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Exercer son autorité sans étouffer les collaborateurs : c'est possible
Publié dans La Vie éco le 13 - 02 - 2009

Exercer l'autorité c'est réguler les relations, arbitrer quand c'est nécessaire ou encore fédérer
une équipe
autour d'un objectif commun.
Eviter les propos flous, rester à l'écoute…,
des principes
de base pour l'exercer sans conflit.
Toute sanction doit être proportionnelle à la faute.
Dans l'entreprise comme en dehors, on pense souvent que l'autorité est déterminée par l'hiérarchie. Or, il existe l'autorité naturelle. Celle qui est octroyée par la compétence, la probité ou le regard des autres, qu'ils soient des collaborateurs, des confrères ou des concitoyens. Quoi qu'il en soit, il en faut pour gérer une organisation.
«Dans l'entreprise, l'autorité permet de réguler les relations et arbitrer quand c'est nécessaire. Mais encore plus, l'autorité a une vertu principale qui est celle de fédérer une équipe autour d'un objectif commun», explique Mohcine Ayouche, coach et directeur du cabinet BMH Coach.
Pour asseoir son autorité, la première chose à faire est de fixer des règles claires dès le début. «Il s'agit des limites à ne pas dépasser, ce qui est négociable ou pas», précise Mohammed El Yousfi, DG du cabinet LMM QSE spécialisé dans la mise en place du système de qualité. Elles doivent donc être simples pour être crédibles.
«La majorité des problèmes se règlent par la rigueur et la compréhension des règles internes. Le reste relève de la forme des relations», acquiesce le DG du cabinet BMH Coach. Karim El Ibrahimi, DG du cabinet RMS, le dit autrement : «Une autorité efficace et juste développe chez les collaborateurs une confiance en eux». Ce qui signifie que le collaborateur pourrait donner le meilleur de lui-même s'il évoluait dans un cadre de travail où il se sent en sécurité.
Pas simple donc de s'imposer, notamment eu égard à la diversité des personnalités qui se côtoient dans une entreprise. C'est encore plus compliqué lorsqu'on prend en charge une nouvelle équipe et surtout si le climat social est défavorable : réticences au changement, revendications sociales, rivalités entre collaborateurs, équipe démotivée…
Dans ce cas, les premiers contacts sont souvent essentiels. Un rapport de force dès le départ ne fera que compliquer la mission. «Le manager doit se garder de prendre des décisions brutales, tout en évitant de céder aux pressions dès les premiers instants», souligne M. Ayouche.
Plutôt que de rentrer dans la gestion des conflits, il faudra s'employer à se faire des alliés. Les proches collaborateurs constituent les principaux appuis dont il va falloir gagner la confiance. Grâce aux informations recueillies sur les attentes et les interrogations des salariés, le patron pourra comprendre les causes des résistances pour agir progressivement et efficacement.
La faire accepter plutôt que de la faire subir
En définitive, l'autorité doit reposer sur un dosage entre fermeté et souplesse avec, cependant, un impératif : tenir des discours clairs et directs. Les non-dits et les propos flous sont les pires ennemis de l'autorité. «J'attends toujours d'un collaborateur ou même d'un partenaire externe un minimum de respect des principes admis comme la ponctualité ou le respect des délais. Ce n'est qu'ensuite que la concertation peut prendre toute sa place. Chaque décision est alors discutée au cours d'une réunion», précise le DG de LMM QSE.
Asseoir son autorité c'est aussi assumer ses décisions. Des fois, on est appelé à trancher dans le vif du fait que les tergiversations peuvent générer des conséquences graves. L'absence de décision peut être la source d'une crise grave.
Reste qu'il est également bon de partager sa parcelle de pouvoir. «Dans mon quotidien, j'essaie de responsabiliser le plus. Pour autant, j'exige un droit de regard sur l'état d'avancement des projets», note M. El Ibrahimi. A l'évidence, la notion d'autorité comme moyen de diriger une équipe ne se fait l'objet d'aucune contestation, c'est seulement la manière de l'exercer qui diffère. Mais toutes les personnes interrogées mettent en garde contre l'amalgame entre autorité et autoritarisme. Cette dernière attitude est davantage liée au manque de confiance en soi ou à l'incompétence. A trop forcer dessus, on risque de créer des conflits, sachant qu'à un certain moment, les gens auront tendance à se rebeller. Ne voit-on pas souvent des salariés en grève pointer du doigt le caractère difficile de leur patron, exiger le respect et la concertation sur certains dossiers ?
Pour beaucoup de spécialistes, la question d'assumer ou non ses points faibles constitue un autre point important. «La question que doit se poser un manager est celle de savoir comment il agit avec son entourage mais pas comment l'entourage doit agir avec lui», commente M. Ayouche.
Toujours est-il que l'autorité n'existe pas sans pouvoir de sanction. Alors quelle sanction appliquer en cas de faute ? «Quand il y a un reproche à formuler, j'aime bien le faire dans une ambiance sereine. Je pense aussi qu'il y a des limites à l'autorité : c'est de ne pas verser dans l'agressivité», fait savoir Mohammed El Yousfi. La sanction juste est d'abord à la mesure de l'écart professionnel reproché. Des preuves sont donc indispensables. Ensuite, «il faut rester cohérent et maîtriser ses humeurs», conseille M. El Yousfi.
Même son de cloche du côté de M. Ayouche qui ajoute que l'autorité efficace est celle qui favorise la confrontation constructive fondée sur la liberté de parole et de dire non. Preuve à l'appui, une enquête chiffrée dans un groupe pharmaceutique international a démontré que dans les structures et les équipes qui favorisaient la confrontation, indépendamment des positions hiérarchiques des différentes autorités, la productivité et la performance augmentaient concrètement de 40 % !


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