Les gens n'ont pas eu le temps de supputer bien longtemps. Les mauvaises langues surtout. On lui prédisait déjà un anonymat certain, à l'image de plusieurs DG d'établissements publics qui, par la force des choses, ont dû quitter leur poste. Sa «traversée du désert» n'aura pas duré bien longtemps. Moins d'un mois exactement. En effet, le samedi 6 février 2016, Hassan Boulaknadal a été remplacé par Nezha Hayat à la tête du Conseil déontologique des valeurs mobilières, devenu l'Autorité marocaine du marché des capitaux. Le vendredi 4 mars, il est officiellement nommé nouveau directeur de l'Office des changes, dont l'intérim était assuré, jusque-là, par Driss Bencheikh après que Jawad Hamri a fait valoir ses droits à la retraite. Ceux qui voyaient en son départ du CDVM une «sanction» ont vite déchanté. Les plumes braillardes, également, se sont tues. Car, pour une «sanction», c'en est une belle. Un joli rebond en fait pour ce scientifique adepte des chiffres, titulaire d'un diplôme d'études approfondies (DEA) en mathématiques appliquées aux sciences économiques (Université Paris IX Dauphine/ENSEA) et d'un DEA en statistiques, probabilité et informatique de l'Université de Rouen. Gagne-t-il au change ? Bien évidemment, parce qu'il occupe un poste tout aussi prestigieux, sinon plus. Un poste de prestige donc, mais surtout synonyme de challenges importants. Car Boulakanadal se retrouve, en effet, à la tête d'un établissement à la mission hautement stratégique dans le paysage économique et financier, particulièrement dans un contexte où la politique de change au Maroc est l'objet de moult débats. En prenant ses quartiers, mardi, dans ses nouveaux bureaux à Rabat, le ministre de l'Economie et des Finances le lui a d'ailleurs subtilement rappelé. «L'Office des changes est appelé à jouer un rôle primordial dans le passage d'un régime de change fixe à un régime de change flottant», dixit Mohamed Boussaid. Un message transparent pour qui sait écouter. Un chantier parmi d'autres que le nouveau patron de l'Office est amené à conduire à bon port, à côté notamment de la simplification et de la clarification des procédures juridiques pour les opérateurs économiques, mais surtout la modernisation des textes en vue de les adapter à la réalité économique actuelle du Royaume. Un costume taillé à sa mesure ? Le temps nous le dira. Il a, en tout cas, pris la mesure de ses missions et l'expertise qu'il a acquise tout au long de ces années sur le marché financier (CDVM, BMCE Capital Gestion, BMCE Capital...) incite à le créditer d'un préjugé favorable.