Le modèle linéaire de gestion des déchets constitue une menace pour l'environnement. A l'échelle de la planète, l'impact de la mauvaise gestion des déchets est de 6% sur les émissions de gaz à effet de serre. Au Maroc, la question de la gestion du traitement des déchets continue de poser problème. L'approche adoptée jusqu'à présent, à savoir la collecte et l'enfouissement dans des décharges anarchiques ou contrôlées, a montré ses limites (sans compter ses impacts négatifs sur la santé et l'environnement). En témoignent le remplissage rapide des décharges existantes, du fait de la hausse accélérée des volumes des déchets produits, et les difficultés rencontrées par les communes et les villes pour affecter du foncier aux nouvelles décharges à construire. C'est dire que la transformation du modèle de gestion des déchets doit passer par l'émergence d'une « nouvelle vision », partagée par toutes les parties prenantes locales et nationales et qui inscrit les déchets comme matière première à valoriser, dans le cadre de nouvelles filières industrielles capables de générer richesses et emplois décents. Afin de débattre de la gestion du traitement des déchets, l'AESVT Maroc (Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre du Maroc), l'AMCDD (Alliance marocaine pour le climat et le développement durable), la COVAD (Coalition pour la valorisation des déchets), l'AMPCC (Association marocaine des présidents des conseils communaux) et l'OPEMHT (Observatoire pour la protection de l'environnement et des monuments historiques de Tanger) ont organisé, le 10 mai à Rabat, une conférence-débat, sous le thème « Réussir la valorisation énergétique au Maroc : Quels choix durables et inclusifs pour le Maroc ? ». La rencontre, qui a réuni élus locaux et experts nationaux et internationaux, a notamment pour objectif d'« asseoir les bases d'un dialogue civil participatif, objectif et responsable, entre toutes les parties prenantes de la gestion des déchets ». Suppression totale de l'enfouissement Selon Mohamed Chaibi, président de la COVAD, « le modèle linéaire de gestion des déchets constitue une menace pour l'environnement et doit être repensé ». D'après lui, il faut réussir la « transition vers un modèle circulaire » de gestion des déchets. L'objectif est d'arriver à supprimer totalement l'enfouissement des déchets. Il a également indiqué qu'à l'échelle de la planète, l'impact de la mauvaise gestion des déchets est de 6% sur les émissions de gaz à effet de serre. Le retour d'expériences internationales de villes ayant réussi à « changer la tendance » a, en effet, montré qu'elles ont réduit au maximum l'enfouissement et que leurs élus locaux ont agi de manière forte, à travers la réduction des déchets à la source, le recyclage et la valorisation énergétique industrielle en développant des combustibles alternatifs (RDF ou residual derived fuel) via le traitement bio-mécanique des déchets (TBM) ; la méthanisation ; ou encore l'incinération. De l'avis d'Abderrahim Ksiri, président de l'AMCDD, « le traitement des déchets constitue une problématique systémique et multidimensionnelle et il convient, pour cela, d'envisager une solution globale qui s'inscrive dans la durée ». Et de déplorer les coûts exhorbitants du traitement des déchets pour les villes. Dans le même sens, Benaceur Ourkia, de la Direction générale des collectivités locales (DGCL) au ministère de l'Intérieur, a mis l'accent sur la nécessité de « repenser les mécanismes d'accompagnement financier des collectivités locales », expliquant que « dans la plupart des cas, leur budget ne leur permet pas de prendre en charge des projets coûteux de traitement efficace des déchets ». A noter que le principe de valorisation énergétique durable et inclusive des déchets s'inscrit dans le cadre de la Stratégie gouvernementale de développement durable. A ce titre, et dans le cadre de la révision du PNDM (Programme national des déchets ménagers), le gouvernement a prévu de renforcer la filière de valorisation et de la généraliser à toutes les collectivités locales. A cet effet, il a adopté, le 19 avril dernier, le projet de décret n° 2 /17/587 fixant les conditions et les modalités d'importation, d'exportation et de transit des déchets. Pour sa part, l'Union Européenne a approuvé, en décembre 2017, un nouveau programme d'économie circulaire. Ce programme a plafonné la mise en décharge à 10% à l'horizon 2035, instauré de nouveaux outils fiscaux incitatifs (tarification incitative pour les ménages, d'une part, et taxe sur les décharges et incinérateurs, d'autre part) et a lancé la révision de six directives importantes que sont la directive-cadre de 2008, la directive sur les déchets d'emballages, sur l'enfouissement, les déchets électriques et électroniques (DEEE), les véhicules hors d'usage (VHU) et les batteries et accumulateurs.