Dirigeant de compagnie d'assurances, puis ministre, Fouad Douiri s'est finalement établi à son propre compte. Depuis trois ans, il est à la tête du courtier ODDO Assurances. Son engagement politique reste toujours aussi tenace. Ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, de janvier 2012 à juillet 2013, sous le gouvernement Benkirane 1, Fouad Douiri est retourné à ses anciennes amours, après un long moment de réflexion. A la recherche d'une reconversion professionnelle en 2013, il se voit proposer des emplois essentiellement dans des groupes industriels. Mais après une carrière professionnelle «durant laquelle j'ai toujours été salarié, je voyais dans cet intermède une opportunité de devenir entrepreneur», reconnaît-il. Il s'oriente alors vers le secteur des assurances, «un métier que je connaissais», dit-il. «Comme j'ai effectué une grande partie de ma carrière dans les assurances, en 2015, j'ai donc lancé mon propre cabinet de courtage», indique-t-il. Dix-neuf ans plus tôt, cet ingénieur de Ponts et Chaussées est directeur général de la compagnie d'assurance Al Wataniya. Il s'est notamment occupé de la fusion entre cette dernière et l'Alliance Africaine d'assurance. Et en 2008, il en devient président du directoire. Depuis trois ans, il préside aux destinées du cabinet ODDO Assurance. L'organisation de la structure est particulière. «Nous sommes partenaires avec le groupe de cabinets d'assurance ACECA. Nous avons un back office commun qui assure l'ensemble de la gestion administrative pour toutes les sociétés du groupe ACECA», explique Fouad Douiri. Et de préciser: «En front office, avec mon équipe, nous gérons nos clients et nous réalisons tout le travail technique et commercial, en termes d'études, d'analyses, de négociations, de placements, de contrats et de suivi». Selon lui, «cette formule est gagnante. La plateforme commune permet une mutualisation des efforts et une force de frappe importante». Il souligne par ailleurs qu'«en partant de zéro, je représente aujourd'hui un portefeuille moyen mais positionné sur le segment des entreprises. ODDO est dans le top 50 marocain sur les 2500 intermédiaires du marché. En parallèle, je fais ponctuellement des missions de conseil en assurance mais également dans le domaine de l'environnement et de l'énergie». Les assurances ou l'environnement ? En 2013, une fois son mandat ministériel terminé, il est inexorablement attiré par le domaine de l'environnement et tout particulièrement celui du traitement des déchets, Sauf que «je n'avais pas de vision claire de la rentabilité de ce genre de projets. C'est un domaine largement dominé par l'informel, particulièrement le segment que je voulais exploiter, celui des déchets spécialisés. En allant à la rencontre des opérateurs, la difficulté de cette entreprise s'est précisée. J'ai donc abandonné l'idée», confie-t-il. Mais le domaine l'enthousiasme toujours autant, car ce n'est pas sans intérêt manifeste qu'il en parle. Il estime son mandat ministériel «très intéressant, un sujet passionnant, autant sur le plan économique, social et humain». En fonction, Fouad Douiri a vite compris qu'il devait focaliser ses efforts sur des chantiers identifiés comme prioritaires. La loi-cadre sur l'environnement voit ainsi le jour, ainsi que la stratégie minière en 2013. Le nettoyage des permis de recherche avait par la suite été entamé et près de 400 permis retirés. Il met à son actif également l'élaboration du plan national sur l'eau et la préparation du Conseil national de l'eau. «Les chantiers de cette stratégie nécessitent une rallonge annuelle de 3 à 4 milliards de DH pour leur financement. Argent que l'on ne dépense pas aujourd'hui», explique-t-il. Et de poursuivre: «Les sources de financement oscillent entre deux principes : soit elles reposent sur la solidarité, soit sur la responsabilité». En clair, que l'Etat débloque les fonds ou que le consommateur en fasse les frais. Pour Fouad Douiri, il y a possibilité de «mixer» les deux options. La question reste posée. Quand on en vient à un autre sujet d'actualité, celui de la réflexion sur le nouveau modèle économique du Maroc, fidèle à sa formation politique, il en expose les propositions fondées sur «un modèle libéral, d'ouverture mais attentif aux intérêts nationaux, aux entreprises dans les secteurs dits traditionnels en les soutenant dans les périodes difficiles d'agressions commerciales et autres». A son sens, la corruption demeure le problème numéro 1 du Maroc, qui nécessite «la mise en application d'un plan clair. C'est un travail très lourd. Son éradication peut prendre une génération. Mais il faut bien commencer un jour». Pour l'heure, il se projette dans le développement de son business, tout en maintenant ses activités partisanes et notamment au sein de l'Alliances des économistes istiqlaliens. Il travaille particulièrement sur les dossiers liés à l'énergie et au développement durable. [tabs][tab title ="Istiqlaliens de père en fils"]«Nous sommes istiqlaliens de père en fils, c'est un engagement que je ne peux même pas dater.(…)», lance Fouad Douiri. Aussi loin que remontent ses souvenirs, il précise «avoir toujours été dans des associations professionnelles, des ONG». «C'est d'ailleurs l'une des forces du Maroc, nous avons un tissu associatif vivace. Nous avons une société civile au Maroc, des associations dans plusieurs domaines, de parents d'élèves, de protection de l'environnement et de bienfaisance». Il fait le parallèle et signale que «l'engagement politique fait partie de cet engagement citoyen malgré le fait que beaucoup tentent d'opposer le politique au citoyen». Il reconnaît «la détérioration de l'image de la politique au Maroc. Evidemment que des personnes n'agissent que pour leurs propres intérêts. Ils méritent la sanction des urnes ou des règlements. Il faut juste que l'arsenal fonctionne».[/tab][/tabs]