Licence en mathématiques, DEA en mathématiques appliquées aux sciences économiques et DEA en statistiques : il a toujours eu la bosse des maths. Entré à la BMCE en 1994, il aura été parmi les architectes de l'émergence de la banque d'affaires BMCE capital. Fin 2008, il démissionne pour se lancer à son propre compte, avant de se voir nommé DG du CDVM. Il y a une vingtaine d'années, le mathématicien ou le physicien marocains n'avaient d'autres débouchés que l'enseignement ou la recherche, tout comme l'ingénieur ne recevait de vraies offres d'emploi durables que de la part de l'Etat. Puis, banquiers, assureurs et même des investisseurs privés nationaux ont commencé à comprendre ce que pouvaient leur apporter ces profils pointus en matière de gestion. Homme discret qui donne l'air d'un scientifique préférant son laboratoire aux sorties médiatiques, Hassan Boulaknadal, qui vient d'être nommé DG du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM), est de ceux dont la carrière a été influencée par cette ouverture. Né à Kénitra en 1967, il est le sixième enfant d'une famille qui en compte huit. Son esprit de rigueur, il le doit sûrement, dit-il, à son père cheminot. Dans sa famille, le travail a toujours été une valeur centrale et la sacralité des études ne se discutait pas. Il a géré de gros dossiers pour BMCE Capital et pour l'Asfim Hassan Boulaknadal a la bosse des maths très tôt et, naturellement, c'est un Bac maths avec mention assez bien qui sanctionnera ses études secondaires en 1987. Faute de moyens, il renonce à aller en France et s'inscrit à l'Université Hassan II de Rabat pour une licence en mathématiques appliquées. Mais une fois son diplôme en poche, en 1991, il part à l'Université Dauphine pour préparer un premier DEA en mathématiques appliquées aux sciences économiques. Puis il choisit d'en faire un deuxième en statistiques, probabilités et informatique à l'Université de Rouen. Un moment enseignant vacataire, il décide de rentrer au Maroc en 1994, dès qu'il termine ses stages. C'est alors qu'il est recruté par BMCE Bank à une époque où le secteur financier avait commencé à faire sa mue. Il entame alors une brillante carrière qui commence par son intégration dans un petit noyau qui va préparer l'entrée de la banque dans le tout nouveau métier des produits boursiers dans le strict respect de la toute nouvelle loi bancaire. Directeur adjoint de la société de gestion du portefeuille du groupe BMCE Bank, il met en place l'organisation du département de gestion administrative et comptable des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). Cinq ans après avoir rejoint la banque, Hassan Boulaknadal est nommé administrateur directeur général de BMCE capital gestion, une des principales sociétés de gestion d'OPCVM et veillera à ce qu'elle soit aux normes internationales. La moyenne des actifs de gestion est de l'ordre de 20 milliards de DH par an. La structure sera si bien rodée qu'elle sera notée «AM2 excellent» par l'Agence internationale Fitch ratings. Et à partir de 2004, Hassan Boulaknadal cumulera son poste avec celui de membre du directoire et celui de secrétaire général de BMCE capital. Il sera aussi choisi par ses pairs pour présider l'Association des sociétés de gestion et fonds d'investissement du Maroc (Asfim). Pour le compte de la banque d'affaires, Hassan Bouaknadal gère de grands dossiers comme la certification de la salle de marchés et du pôle support (juridique et RH…), la mise en place du système d'information et la création d'un intranet interactif. Au niveau de l'Asfim, il s'occupe aussi bien des relations avec le ministère des finances que de celles avec Bank Al Maghrib pour améliorer les standards du marché des taux tout en assurant une veille réglementaire en matière de cadre organisationnel. Il promet une étroite collaboration avec les sociétés de Bourse Au fil du temps, il acquiert la maîtrise des techniques financières aussi bien sur le marché des taux (marchés monétaire et secondaire…) que sur celui des actions (évaluation, négociation..) ou le reste des métiers que sont la gestion privée, le capital risque ou encore la titrisation. Un sans-faute jusque-là. Pourtant, Hassan Bloulaknadal quitte la BMCE fin 2008, après 15 ans de collaboration. Il ne veut pas s'attarder sur les raisons de son départ et invoque une envie pressante de s'installer à son propre compte. Mais alors qu'il réfléchissait sur les opportunités à saisir qu'il est appelé à diriger le CDVM dans un contexte difficile. Le gendarme de la Bourse qui compte un effectif de 80 personnes, tous des profils de haut niveau, n'a pas en effet été épargné par les critiques, suite aux problèmes qu'a connus la Bourse de Casablanca en 2008. Il lui faudra donc faire revenir la confiance. Parmi les principaux dossiers sur la table, la refonte du statut car tout régulateur doit aller dans le sens d'une autonomie. Il s'agira aussi d'affiner la veille réglementaire. Tout cela, insiste Hassan Boulaknadal, en étroite association avec les professionnels (les 17 sociétés de Bourse et 13 sociétés de gestion d'actifs). «Il s'agit d'un domaine à la fois récent pour nous mais où les choses évoluent à grande vitesse», explique-t-il. Bref, toutes les bonnes idées seront les bienvenues.