La production de viandes de volaille est estimée à 580 000 tonnes et celle d'œufs à 6,1 milliards unités. Le secteur continue à approvisionner le marché national. Le secteur avicole passe par une période difficile, à l'instar de la majorité des secteurs d'activité économique. Les niveaux de production ont été impactés au même titre que les prix à la vente et les coûts de production. La Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) estime la production des viandes de volaille poulet de chair et dinde, à 580000 tonnes et la production d'œufs de consommation à 5,8 milliards d'unités en 2020 (chiffres provisoires en attente de finalisation). Rappelons qu'en 2019, la production a atteint 625 000 tonnes de viandes de volaille et 6,1 milliards d'œufs de consommation. Youssef Alaoui, président de la FISA, se désole : «Les effets restrictifs de l'état d'urgence sanitaire sur la fluidité d'écoulement de la volaille, à travers les circuits de distribution habituels (fermeture des souks, hôtels, restaurants, arrêt d'activité des traiteurs….), ont entraîné une baisse de la demande et, partant, une chute des ventes, un effondrement des prix à la ferme et une abondance des stocks de volaille et d'œufs invendus au niveau des fermes». Il s'agit d'une crise jamais vécue par le secteur avicole. Elle est sans commune mesure même avec les crises les plus graves qu'ait connues le secteur. Conséquence : les pertes subies sont estimées à 4 milliards de DH dont la majeure partie est supportée par les éleveurs de volaille et d'œufs. En dépit de ces effets néfastes de la crise sanitaire, le secteur avicole a continué à approvisionner, souvent à perte, le marché national en viandes de poulet et de dinde et en œufs de consommation. D'ailleurs, les coûts de production ont enregistré une hausse de près d'un dirham par kg produit. «Il faut savoir que les matières premières, dont le maïs et le soja essentiellement, ont connu une flambée des prix sur le marché international. Ajouter à cela une consommation accrue de gaz due à la vague de froid qu'a connue notre pays. Malheureusement, les éleveurs se retrouvent une fois de plus à absorber cette hausse au détriment d'une marge qui n'existe plus. Aussi, pouvons-nous clairement dire que l'éleveur "subventionne" le panier de la ménagère en quelque sorte», ironise M.Alaoui. En revanche, les prix restent stables. Durant le mois de janvier dernier, les prix de vente départ ferme du poulet de chair ont varié entre 9 et 11 DH/kg vif, soit une moyenne de 10,5 DH/kg. De son côté, le prix moyen pondéré de la dinde est situé à 17,75 DH/kg vif. Quant à l'œuf de consommation, le prix est en moyenne de 0,79 DH/unité départ ferme. Actuellement et compte tenu de l'effondrement du pouvoir d'achat de plusieurs ménages et donc de la baisse de la demande, le secteur enregistre une surproduction dans tous ses segments (poulet de chair, dinde et œufs de consommation). Pour remédier à cette situation et atténuer ses effets, les professionnels mènent des opérations individuelles et volontaires de régulation de leurs productions respectives. Les accouveurs procèdent ainsi à des réformes précoces de leurs lots de reproducteurs afin d'adapter la production de poussins et de dindonneaux aux besoins du marché. D'un autre côté, il est à signaler que «des opérateurs du secteur exportent les produits avicoles, notamment les poussins, les œufs à couver et les œufs de consommation essentiellement vers les pays de l'Afrique de l'Ouest. Ce qui représente un débouché important, mais pas suffisant pour le moment, pour écouler une partie de la production nationale. Il faut souligner que certains opérateurs ont aussi opté pour des implantations directement à l'étranger comme au Mali, en Mauritanie et au Sénégal», annonce notre source. De son côté, la fédération mène des actions en vue de relancer l'activité. Citons parmi elles le partenariat avec le groupe CAM qui s'engage à accompagner le secteur avicole en activant des mesures de soutien spécifiques et un dispositif d'accompagnement personnalisé par opérateur. De plus, «la FISA est en contact permanent avec le ministère de l'agriculture, la CGEM, la COMADER et les administrations concernées pour assurer et maintenir le rythme normal de l'activité du secteur. Enfin, je pense que le contrat programme du secteur lié au plan Génération Green apportera le souffle nécessaire afin de permettre au secteur de se développer de manière harmonieuse», rassure M.Alaoui. L'effort de modernisation des «Riyachates» se poursuit Au delà des conséquences lourdes de cette pandémie, le secteur pâtit de l'existence d'un nombre élevé de tueries traditionnelles dites «Riyachates». La FISA milite depuis plusieurs années avec les parties concernées à la modernisation de ce secteur. Un cahier des charges spécifique a même été élaboré par l'ONSSA, après de longues concertations menées par les administrations concernées et la FISA, afin de moderniser et mettre à niveau ces unités en les transformant en abattoirs de proximité ou en points de vente des viandes de volaille. Et pour inciter et favoriser l'implication des propriétaires des «Riyachates» dans cet effort de mise à niveau, la FISA a sollicité et obtenu auprès du ministère de l'industrie une prime non remboursable de 30 000 DH pour chaque «Riyacha» mise à niveau ou transformée en point de vente, au choix du propriétaire. Il est à noter que la mise en œuvre de cette prime a été retardée et reportée au vu du contexte actuel lié à la pandémie. En revanche, les abattoirs avicoles sont structurés, organisés et modernes. Mais ils travaillent actuellement à 40% de la capacité installée depuis 20 ans. «Notre objectif est donc de booster le développement des activités de ces abattoirs afin qu'ils puissent arriver à 80% d'ici 2030. Le seul moyen d'y arriver c'est de mettre en œuvre les dispositions de la loi obligeant les établissements de restauration collective de s'approvisionner uniquement auprès des abattoirs industriels avicoles», explique le président de la FISA.