Objectifs démesurés, mauvaise conduite du changement, répartition inégale des tâches… les raisons de la démotivation sont nombreuses. Exemplarité, crédibilité, disponibilité… un manager doit émettre des signaux clairs pour remonter le moral de ses collaborateurs. Au Maroc, il n'y a pas encore de sondage pertinent sur le niveau de motivation des salariés, mais à entendre ces derniers parler, on mesure le fossé qui les sépare de leur entreprise. Autrement dit, ils travaillent pour gagner leur vie et n'affichent quasiment pas de sentiment d'appartenance. Le plus souvent, ils se plaignent de leurs salaires, souffrent à tort ou à raison du manque de reconnaissance, pointent du doigt les déficits de communication ou ne supportent pas l'hégémonie de la hiérarchie. Bref, comme le souligne un directeur de département au sein d'une compagnie d'assurances : «Ils ne sont jamais contents, et quoi que l'on fasse, que l'on ferme les yeux, que l'on pare aux faiblesses…». Difficile dans ces conditions d'obtenir d'eux le maximum. Nombre de managers en sont conscients, mais peu d'entre-eux trouvent l'antidote. Pour l'essentiel, ils essaient de jouer la montre, misant sur l'œuvre du temps. Une fuite en avant dangereuse et ce, d'autant que les objectifs toujours élevés, la course à la productivité et la menace permanente d'une restructuration, pour ne citer que ces aspects, ne font qu'exacerber les tensions. Dans bien des cas, c'est un véritable dialogue de sourds qui s'installe. Evidemment, les salariés ou collaborateurs ne sont pas toujours exempts de reproches. Mais «ce sont les managers qui doivent se remettre en cause et changer leur manière de considérer les collaborateurs ; ils doivent les impliquer quand il le faut», souligne un haut cadre. Remotiver, un travail de tous les jours Et si c'était un problème d'approche ? Soyons réalistes, dans le secteur privé, personne n'est vraiment satisfait de son salaire, ni d'ailleurs du rapport de ses émoluments avec le travail fourni. On ne peut raisonnablement augmenter tout le monde chaque année, il faut donc chercher ailleurs pour entretenir la dynamique d'un groupe. La grande question est de savoir comment entretenir cette dynamique sur le long terme et, surtout, comment détecter le mode de motivation propre à chaque membre de l'équipe ? En premier lieu, il faut bien connaître le mode de fonctionnement de chacun des membres de l'équipe. Sont-ils dépendants, ont-ils constamment besoin d'être rassurés et conseillés ou au contraire autonomes, désireux d'avoir une marge de manœuvre minimale et un allègement des contraintes hiérarchiques ? Une fois cette classification opérée, il faut agir, et constamment. «Parce que la cohésion d'une équipe n'est jamais totalement acquise, le manager doit pleinement assurer son rôle de meneur, de catalyseur et d'animateur», souligne Abdelilah Sefrioui, DG d'Axe RH, cabinet spécialisé en organisation. Il faut également savoir qu'il est dangereux d'attendre que le moral des hommes soit au plus bas pour intervenir. En clair, remotiver ne devrait pas figurer dans le vocabulaire d'un meneur d'hommes. Sauf s'il hérite d'une équipe non opérationnelle. Dans la pratique, la motivation est un travail quotidien. Le meilleur moyen d'éviter le pire consiste à anticiper grâce à l'écoute et aux échanges permanents avec les collaborateurs, comme en témoigne Kamal Bennani, architecte de son état. «J'ai besoin tout autant qu'eux d'être motivé. Pour cela, j'essaie d'être le plus attentif à leurs préoccupations et attentes». Bien entendu, être disponible ne signifie pas passer son temps à écouter les doléances personnelles des collaborateurs, il y a un temps pour cela, mais il faut prioritairement veiller à régler leurs problèmes de travail, les aider à se rapprocher d'un objectif… sans tomber dans le piège – courant- qui consiste à… faire leur travail sous prétexte de leur donner un coup de main. On n'obtient dans ce cas que des assistés. Les frictions stimulent parfois les performances La disponibilité est certes un atout mais le management des équipes, c'est plus que cela. La crédibilité ou encore l'intégrité du manager sont autant de qualités dont il doit faire preuve. «La bonne conduite consiste parfois à rester impartial dans la prise des décisions. Cela évite les mauvais comportements comme la jalousie», souligne Amine Benkirane, directeur commercial dans une multinationale. Une autre approche consiste à se demander à quoi on serait sensible si on était à la place de l'autre. Et l'on découvre toujours, à travers les réponses que l'on est amené à donner, qu'il existe deux notions-clés : le respect de l'autre et l'exemplarité. Il est également nécessaire de montrer sa reconnaissance et d'apprécier à juste titre les performances des uns et des autres, sans oublier la récompense. «Il faut savoir marquer les esprits quand on obtient une performance exceptionnelle. C'est toujours utile pour stimuler et maintenir le moral des troupes», souligne Abdelilah Sefrioui. Par ailleurs, c'est connu, les frictions au sein d'une équipe sont inévitables. A moins qu'elles ne génèrent de vrais conflits, elles sont aussi utiles pour le moral que pour l'avancement des projets, si toutefois l'équipe sait les gérer.