché américain C'est qu'aujourd'hui, selon l'Amip, les exportations marocaines de médicaments demeurent timides. D'après les statistiques officielles, elles représentent seulement 10% du chiffre d'affaires global de l'industrie pharmaceutique qui a atteint 10 milliards de DH en 2008. Les produits exportés, aussi bien par les laboratoires nationaux que les filiales de multinationales, sont essentiellement des génériques et le Maroc est, dit-on à l'Amip, de plus en plus perçu comme une plateforme d'exportation vers les pays africains et maghrébins. C'est pourquoi les laboratoires entreprennent de plus en plus d'actions de prospection dans ces pays. Dix laboratoires étaient d'ailleurs présents, du 3 au 6 juin, au Forum pharmaceutique qui s'est tenu à Abidjan. Outre l'Algérie, l'Irak, la Libye et autres pays d'Afrique subsaharienne comme le Sénégal, le Cameroun et le Burkina Faso, le secteur pharmaceutique exporte également aux Etats-Unis. On citera dans ce cadre le cas de Sothema qui a signé un contrat de représentation avec un laboratoire américain portant aussi bien sur le façonnage que sur l'exportation. Collyres, ampoules, insuline, génériques injectables y seront commercialisés sous les marques du laboratoire américain. Cinq fois moins chers que les produits locaux, les produits exportés par Sothema sont de ce fait compétitifs et n'ont pas de difficultés à se positionner sur ce marché. Le laboratoire a d'ailleurs fait ses preuves dans d'autres pays comme le Sénégal où il a opté pour l'implantation directe d'une unité de production avec un partenaire industriel local, ou encore l'Algérie où un projet d'implantation est sérieusement envisagé. Globalement, et en dehors du cas Sothema, nombre de laboratoires jouent la carte de l'exportation notamment les producteurs de génériques qui tentent de rentabiliser les investissements dernièrement réalisés pour la fabrication de ce type de produits, et de compenser la faible pénétration des génériques sur le marché local. Aujourd'hui, selon les derniers chiffres du ministère de la santé, les génériques représentent 25% du marché. Une part que les industriels jugent insuffisante et souhaitent porter à 70%. Ce qui est possible, disent-ils, étant donné le niveau de prix des génériques mais ils sont conscients que des mesures d'accompagnement sont nécessaires pour booster les ventes. Parmi les mesures citées, on retiendra l'application pour les pharmaciens d'une marge dégressive de 30% sur les génériques et 10% sur les princeps, la perte du tiers payant pour les patients refusant l'achat de génériques ou encore des sanctions disciplinaires à l'encontre des médecins ne prescrivant pas de génériques. Mais, au-delà, l'industrie pharmaceutique restera tributaire aussi du niveau d'accès de la population aux soins et aux médicaments. Or, comme le prouvent les chiffres, il y a encore du chemin à faire : aujourd'hui la dépense en médicament au Maroc est encore faible, à peine 300 DH par personne et par an.