Sur le marché local, les prix de la pastèque vendue au détail sont très bas et varient entre 1 et 1,50 DH/kg. Un niveau que les professionnels jugent même excessivement bas, alors que la période coïncide avec la pleine récolte dans presque toutes les régions de production. La campagne d'intox dont le fruit a fait l'objet pourrait bien être orchestrée par une farouche concurrence étrangère. Un fruit omniprésent, un fruit que tout le monde aime et apprécie et un fruit qui a la cote, surtout en été, tant du point de vue du prix que de celui de la qualité. Mais il semble que cette année, la pauvre pastèque n'a pas été la bienvenue... Au marché, beaucoup ont été frappés par l'abondance de l'offre et la rareté de la demande... Des marchands qui, comme à l'accoutumée crient à pleine gorge, offrant un produit d'une qualité supérieure et rien qu'à un dirham le kilo, n'attirent plus les passants qui semblent bouder ces pauvres pastèques par une totale ignorance des crieurs... Approchant un vendeur, une dame apparemment étonnée par ce prix, lui demande pourquoi ça coûte si peu et si ce n'est pas à cause de la mauvaise qualité du fruit. Car, fait-elle remarquer, «en temps normal, vous auriez liquidé toute cette marchandise et vous seriez en ce moment en train de vous reposer à l'ombre de votre camionnette en comptant votre argent...». Le vendeur, la voix déjà enraillée par les cris, rétorque que sa marchandise n'a rien à se reprocher, et tend une grande tranche, bien juteuse à la dame, l'invitant à goûter et à en juger par elle-même... L'air douteux, la dame repousse son offre, sous prétexte qu'elle est diabétique mais ne s'empêche pas de poser une autre question sur ce qui fait que malgré ce prix les gens n'achètent pas... Là, et d'un ton amer, le vendeur répond : «Parce que, tout simplement, on leur a dit que nos pastèques contiennent du poison... On ne sait par qui ni d'où est sortie cette rumeur...», Marmonnant un «ouili, ouili» d'étonnement et de dégoût, la dame s'éloigne vite en disant «il n'y a pas de rumeur qui tienne, s'ils le disent c'est que c'est vrai... Faisons donc une croix sur la pastèque cette année»... L'air moqueur, le vendeur se met à rire en lui disant «de toute façon vous, vous n'avez rien à craindre, n'êtes-vous pas soi-disant diabétique...?», et il se remet à crier «Pastèque... Pastèque à un dirham le kilo...». Cette scène se répète de plusieurs manières ces derniers jours, ramenant la demande de ce fruit à son plus faible niveau que la normale et pour cause des craintes relatives aux résidus chimiques et semences OGM, en pleine campagne de récolte de ce fruit. Ce trend baissier des prix de la pastèque risque cependant de durer tout cet été. Sur le marché local, les prix de la pastèque vendue au détail sont très bas et varient entre 1 et 1,50 DH/kg. Un niveau que les professionnels jugent même excessivement bas, alors que la période coïncide avec la pleine récolte dans presque toutes les régions de production. Mais comment en-est-on arrivé là ? D'abord, une large vague d'information sur les résidus chimiques et l'utilisation de semences OGM a été derrière cette baisse phénoménale de la demande. La campagne d'intox dont le fruit a fait l'objet est bien orchestrée par une farouche concurrence étrangère. Mais qu'est-ce qui fait que certains boudent encore, et ne tiennent pas compte des assurances présentées officiellement par les autorités de contrôle, notamment l'ONSSA ? Officiellement, tout est clair... Face à cette situation qui risque de porter un coup à cette filière, le ministère de l'agriculture a réagi par un démenti catégorique, balayant toutes les rumeurs qui circulent concernant la qualité de la pastèque mise sur le marché. Le ministère a même rassuré que le fruit est parfaitement conforme aux normes de sécurité sanitaire des aliments. En effet, selon le ministère, «toutes les analyses effectuées démontrent une absence totale de contaminants de ce fruit (résidus de pesticides, métaux lourds et bactéries)», indique-t-il dans un communiqué. En dépit des démentis et explications présentés antérieurement et vu la persistance de quelques fausses informations totalement infondées et rumeurs à ce sujet, le ministère explique que les différentes analyses effectuées par l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), dans le cadre du plan de surveillance et de contrôle de la pastèque durant la campagne en cours (année 2021), ont révélé l'absence de contaminants dans ce fruit, en l'occurrence les résidus des pesticides, des métaux lourds (plomb et cadmium) et des bactéries (salmonelles et coliformes)». Relevant, de même, que les analyses ont montré que ce fruit est parfaitement conforme aux normes de sécurité sanitaire des aliments, le ministère a précisé «qu'au 20 juin 2021, un tonnage de 218 000 tonnes de pastèques a été exporté au cours de cette campagne, soit pratiquement le même tonnage que la campagne précédente à la même date, contrairement aux allégations faisant état d'une baisse des exportations due à la qualité du produit. Ces exportations ont été destinées principalement aux pays de l'Union Européenne. Par ailleurs, le système européen de surveillance n'a signalé aucune non-conformité sur la pastèque marocaine exportée durant les 5 dernières années». Et tout ce qui se dit sur les RS... Quant à tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux, le ministère relève que «les rumeurs partagées sur les réseaux sociaux au sujet de la nocivité de ce produit sont dangereuses, irresponsables et sans fondement et portent préjudice à la production de la culture de pastèque et aux agriculteurs». Et de rappeler que l'ONSSA met en œuvre annuellement des plans de surveillance et de contrôle des fruits et légumes, y compris la pastèque, qui consistent notamment en la recherche de résidus de pesticides dans ces produits au niveau des exploitations agricoles, des marchés de gros, des grandes et moyennes surfaces et des stations de conditionnement». Côté semences importées, il a été précisé qu'elles sont «soumises à un contrôle technique et phytosanitaire systématique aux frontières pour s'assurer de leur conformité aux normes et aux spécifications en vigueur au niveau national avant d'autoriser leur admission pour leur commercialisation». Le ministère a également rappelé que «l'utilisation de variétés de semences génétiquement modifiées est interdite pour toutes les cultures au Maroc. En effet, pour chaque importation de semences, les opérateurs doivent disposer d'une autorisation préalable d'importation des semences délivrée par l'ONSSA, qui exige que les variétés de semences soient accompagnées par une attestation délivrée par l'obtenteur du pays d'origine, démontrant qu'elles ne sont pas génétiquement modifiées». Et d'ajouter que «toutes les variétés végétales (y compris les semences) destinées à la commercialisation au niveau national sont préalablement inscrites au catalogue officiel national des variétés cultivables au Maroc après avoir rempli toutes les conditions nécessaires». Voilà, on ne peut être plus clair ni précis. Aussi rassuré, ne vaut-il pas mieux de profiter de ce fruit à un si bas prix, au lieu de se remplir la tête d'allégations mensongères et de passer à côté d'une aubaine... Peut-être que lorsque ce nuage se dissipera et les prix retrouveront une hausse, la pastèque sera hors de portée, car chère à payer et lourde à porter et va pour un été sans notre cher «Dellah», sur la terrasse, en campagne ou au bord de la mer et là, ça sera vraiment dommage...