Le renforcement des pilliers de l'Etat social se poursuit. Des mesures pour le soutien du pouvoir d'achat sont également prévues. L'emploi et l'investissement comme cheval de bataille dans le premier PLF du gouvernement. Le projet de Loi de finances pour l'année 2023 a été présenté, jeudi, devant les deux Chambres du Parlement par la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui. Le PLF 2023 a été validé en Conseil du gouvernement la veille, alors que ses grandes lignées avaient été adoptées lors du Conseil des ministres tenu mardi. En termes d'agenda, le gouvernement est dans les délais. Il s'agit, soulignons-le encore une fois, du premier projet de Loi de finances préparé par le gouvernement de A à Z. C'est donc tout à fait normal qu'il porte ses marques. Et l'une de ces marques justement réside dans les mesures à même de consolider l'Etat social. Cela sans oublier bien évidemment la poursuite de la relance économique et le bond en avant qu'il compte donner à l'investissement. La première année du mandat du gouvernement lui aura servi comme un exercice en termes de gymnastique budgétaire. Un exercice difficile d'ailleurs, puisqu'il a eu la très mauvaise surprise de commencer son mandat avec, en plus des effets de la double crise Covid-19 et la guerre en Ukraine, une année de sécheresse sans précédent. Manifestement, la leçon est retenue. Ainsi, malgré la persistance d'une conjoncture difficile, le gouvernement tient au renforcement de l'Etat social et y met les moyens. Il va ainsi mobiliser 9,5 MMDH pour permettre à quatre millions de familles en situation de vulnérabilité de bénéficier de l'AMO. En parallèle, une rallonge budgétaire de 4,6 MMDH sera accordée au ministère de la Santé. Le budget total consacré à l'AMO et au ministère atteint ainsi le chiffre de 28 MMDH. Entre autres mesures prévues dans ce sens, le gouvernement compte créer 5 500 postes budgétaires pour combler le déficit des ressources humaines dans le secteur. Budget de l'enseignement, 6% du PIB L'enseignement, l'autre pilier de l'Etat social, bénéficiera lui aussi d'une rallonge de 6,5 MMDH, le budget du ministère sera ainsi porté à 69 MMDH. Cela représente, soit dit en passant, près de 6% du PIB. Ce n'est pas peu, mais c'est nécessaire pour une école publique de qualité. Le gouvernement consacre 2 MMDH pour l'accélération de la généralisation de l'enseignement préscolaire. C'est par là où tout commence. Côté ressources humaines, 20000 postes budgétaires sont prévus. Comme on s'y attendait tous, le PLF 2023 va refléter les termes de l'accord social signé le 30 avril. Dans ce cadre, le gouvernement prévoit un budget de 4 MMDH pour la revalorisation des salaires dans les secteurs de la santé, de l'enseignement et de l'enseignement supérieur. A cela s'ajoutent quelque 2,4 MMDH sous forme d'abattements et de réaménagements fiscaux au profit des salariés et des retraités de la classe moyenne. S'agissant de l'emploi, le gouvernement maintient les programmes Awrach, Forsa et Intelaka. 2,25 MMDH sont ainsi programmés pour Awrach alors que le programme Forsa, qui sera reconduit comme prévu, absorbera une enveloppe de 1,25 MMDH. Tout en restant dans l'emploi, le PLF 2023 prévoit 48 212 postes budgétaires, soit 4 352 de plus que l'exercice précédent. Le gouvernement continuera, par ailleurs, de soutenir le pouvoir d'achat. Pour ce fait, la Caisse de compensation continuera à assumer pleinement son rôle. Il lui sera consacré un budget de 26 MMDH. La reprise économique qui a été observée durant les huit premiers mois de l'année s'est confirmée et continuera sur la même tendance durant le reste de l'année. Allègement de la pression fiscale et recours aux financements innovants Evidemment, la thématique de l'investissement sera retenue comme trame de fond du PLF 2023. Entre autres mesures prévues, une dotation supplémentaire de 3,3 MMDH pour la mise en œuvre de la Charte de l'investissement et de la concrétisation des engagements du gouvernement dans le cadre du soutien de l'investissement industriel. Sont particulièrement ciblées les PME, ainsi que les entreprises marocaines ayant des ambitions de développement à l'international. Le Fonds Mohammed VI pour l'investissement sera opérationnal au cours de l'exercice 2023 et globalement l'investissement public sera porté à 300 MMDH, soit une enveloppe supplémentaire de 55 MMDH. Comme il a été annoncé, l'investissement public sera orienté vers les projets d'infrastructures et les stratégies sectorielles ambitieuses, pour renforcer la compétitivité du produit national et la souveraineté nationale alimentaire, sanitaire et énergétique. Cela dit, tenant en compte le rôle du système fiscal pour atteindre les objectifs tracés en matière de relance économique, les dispositions de la loi-cadre relative à la réforme fiscale seront mises en œuvre. Cela aura pour effet d'offrir plus de visibilité aux acteurs économiques, à travers une réforme globale de l'impôt sur les sociétés et des secteurs bancaire et des assurances, parallèlement à l'allègement de la pression fiscale sur les salariés et les retraités de la classe moyenne. Le gouvernement va également poursuivre la mise en œuvre de la régionalisation avancée et la résorption des inégalités territoriales avec un budget global de 16 MMDH. Cela rentre dans le cadre de la consécration de l'équité territoriale. Dans la même lignée de réformes, une nouvelle stratégie de digitalisation de l'Administration sera lancée au titre de l'exercice 2023, une dotation de 1MMDH lui sera consacrée. C'est la concrétisation de la volonté du gouvernement d'accélérer la réforme de l'Administration et le processus de transition numérique. Le gouvernement poursuivra ses efforts pour la gestion de la rareté de l'eau. A cet effet, un budget de 10,6 MMDH sera débloqué au titre de l'année prochaine contre 5 MMDH pour l'exercice en cours. Dans ce cadre, l'Etat consacrera un budget de 1,5 MMDH comme participation au financement de la construction des stations de dessalement de l'eau de mer. Un budget de 2,9 MMDH sera dédié à la construction de barrages, grands et moyens. Notons que lors de la présentation des grandes lignes du PLF en Conseil des ministres, il a été question également de rétablissement des marges budgétaires pour assurer la pérennité des réformes. Cela en mobilisant toutes les ressources financières possibles, notamment à travers un meilleur recouvrement des impôts. Les ressources fiscales et douanières ainsi mobilisées devraient connaître une hausse de 14,5%. Il sera, de même, question d'adoption de mécanismes de financement innovants, de rationalisation des dépenses de fonctionnement de l'Administration et, entre autres, de la mise en œuvre de la réforme relative aux marchés publics.