Trop de pression, des objectifs difficiles à atteindre, des conflits personnels récurrents font du travail un chemin de croix. La performance est d'abord une question de motivation. Il faut communiquer et responsabiliser pour maintenir l'enthousiasme des collaborateurs. De nombreux salariés ont du mal à aller travailler, chaque matin, en raison du climat délétère qui règne dans leur entreprise. Coups de gueule incessants du patron, collègues peu coopératifs, objectifs toujours plus élevés…, les causes du désinvestissement sont nombreuses. «Je m'ennuie à mourir dans mon travail, sans doute comme les trois quarts de la planète !», lance Ahmed, 42 ans, directeur financier dans une grande entreprise de carrelage de la banlieue de Casablanca. Son salaire élevé ne suffit plus à le motiver. Pour cet homme qui passe sa journée à éplucher les comptes de la société, le désintérêt est là, au quotidien. Le paroxysme est atteint durant les réunions : «Personne n'écoute personne, chacun restant braqué sur ses préoccupations personnelles. Alors, je fais comme tout le monde : je participe à l'ennui général en parlant de moi dont tout le monde "se fout"». Combien, à l'image de ce directeur financier, s'ennuient profondément au travail ? Et combien ont fini par accepter l'idée de s'ennuyer durant toute leur vie active ? La motivation est une affaire collective Parfois, un simple détail peut affecter le moral. Une simple panne d'ordinateur que le service informatique met des heures à réparer et voilà la personne complètement perturbée. Le fait de se voir imposer de petites restrictions, par exemple sur les déplacements, peut vous mettre le moral en berne. Certes, il n'a jamais été dit que l'on doit aller au travail pour «s'éclater» ; même les artistes, qui gèrent leur emploi du temps à leur guise, ont des coups de blues. Mais, dans nombre d'entreprises, on pourrait améliorer grandement les choses. Disons-le clairement : pas de performancesans motivation. Celle-ci est au coeur de la vie professionnelle. Pour ce dirigeant d'entreprise, «la motivation et la démotivation sont comme des "maladies contagieuses". C'est avant tout une affaire collective. On peut donc supposer qu'en période économique morose la démotivation fait boule de neige». Pour certains observateurs, l'intensification du travail et la pression permanente des objectifs sont parmi les principales causes du mal-être des salariés. Pour Ghita Mseffer, l'explication peut être ailleurs. «Lorsqu'on écoute les salariés parler de leurs souffrances, on se rend rapidement compte qu'il s'agit moins de l'augmentation de la charge de travail, mais bien plus de la multiplication des problèmes que chacun est appelé à régler, avec le sentiment d'être seul, sans soutien et sans moyens. Les gens nous confient à quel point ils souffrent du manque de moyens qui les pousse à faire un travail sans qualité, ce qui les démotive», précise-t-elle. Comment, dans ces conditions, rendre le travail plus attractif ? Pour certains managers, la thérapie est affaire de prévention. La priorité des priorités est de tenir les collaborateurs autant que possible informés du quotidien de l'entreprise et des projets en cours. Bref, la communication et le dialogue sont les piliers d'une te stratégie de prévention. Mais il y a également des outils de veille. A cet égard, les enquêtes de climat social constituent un des meilleurs moyens pour jauger le moral des collaborateurs. Pour sa part, Karim Berrada, DG d'une agence de communication, donne cette analyse : «En matière de motivation, les managers doivent prendre en compte deux éléments. Ils doivent se pencher sur leur propre niveau de motivation et sur celui de leurs collaborateurs. Les deux aspects sont étroitement liés. Un manager démotivé étant bien souvent un manager démotivant. Pour autant, un manager motivé n'est pas systématiquement motivant pour ses collaborateurs. Pour ma part, je me focalise principalement sur le profil de chacun, j'essaie de savoir ce qui le motive ou le démotive… Le plus souvent, c'est lors des évaluations périodiques que je jauge le moral des collaborateurs». De manière solennelle ou informelle, sachez remercier en fonction de la personnalité de chacun En cas de problème, sachez trouver les mots qu'il faut pour remettre en selle une équipe. «Un discours crédible est un discours cohérent. On ne coupe court aux rumeurs que si l'on entend tous le même son de cloche», ajoute M. Berrada. La motivation passe également par la responsabilisation. Elle permet de donner aux collaborateurs une capacité de décision dans un champ d'action précis. Cette capacité de décision offre à l'équipe des motifs supplémentaires de satisfaction si les objectifs sont atteints. Et si, par exemple, des entreprises sont plus motivantes que d'autres, c'est parce qu'en leur sein, les valeurs et la culture sont bien partagées. Quant à l'aspect pécuniaire, il est souvent déterminant mais insuffisant. Ce n'est pas pour rien que des entreprises, surtout les plus organisées, optent de plus en plus pour des plans de carrière personnalisés (formation, gestion de projet, promotion, coaching…). La motivation passe aussi par la reconnaissance. «La meilleure manière de rassurer est d'être honnête. Il faut avoir pour principe de récompenser les faits, pas les personnes», souligne Aziz Taib, responsable RH dans un groupe industriel. Parfois, un simple compliment ou une tape amicale dans le dos sont un signe de reconnaissance. Mais il faut savoir s'adapter à chaque personne. Certains salariés ont besoin de recevoir des compliments avec tambours et trompettes pour être motivés. D'autres, au contraire, sont embarrassés par des compliments trop marqués.