Les filières les plus touchées sont les agrumes avec 16% de baisse et les légumes frais avec 63,5% de recette en moins. Les produits alimentaires représentent 20% des exportations globales. Les derniers chiffres du commerce extérieur relatifs aux 4 premiers mois de l'année que vient de publier l'Office des changes viennent confirmer ce que les industriels affirmaient depuis un mois déjà. 2009 est une année qu'il faudra oublier très rapidement. Globalement, les exportations ont reculé de 30,7%, comparativement à l'égale période de 2008, à 36,3 milliards de DH. Hormis les produits énergétiques et les produits finis à la consommation, tous les autres groupes sont en baisse. Et ce sont les produits alimentaires représentant environ 20% des exportations globales qui ont été les plus éprouvés, totalisant des recettes d'à peine 7,7 milliards de DH contre 11,2 milliards à fin avril 2008, soit une chute de 31,3%. Cette évolution négative tient essentiellement à la mauvaise performance de la conserve de poisson, des agrumes et des légumes frais. Des craintes d'impayés sur le marché russe Les exportations de poisson en conserve ont effectivement reculé de 9,1% à 1,44 milliard de DH. En volume, les expéditions, constituées à 95% de conserves de sardines, sont tombées de 53 900 à 43 900 tonnes, soit 18,6% en moins. Cela est justifié, selon l'Union des industries de la conserve de poisson (Unicop), par la baisse de la demande européenne et à l'insuffisance des approvisionnements en matières premières. L'association indique à ce propos que les captures ont fléchi de 10% depuis janvier 2009 par rapport à la même période de l'année précédente. On n'a guère fait mieux avec les crustacés, mollusques et coquillages dont les volumes ont fondu de 10 tonnes à 32,8 et la valeur de 2,55 milliards de DH à 1,44 milliard. En ce qui concerne les agrumes, les exportations ont atteint, à la fin avril, 214 200 tonnes contre 311 700 tonnes pour la même période de l'exercice antérieur. En plus de l'atonie de la demande européenne qui plombe d'ailleurs toutes les filières, les opérateurs ont subi de plein fouet les perturbations climatiques de l'hiver, en particulier la forte pluviométrie qui a provoqué l'inondation de 6 000 ha de verger dans le Gharb. Au total, ce sont pas moins de 60 000 tonnes d'agrumes qui ont été perdues. En outre, la baisse des températures a bloqué l'évolution du calibre des fruits dans certaines régions du pays (Béni-Mellal, Marrakech et Taroudant) ce qui fait que les fruits ne répondent plus aux normes d'exportation. A l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc (ASPAM), on souligne que les prévisions d'exportation pour la campagne 2008-2009 ont été revues à la baisse, passant de 650 000 à 475 000 tonnes, soit 27 % de moins. La répartition par marché des exportations d'agrumes révèle un recul de 15 % de la demande sur les marchés européen et russe. Les exportateurs ont été contraints de réduire la cadence des expéditions qui sont aujourd'hui de l'ordre de 15 000 tonnes par semaine. Sur le marché russe, la baisse des exportations est essentiellement due à la dépréciation de la monnaie et à la limitation des crédits accordés aux importateurs. «Nous n'avons pas voulu donc prendre de risques sur ce marché surtout que le niveau de garantie accordée par la Société marocaine d'assurance à l'exportation (Smaex), 30%, est insuffisant», dit-on à l'ASPAM. Cette tendance à la baisse est confirmée en mai, d'après les statistiques de l'Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE). Alors qu'on est quasiment en fin de campagne, les expéditions d'agrumes ont porté sur 473 295 tonnes, soit 16% de moins qu'en 2008. Cette contre-performance peut être imputé en grande partie aux oranges en chute de 37% à 172 50 tonnes. Les légumes frais ne sont pas épargnés par la mauvaise conjoncture. D'après les statistiques de l'Office des changes, la valeur des exportations a fondu de 63,5% par rapport à la même période de l'année dernière, à 390 MDH pour un volume qui est passé de 128 500 tonnes en avril 2008 à 42 000 à l'égale période 2009. Et le cas le plus significatif est celui de la pomme de terre dont le volume des exportations a été divisé par 10. Et ce sont, une fois encore, les aléas climatiques qui expliquent ce recul.