A 17,5 milliards de dirhams à fin septembre, le portefeuille de la caisse progresse de 33% depuis le début de l'année. Processus de construction du portefeuille et mode de gestion suivent une démarche professionnelle, dans le respect de la pérennité du régime. Mais la CIMR se trouve prise au piège en raison de l'étroitesse du marché local et des contraintes à l'export. Au moment où la problématique de l'équilibre des fonds de pension fait couler beaucoup d'encre, la CIMR (Caisse interprofessionnelle marocaine de retraites) tire royalement son épingle du jeu et affiche une santé à faire pâlir d'envie les gourous de la finance. Ceci n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une logique de gestion et d'investissement aussi scientifique que rigoureuse. Une logique qui recouvre même, et à plusieurs niveaux, des innovations méthodologiques et techniques uniques au Maroc. Une logique qui fait – à juste titre d'ailleurs – la fierté des dirigeants de la CIMR au point qu'ils lui consacrent un événement : le CIMR Finance Day. Durant cette journée, consacrée à «la transparence», le management de la caisse ouvre ses comptes et explique, dans le détail, comment il parvient à réaliser d'aussi bons résultats. 17,5 milliards de dirhams. C'est la valeur du portefeuille de la CIMR à fin septembre 2006, à comparer à une valeur comptable qui ne dépasse pas les 9,75 milliards de dirhams. Et encore, plusieurs classes d'actifs ne sont pas valorisées au prix du marché. C'est le cas notamment des participations dans l'immobilier ou dans les entreprises non cotées. Ceci étant dit, et même sans tenir compte ni de cette plus-value potentielle, ni de la progression à réaliser d'ici la fin de l'année, le portefeuille de la caisse fait déjà état d'une amélioration de près de 33% par rapport à fin 2005 (voir tableau ci-dessous). Un portefeuille de 17,5 milliards de dirhams à fin septembre A la base de cette prouesse, une logique d'allocation d'actifs construite autour de quatre objectifs. «Un rendement absolu et permanent supérieur à 5% à très long terme ; une performance relative positive en ce sens que la performance absolue doit être supérieure à celle du benchmark ; une liquidité suffisante des actifs pour faire face aux engagement de la caisse et une gouvernance qui s'inscrit dans les meilleures pratiques internationales», résume Nabil Ahabchane, chef du département gestion du patrimoine. La conception de l'allocation d'actifs est confiée à un consultant externe, qui remet annuellement son rapport d'opinion au conseil d'administration de la caisse à la lumière des tendances des différents marchés financiers et dans le respect des hypothèses actuarielles exigées pour la pérennité du régime. La CIMR définit ensuite un univers d'investissement et les marges de manœuvre y associées. A travers une allocation stratégique, elle optimise le couple risque /rentabilité du portefeuille. Et au moyen d'une allocation tactique, totalement déléguée, la CIMR cherche une surperformance par rapport au benchmark. «Nous ne prenons que des paris sous contrôle, en fonction de la conjoncture, et ce dans le cadre du comité d'investissement», rassure-t-on à la caisse. La nouvelle approche a été adoptée lors de la réforme de la gestion financière initiée en 2003, qui a instauré le principe de la délégation de gestion. Deux rôles distincts ont ainsi été délimités. Le stratégique, qui consiste à définir une stratégie financière globale et par classe d'actifs, qui revient au conseil d'administration, sur proposition du comité de pilotage. Et le tactique, confié par mandat aux sociétés de gestion, et suivi de près par la direction financière. Cela a donné lieu à des règles de gestion formalisées, à un accompagnement par des consultants externes dans la réflexion et la mise en œuvre des stratégies par classse d'actifs, et à un audit contractuel de la gestion financière mené par un organisme indépendant. Des règles qui s'imposent donc à tous, y compris au management de la caisse, et qui ont permis à la CIMR d'enregistrer, sur les 9 premiers mois de 2006, une plus-value latente de plus de 2 milliards de DH sur les actions détenues en direct et une performance consolidée de 52,6% sur les actions dynamiques (à travers les fonds dédiés). Quant aux SICAV obligataires, elles lui ont permis d'atteindre une performance moyenne de 12% sur les trois dernières années. Sans parler des taux de rentabilité interne très élevés (plus de 25%) générés par les fonds de capital développement (à fin 2006, la CIMR sera investie dans six fonds qui seront eux-mêmes investis à terme dans plus de 90 PME marocaines).