Un changement de fonction est souhaitable tous les trois ou quatre ans pour élargir son domaine de compétences. Bilan de compétences, formation, entretiens annuels, tous les moyens sont bons pour faire peau neuve. La question de la compétence technique n'est pas un obstacle : un manager doit surtout savoir gérer les compétences de son équipe. Passer du commercial au financier ou des achats aux ressources humaines, c'est non seulement possible mais même fortement conseillé. La fidélité à un service ou à une fonction n'est plus de mise de nos jours. Même si l'ascension verticale est souvent restreinte, les entreprises proposent de plus en plus des évolutions vers d'autres fonctions. Pourquoi ? «Une carrière de cadre, c'est comme un produit. Il faut lui insuffler régulièrement du neuf pour l'entretenir», note un DRH. Même son de cloche chez Patrick Barrau, coach et directeur associé du cabinet Maroc Devenir qui souligne qu' «un cadre a besoin d'un lifting tous les trois ou quatre ans. Faute de quoi il n'apporte plus de valeur ajoutée, ni pour lui-même, ni pour l'entreprise». Insuffler un nouvel élan à sa carrière Il faut dire que la mobilité interne est avantageuse pour plusieurs raisons. D'abord parce que c'est un outil de motivation et de fidélisation. En accompagnant ses cadres dans des projets de développement personnel, l'entreprise participe également à leur développement. «La première vocation d'un DRH est justement d'attirer et retenir les salariés performants à fort potentiel. Soit l'entreprise les reconnaît et leur permet de se développer, soit ils iront poursuivre leur carrière ailleurs», souligne Amine Jamai, DRH dans une multinationale. Un bilan de compétences est nécessaire pour toute mutation La mobilité est ensuite avantageuse parce qu'elle permet au cadre de s'ouvrir sur de nouveaux horizons. «J'ai toujours été attiré par les relations publiques. Bien qu'assumant la direction financière d'une société de bonneterie à Casablanca, j'ai été amené à prendre en charge la direction commerciale d'une nouvelle unité à Tétouan, il y a près de deux ans. Depuis, j'assure pleinement mes fonctions», souligne Samir Sabri. La notion de mobilité est toute autre pour ce haut cadre d'une société pétrolière, qui a passé plus de dix ans dans la même boîte. «J'ai occupé plusieurs fonctions au cours de cette période. De la production aux achats, en passant par la DRH ou encore la communication. Si on ne m'avait pas offert cette possibilité, j'aurais changé d'entreprise, il y a plus longtemps». Toutefois, un changement de fonction est un acte important qui doit être préparé avec soin. Tout candidat doit passer par trois étapes essentielles. Pour commencer, il doit faire le bilan de son parcours. En langage de consultant, on appelle cela un bilan de compétences. «Très utile pour une réorientation, il permet justement de prendre conscience de ses acquis et de se mettre en perspective pour préparer le changement souhaité. Tout changement de cap nécessite une préparation, un accompagnement et une motivation, sans quoi on passe à côté des objectifs», note M. Barrau. Mais ce n'est pas tout. «Il faut aussi analyser les raisons pour lesquelles on est resté aussi longtemps au même poste. Le bon moment pour changer, c'est quand on est sûr d'avoir développé toutes les compétences sollicitées par le job occupé et donc fait le tour de la question», note M. Jamai. En somme, c'est une démarche complexe qui doit faire l'objet d'une vraie réflexion. Il faut avoir confiance en soi pour gagner la confiance de son supérieur Pour accompagner la mutation, il faut penser aussi à la formation. Quand on souhaite un changement, il est difficile de s'en dispenser. «En exploitant les possibilités de formation offertes par l'entreprise, je me suis initié à la gestion des projets. Depuis, j'assume l'entière responsabilité d'un service au sein d'un grand groupe», souligne un haut cadre. Troisième et dernier point: cerner les exigences de la nouvelle fonction. «Il faut prendre son courage à deux mains et se faire confiance. L'entreprise ne peut estimer quelqu'un qui ne s'accorde pas déjà cette confiance à lui-même. Si vous en êtes convaincu et si les possibilités existent, alors il faut briller de mille feux et donner une chance à votre employeur de reconnaître vos compétences», note Amine Jamai. En pratique, un bon manager doit pouvoir s'adapter à toutes les fonctions. Sa mission est de coordonner et montrer la voie à suivre. Du coup, les compétences techniques ne constituent nullement une limite, pour peu qu'il sache déléguer quand il le faut.