Le Maroc a totalisé 58 408 nouvelles entreprises contre 10 556 défaillances. Les créations sont qualifiées plutôt de subsistance que d'innovation. Les sociétés déficientes sont encore faiblement averties des différentes mesures préventives existantes. La création d'entreprises n'a jamais été aussi dynamique au Maroc, en période de crise, selon une récente étude d'Inforisk. En 2021, ce sont 58 408 entreprises qui ont été créées, en hausse de 30% par rapport à 2020. Ce qui dénote d'un fort dynamisme entrepreneurial avec un taux de croissance de 52% entre 2018 et 2021 contre 7% pour la Tunisie. Ainsi, le Maroc représente 69% des créations d'entreprises au Maghreb en 2020, contre 19% pour la Tunisie et 13% pour l'Algérie. Presque la totalité de ces nouvelles entreprises créées (99,48%) ont porté le statut de SARL, avec un capital social médian de 100 000 DH ; le reste, soit 0,27%, a été établi en société anonyme et 0,25% a porté d'autres statuts. Sans surprise, la région du Grand Casablanca a accaparé 26% des nouvelles créations avec près de 14 000 seulement, suivie de Tanger-Tétouan avec 12%. Les régions de Rabat et Marrakech ont concentré 11% chacune. Ce dynamisme revient vraisemblablement à un changement de paradigme dans la façon de vivre et d'assurer des revenus. «Comme 2020 était une année très difficile, avec des pertes d'emplois, des baisses de salaires..., plusieurs salariés se sont tournés vers l'entrepreneuriat», estime Amine Diouri, directeur études et communication à Inforisk. Sauf qu'une nuance est à mettre en relief, «il ne s'agit pas de création d'entreprises dans des business innovants. C'est plutôt des créations de subsistance, dont l'objectif est d'assurer des revenus plus ou moins stables, puisque la conjoncture en 2021 ne donnait pas forcément des signes d'amélioration», ajoute M.Diouri. D'ailleurs, d'après la même étude, le commerce centralise plus de 30% des créations d'entreprises, suivi par le BTP (16%), l'immobilier (19%) et le transport (11%). Il est clair que la crise sanitaire n'a pas forcément fait émerger de nouveaux business, puisqu'il s'agit essentiellement de créations de résilience. Toutefois, notre source fait remarquer que l'activité transport de marchandises a repris plus fortement que la moyenne, avec une part de 12%. Ce qui est à retenir également, c'est que le secteur de la promotion immobilière continue à attirer. Il a réuni une part de 8%, en dépit de la léthargie qui le caractérise, depuis bien avant la pandémie. Si les créations d'entreprises ont affiché une forte augmentation, les défaillances, elles, ont connu le même sort. En effet, après la forte baisse constatée en 2020, de 21% à 6655 entreprises déficientes, les défaillances ont plongé, avec une aggravation de 59% à 10 556 entreprises. Rappelons que les statistiques de 2020 sont à prendre avec des pincettes, puisque les tribunaux de commerce étaient fermés sous l'effet du confinement pendant plusieurs mois. Par rapport à 2019, la progression des défaillances est de 25%. Entre 2018 et 2019, années normatives, les défaillances ont augmenté de 5% seulement. Cette hausse s'explique par le contexte sanitaire, certes, qui a eu des effets défavorables tant sur l'activité que le chiffre d'affaires, mais aussi par l'arrêt des aides généralisées de l'Etat, sous forme de crédits garantis (Damane et relance), ou d'indemnités CNSS... Néanmoins, l'étude fait remarquer que les défaillances d'entreprises ont continué de baisser en 2021 dans les pays étrangers, comme la France, malgré la poursuite des aides étatiques. Il est à signaler aussi que certains facteurs structurels ont contribué à aggraver la situation des entreprises et à les impacter négativement. C'est le cas de la problématique des délais de paiement qui s'est accentuée entre 2020 et 2021. En tout cas, ces défaillances ont concerné les entreprises dont l'ancienneté moyenne est de 7 ans et ont touché dans leur majorité les TPE avec 99,5% et 0,5% de PME. D'autant que la liquidation judiciaire est le moyen le plus utilisé, pour déclarer une défaillance avec une part de 99,6%. Les mesures de sauvegarde, elles, n'ont concerné que 0,3% des entreprises. Ce qui montre que les entreprises sont encore faiblement averties des différentes mesures préventives existantes. Par ailleurs, il est un constat à émettre : les mêmes secteurs d'activité ressortent dans l'étude, que ce soit pour les créations ou pour les défaillances. Ainsi, les activités qui ont dominé les défaillances restent le commerce avec 33%, l'immobilier avec 21%, le BTP avec 15% et le transport avec 8%. «Pendant l'année dernière, une hausse des défaillances est constatée dans des activités comme la location de véhicules ou encore la distribution de parfum. Ce qui n'était pas le cas avant la crise», fait remarquer M.Diouri. Comme attendu, 29% des défaillances ont concerné la région de Casablanca, Rabat 12%, Marrakech-Tensift et Tanger-Tetouan 10%. A côté de ces 10 556 défaillances officielles, près de 95 000 sociétés, soit 14% du total des entreprises, sont officieusement en sommeil. Pour conclure, en 2021, le ratio créations/défaillances s'est établi à 5,5. Autrement dit, toute société défaillante a été compensée par la création de 5,5 autres. Ce ratio s'est affiché à 6,7 en 2020, 4,8 en 2019 et 5,7 en 2018.