L'avion militaire qui s'est écrasé mercredi 11 avril près de l'aéroport de Boufarik en Algérie transportait des militaires algériens et d'autres du Polisario. Il effectuait une liaison entre la région d'Alger et les zones militaires de Tindouf et Béchar. Cette précision est d'une importance capitale car cet accident, tragique d'un point de vue humain, apporte un nouveau démenti à la version officielle algérienne selon laquelle Alger ne joue aucun rôle dans le dossier du Sahara. La veille du crash, Abdelkader Mssahel, ministre des affaires étrangères algérien, invité de France24, a soutenu mordicus que non seulement l'Algérie observe la neutralité, mais que son pays n'était au courant de rien concernant ce dossier et que jamais l'Algérie n'a envoyé ses soldats à l'étranger. Des propos trahissant une amnésie sélective – et volontaire- ou un déni de faits historiques: du temps de feu le Roi Hassan II, des soldats algériens ont été capturés à Amgala par l'armée marocaine et sont restés emprisonnés au Maroc pendant une vingtaine d'années. Autre fait : des soldats marocains capturés par le Polisario ont séjourné à Tindouf et ont été interrogés par des militaires algériens. C'est pour dire que des démentis factuels, il y en a tous les jours Et si notre voisin du côté oriental se targue d'être neutre dans ce dossier, qu'on nous indique ce pays qui accepte d'accueillir une armée estimée à 30 000 par la propagande du Polisario, qui consent à ce que son matériel militaire soit parqué sur son territoire, que cette armée soit formée et qu'elle effectue des manœuvres militaires sur ce même territoire, qu'elle se lance à l'assaut d'un autre territoire, qu'il y ait autant de gens présentés comme des réfugiés, mais que le pays qui les «accueille» refuse qu'ils soient recensés par l'ONU ? Quand, en 1989, une délégation du Polisario a rencontré feu le Roi Hassan II, l'un de ses chefs, Bachir Mustapha Sayed, frère du père fondateur du Polisario, a déclaré, quelques années plus tard, à la chaîne Al Jazeera que les membres de la délégation ont été briefés et débriefés par des militaires algériens avant et après la visite au Maroc. Autre démenti et non des moindres: le dossier du Sahara est indéniablement la priorité de la diplomatie algérienne. Quand elle bouge, son premier souci n'est pas de parler de l'Algérie, mais du Sahara. En ce moment même, des émissaires algériens font le tour des membres permanents du Conseil de sécurité pour tenter de les retourner. Et quand au terme d'un entretien avec le ministre des affaires étrangères français, l'Hexagone publie un communiqué pour expliquer que l'entrevue a porté sur le Moyen-Orient, les relations bilatérales... La communication algérienne évoque en premier le Sahara comme sujet de la rencontre. Des preuves ? En veux-tu, en voilà…