Les études d'impact des changements climatiques sur l'agriculture marocaine prévoient une chute de la productivité, notamment pour les cultures pluviales. Moins de 1% des terres agricoles au Maroc sont sous agriculture de conservation, contre près de 10% en Tunisie et plus de 90% en Australie. De par sa situation géographique (Nord-Ouest de l'Afrique), le Maroc est particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques. Les projections climatiques prévoient une augmentation de la température de l'ordre de 1 à 1,5°C et une diminution des précipitations allant jusqu'à 20%, ce qui entraînera des sécheresses encore plus importantes et réduira davantage les possibilités d'irrigation. Ces préoccupations étaient au cœur d'une conférence internationale organisée, récemment à Rabat, par le Centre d'excellence et de Conseil agricole maroco-allemand (CECAMA), en collaboration avec l'Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II et avec l'appui de l'Office national du conseil agricole (ONCA) et du ministère fédéral allemand de l'alimentation et de l'agriculture (BMEL), sous le thème: «Agriculture résiliente aux changements climatiques : voies d'adaptation». Cette conférence, qui a réuni plus d'une centaine de participants, vise à informer et à sensibiliser les professionnels du secteur agricole, ainsi que le grand public sur la problématique des changements climatiques et leurs répercussions sur l'agriculture marocaine. Lors de cette rencontre, le Directeur de l'IAV HassanII, Ali Hammani, a estimé que «pour les pays d'Afrique, l'adaptation aux changements climatiques doit commencer, avant tout, par l'irrigation et la mobilisation des ressources en eau». Et d'expliquer que «le Maroc est actuellement dans une phase d'adaptation» et qu'il cherche à «mieux valoriser ses ressources en eau et à développer l'irrigation, à travers la mise en œuvre de programmes ambitieux». Il faut savoir que le Royaume reçoit chaque année, en moyenne, 140 milliards de m3 d'eau de pluie, dont plus de 100 milliards sont perdus à cause de l'évaporation. Dans une allocution lue en son nom par sa conseillère agricole, l'ambassadeur d'Allemagne au Maroc, Götz Schmidt-Bremme, a tiré la sonnette d'alarme, faisant remarquer que «le monde connaît des phénomènes météorologiques extrêmes résultant des changements climatiques». D'où la nécessité, selon lui, de «mettre en place des mesures urgentes d'adaptation de l'agriculture, afin d'être en mesure de nourrir une population mondiale dont il est prévu qu'elle va s'accroître de deux milliards d'individus, à l'horizon 2050». Les études d'impact des changements climatiques sur l'agriculture marocaine réalisées par l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'agriculture (FAO), l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et la Direction de la météorologie nationale (DMN), prévoient une perte de fertilité des sols en raison de la baisse de la matière organique et de l'érosion hydrique et éolienne. Ce qui aura pour conséquence une chute de la productivité agricole, notamment pour les cultures pluviales et celles pour lesquelles le progrès technologique est faible ou nul, tels que l'orge, le blé dur, le blé tendre, l'olivier et les légumineuses alimentaires. Il en résultera aussi le déplacement géographique de certaines cultures vers des altitudes moyennes ou élevées, comme celles qui sont exigeantes en eau telles que le maïs, le tournesol, la fève et l'olivier ; ou celles qui seront affectées par la hausse des températures, telles que les espèces arboricoles fruitières ayant besoin des jours de froid. Face à cet état de fait, il devient impératif de mettre en place une stratégie d'adaptation de l'agriculture aux changements climatiques, afin d'atténuer leur impact sur la production agricole. A l'heure actuelle, moins de 1% des terres agricoles dans le Royaume sont sous «agriculture de conservation» (agriculture résiliente aux changements climatiques), contre près de 10% pour la Tunisie et plus de 90% pour l'Australie. Parmi les techniques d'adaptation préconisées et qui semblent les mieux adaptées au contexte agro-pédo-climatique marocain, il y a la promotion de la diversification de l'occupation des sols; la reconversion des systèmes d'irrigation gravitaire en systèmes plus économes d'eau, tels que l'irrigation localisée; le respect des vocations naturelles des terres ; la bonne maîtrise des assolements et de la rotation des cultures ; la reconversion sur les terrains en pente des céréales en zones de reboisement fruitier; et aussi l'introduction progressive de systèmes semis direct et du labour minimum. A cela s'ajoute la nécessité de privilégier les cultures à cycle court, ainsi que le choix minutieux des dates de semis, en fonction des spécificités des différentes zones.