L'opération a été décidée après la restructuration des deux compagnies rachetées par le Groupe Saham. Les cabinets Saà¢ïdi, Ernst & Young et Accenture travaillent sur le montage. Après la RMA et Al Watanya, Atlanta et Sanad, c'est au tour de CNIA Assurance et d'Es Saada de fusionner. Le mariage des deux assureurs, qui sont passés dans le giron du groupe Saham respectivement en 2004 et en 2006, a été décidé «après un énorme travail des équipes des deux compagnies afin d'assainir les deux entités. Auparavant, aucun rapprochement n'était envisagé», indique My Hafid Elalamy, président du groupe Saham. Cet assainissement a duré deux années pour CNIA Assurance et près d'une année pour Es Saada, même si l'état des lieux était, selon M. Elalamy, «catastrophique au moment de la reprise» de cette dernière. «La compagnie avait un grand besoin en fonds propres et nous avons dû injecter 2,2 milliards de DH. De plus, nous devions rattraper un grand retard au niveau des règlements de sinistres puisqu'elle avait les plus longs délais de remboursement de la place», précise M.Elalamy. La nouvelle compagnie deviendra 3e du secteur après RMA Watanya et Wafa Assurance Au niveau de la CNIA, poursuit le président de Saham, il fallait aussi reprendre toute la partie sinistre pour résorber le retard et, ensuite, procéder à une révision des procédures de travail afin d'améliorer la qualité de service. Un travail colossal a été fait par les équipes internes des deux compagnies pour leur redressement. Mais le patron du groupe Saham ne manque pas de souligner que «si les ressources humaines d'Es Saada ont leur maison en main, à la CNIA il a fallu pratiquement changer tout l'encadrement car les habitudes étaient ancrées et la volonté de changement n'était pas toujours au rendez-vous». Aujourd'hui, tout cela est derrière les deux assureurs qui annoncent leur fusion. Cette décision a été prise sur la base des résultats d'une étude réalisée par un cabinet étranger spécialisé en la matière. Ce cabinet a conclu que «nous avions la possibilité de fusionner et ceci sur la base de plusieurs indicateurs, notamment la possibilité de devenir leader de la branche automobile et d'avoir un positionnement sérieux», explique le management du groupe Saham. Par ailleurs, les deux entités sont complémentaires dans la mesure où elles ont un business tout à fait différent en termes de segments de marché et que, par conséquent, il ne devrait pas y avoir de perte de chiffre d'affaires ni de doublon au niveau des postes. Même si les deux compagnies disposent d'un point de rencontre qui est la branche automobile ciblant les particuliers, pour la partie entreprise, Es Saada a un portefeuille plutôt orienté vers les institutionnels publics (collectivités locales, imams, enseignants…) alors que CNIA Assurance est plutôt tournée vers les entreprises privées. La superposition des portefeuilles, estime-t-on au niveau du groupe Saham, permettra de renforcer le positionnement des compagnies sur le marché. La fusion permettra également d'améliorer les indicateurs financiers des deux compagnies. Si la fusion est donc décidée, la question reste maintenant de savoir qui va absorber l'autre. «La décision juridique n'est toujours pas prise car il y a un certain nombre de paramètres juridiques à prendre en considération. Depuis deux mois, des experts des cabinets Saâïdi, Ernst & Young et Accenture mènent des études pour proposer un schéma de fusion dans les 18 mois». Le scénario n'est donc pas arrêté, mais la fusion physique sera, dans tous les cas, annoncée à la fin de janvier 2009. Entre-temps, les équipes des deux compagnies mènent un lourd travail d'organisation, notamment au niveau du système d'information ou de la politique des ressources humaines pour aller vers son uniformisation. Il s'agit entre autres, selon M. Elalamy, d'aligner les salaires des effectifs de Es Saada sur la grille de CNIA Assurance et de procéder à l'extension des avantages sociaux. L'effectif global des deux compagnies s'élève aujourd'hui à 650 personnes. Uniformiser les pratiques Un business-plan est également en cours d'élaboration pour les cinq prochaines années. «Il a été fait sur la base des plans stratégiques élaborés par chacune des compagnies. Il fixera les objectifs à atteindre après la fusion» , explique le patron du groupe Saham. Pour l'instant, on peut dire que CNIA Assurance et Es Saada ont un chiffre d'affaires respectif de 1,4 et de 1,05 milliard de DH. Soit un chiffre d'affaires global de 2,4 milliards, qui doit atteindre 2,7 milliards pour l'exercice 2008. Avec une part de marché de 14 %, la nouvelle entité deviendra le troisième acteur du secteur devant Axa Assurance Maroc et juste derrière RMA-Watanya et Wafa Assurance .