Le risque en termes de qualité et de sécurité est fortement craint. Les industriels marocains justifient d'une grande expertise en le domaine. Composé de cinq unités industrielles, d'une capacité globale de 2 millions de bonbonnes, le tissu industriel local emploie directement 1500 personnes et brasse 500MDH par an. Le gros appétit des exportateurs turcs au Maroc ne faiblit pas. Après le textile et l'habillement, l'acier, l'ameublement, l'électroménager, la distribution (voir encadré), c'est au tour de la fabrication des bonbonnes de gaz d'être dans le viseur de l'offensive turque. Selon les informations de La Vie éco, les négociations entre un acteur du marché du gaz et un fabricant turc de bonbonnes de gaz sont quasi bouclées. Objectif affiché : introduire des bonbonnes bon marché. Jusque-là, ce sont les industriels locaux qui ont pu fournir les distributeurs au Maroc, allant même jusqu'à exporter en Afrique et même en Europe. «Nous avons bâti un savoir-faire reconnu à l'échelle nationale et internationale. La réglementation marocaine est en phase avec celle de la France et de l'Union européenne, ce qui fait que la qualité de nos produits est infaillible», explique un fabricant. Industriels et experts se posent la question quant au niveau de qualité et de sécurité dont feront preuve les nouveaux produits qui seront mis en vente sur le marché marocain. D'autant plus qu'il s'agit de produits très sensibles qui ne doivent souffrir d'aucune défaillance, exigeant une grande maîtrise et technicité de fabrication. «Si dans le textile, un défaut de fabrication n'a pas d'incidence sur la vie de celui qui le consomme, pour des bonbonnes de gaz, il y va de la vie de l'usager, voire d'une famille entière», s'alarme un expert. Une capacité de production de 2 millions de bonbonnes Le parallèle est fait avec certains chauffe-eau occasionnant de nombreux accidents mortels dus à des défauts de fabrication. En plus de l'argumentaire de sécurité, le risque de concurrence déloyale, qui sévit déjà dans d'autres industries, provoquant la mise en place de mesures de défense commerciale pour sauver l'emploi et l'activité des producteurs nationaux est montré du doigt. Dans le détail, les mêmes éléments de l'argumentaire des industriels marocains – qui pâtissent de l'offensive turque sur le marché marocain – reviennent dans la bouche des fabricants de bonbonnes de gaz. Grosses subventions déguisées, intrants bon marché, coût compétitif de l'énergie et de la logistique, baisse de la livre turque… Autant de faits qui faussent la concurrence entre les deux pays dans plusieurs secteurs. Fait important à signaler, l'inexistence d'un réseau gazier de distribution au Maroc fait que la consommation domestique de gaz dépend essentiellement des bonbonnes. «Le risque qui plane sur notre industrie ne se limite pas à la destruction des emplois et le recul de notre activité, il pourrait avoir un impact sur la sécurité énergétique, en rendant les foyers marocains et leurs fournisseurs dépendant des importations étrangères», conclut-il, ajoutant que le gouvernement est appelé à remplir son rôle de régulation pour préserver les intérêts des producteurs et des consommateurs. Composé de cinq unités industrielles d'une capacité globale de 2 millions de bonbonnes, le tissu industriel local emploie directement 1500 personnes et brasse annuellement 500 millions de DH, à en croire les estimations des opérateurs. Affaire à suivre. [tabs][tab title ="Maroc-Turquie : un déficit commercial de 12,4 milliards de DH en 2017″]Entré en vigueur en juin 2006, l'accord de libre-échange n'a pas assez profité au Maroc. Sa balance commerciale avec la Turquie affiche un déficit de 12,4 milliards de DH en 2017 contre 4,4milliards de DH en 2006, d'après le rapport économique et financier accompagnant le PLF 2019. Faible, le taux de couverture des importations par les exportations est de 35,7%. Mis à part le commerce, les Turcs sont également agressifs en termes d'investissements directs étrangers. «Depuis une dizaine d'années, l'intérêt pour le marché marocain a pris une grande ampleur auprès des investisseurs turcs et le nombre des entreprises turques installées au Maroc a considérablement augmenté. Il dépasse aujourd'hui les 80 sociétés opérant dans le textile, l'alimentation, le mobilier, l'immobilier, la construction et les infrastructures (autoroutes et chemins de fer)», lit-on dans le rapport économique et financier. En chiffres, les IDE turcs à destination du Maroc ont atteint 448 MDH en moyenne annuelle sur la période 2013-2017 (1,2% des IDE totaux reçus par le Maroc) contre 96 MDH en 2008-2012 (0,3%).[/tab][/tabs]