Le grand virage que prendra le Maroc pour les 15 prochaines années dans le cadre du Nouveau modèle de développement nécessitera des révisions en profondeur dont quelques-unes sont d'ailleurs déjà enclenchées. Certaines d'entre elles porteront sur des réformes longues et de nature très diverses. Sur le plan institutionnel, les 15 prochaines années devraient en toute logique voir émerger un acteur central qui est la Région appelée à devenir le principal moteur du développement territorial dans une optique de rééquilibrage spatial de la croissance économique et de ses effets induits. Sur le plan économique, aussi bien macro que micro, la transformation industrielle avec la nouvelle logique de souveraineté, la stratégie agricole de nouvelle génération ou encore la refonte fiscale, en plus d'autres plans sectoriels à venir, constitueront la colonne vertébrale pour réinventer le tissu économique et productif et le préparer aux nouvelles donnes de l'économie mondiale.Enfin, et pour accompagner l'institutionnel et l'économique, des réformes d'ordre social et sociétal, comme la santé, l'éducation, les retraites et les filets sociaux, seront décisives parce qu'elles touchent directement le facteur humain sans lequel rien ne pourra se réaliser. Mais comme le temps ne peut pas être arrêté, la conjoncture et ses impondérables imposent, en plus de ces réformes structurelles et lourdes, que des réponses soient apportées ici et maintenant à des situations d'urgence et de détresse. C'est le cas d'un programme comme Awrach, du dispositif qui vient d'être lancé pour aider les agriculteurs à faire face à la sécheresse ou encore du programme destiné à réduire les disparités en milieu rural. Evidemment, tout cela suppose un effort colossal sur le plan financier, aussi bien de la part du secteur public et de l'Etat que du secteur privé qui, lui, est attendu sur l'investissement. Car, quand bien même l'effort public serait important, 245 milliards de DH pour cette année, la création d'emplois de manière pérenne se fait dans les secteurs de l'économie réelle et donc à travers l'investissement du secteur privé. Ce dernier est aujourd'hui à un niveau encore insuffisant, d'après les diagnostics, alors qu'il devrait représenter le double du volume investi par le public, soit, selon les chiffres actuels, quelque 500 milliards de DH. La nouvelle Charte d'investissement, présentée au Souverain cette semaine, est censée être le catalyseur de cette dynamique à condition, bien entendu, qu'elle fasse l'objet d'une bonne exécution, d'un suivi rigoureux sur le terrain et d'une évaluation minutieuse.