Les établissements de l'enseignement supérieur, qu'ils soient publics ou privés, sont en recherche constante de l'excellence. Pour se distinguer, ils n'hésitent pas à développer des structures de recherche et innovation à même de leur permettre de figurer dans les classements internationaux. Bien que le concept de «pôle d'excellence» soit apparu au Maroc depuis plus d'une décennie, chaque établissement de l'enseignement supérieur le définit à sa manière. Pour faire un état des lieux, nous avons contacté des écoles supérieures de la place. Tour d'horizon. «Ce qui existait avant c'était la notion de formation d'excellence notamment dans les établissements à accès régulé, notamment les grandes écoles (écoles d'ingénieurs, écoles de commerce et de gestion, médecine, médecine dentaire, pharmacie…)», explique Abdelhafid Debbagh, conseiller du président de l'Université Internationale de Rabat (UIR). Pour Amine Bensaid, président de l'Université Mundiapolis, «les pôles d'excellence se sont multipliés au Maroc ces dernières années. Plus qu'une tendance, j'y vois la volonté de notre pays de répondre aux défis socioéconomiques majeurs par l'innovation et le renforcement de l'intégration du Maroc à l'économie mondiale». Du côté de l'Université privée de Marrakech (UPM), c'est un autre type de témoignage : «Tous nos pôles sont des pôles d'excellence» dans le sens où ils ont été mis en place dans un but précis, qui est de former les ressources humaines pour accompagner les grands plans de développement stratégiques au Maroc et en Afrique». Ainsi, «la valeur ajoutée vient de tous les éléments que nous rajoutons aux enseignements et qui concourent à l'insertion professionnelle des lauréats : pédagogie par l'action, liens constants avec le monde de l'entreprise, coaching personnalisé», avance Mohamed Knidiri, président académique UPM. Et Abdelhafid Debbagh de continuer : «A mon avis, l'appellation "pôle d'excellence" n'est pas entrée dans les mœurs du paysage de l'enseignement supérieur marocain. Nous considérons que tous nos pôles sont des pôles qui donnent des formations d'excellence, formant des cadres en accord avec les grands chantiers structurants de l'économie marocaine». Rappelons que l'objectif des pôles d'excellence universitaire le plus communément admis est d'assurer le rayonnement universitaire en dégageant de la valeur ajoutée dans un contexte de concurrence vive entre les organismes d'enseignement supérieur nationaux et même internationaux. Il s'agit de miser sur la valorisation et le développement des spécificités propres, de la recherche et l'innovation avec comme objectif à terme de faire émerger des universités de recherche pluridisciplinaires de rang mondial. C'est la stratégie suivie par l'Université Cadi Ayyad, pour qui les pôles d'excellence constituent une priorité depuis bien longtemps. Elle a été déclinée notamment dans le volet «Matériaux», qui est l'une des thématiques les plus anciennes de l'université, impliquant sa plus grande communauté scientifique. Cette thématique fédère des chercheurs dont les compétences concernent l'élaboration des matériaux, la compréhension de phénomènes physiques en lien avec leurs propriétés structurales ou physico-chimiques, et/ou des applications potentielles de ces mêmes propriétés. «Une attention particulière a été accordée à des axes de recherche en lien avec les priorités nationales et régionales en matière de R&D et de développement industriel, à savoir: l'automobile, l'aéronautique, la céramique, la nanotechnologie, l'énergie, les nano-composites, les polymères et les biomatériaux», nous explique Abdellatif Miraoui, président de l'Université Cadi Ayyad. Autre pôle d'excellence, le leadership national incontesté de l'université en matière d'énergies propres, corroboré par le nombre de projets R&D financés, de publications à fort indice d'impact et par les formations dispensées en la matière. L'université est également «pionnière de la recherche scientifique au Maroc dans le domaine de l'eau et de l'environnement en domiciliant depuis plus de 20 ans, le pôle de compétences nationales «eau et environnement» et le Centre national de l'eau et l'énergie. L'Université Cadi Ayyad structure des activités de recherche interdisciplinaires sur des questions sociétales cruciales ayant trait aux nombreuses composantes de la thématique ''Eau et environnement''», ajoute-t-il. L'université compte également plusieurs pôles d'excellence, notamment le pôle «Géosciences, géo-ressources, planétologie et astrophysique», mathématiques, agro-sciences, territoire, société et gouvernance, ingénierie... Au sein de l'Université Mundiapolis, le choix a été fait de développer des pôles d'excellence pédagogique dans toutes les filières proposées, à savoir 38 filières toutes accréditées et réparties en 6 pôles d'enseignement : Sciences de la santé, ingénierie, business school, sciences politiques, sociales et juridiques, classes préparatoires, formation éxecutive. A l'instar d'autres universités qui se sont positionnées sur des secteurs industriels clés, l'Université Mundiapolis a développé deux nouveaux pôles d'excellence : l'aéronautique et la santé, deux secteurs en forte demande de compétences de haut niveau. «Prenons l'exemple de notre Ecole supérieure d'ingénierie. Celle-ci, de par son expertise en ingénierie et management aéronautique associée à notre situation géographique au cœur du plus grand hub régional aéronautique à l'aéropôle Mohammed V, nous positionne naturellement comme le pôle d'excellence auprès des nouveaux acteurs internationaux tels que Bombardier, LEONI, SAFRAN mais également institutionnels comme le GIMAS», détaille Amine Bensaid, président de l'Université Mundiapolis. En ce qui concerne l'UIR, celle-ci propose une offre de formation pluridisciplinaire qui couvre de nombreux domaines de formation. Les enseignements sont nourris par les activités de recherche et par les étroites relations tissées avec le monde industriel et professionnel. Cela dans un souci permanent d'insertion professionnelle et de réussite des étudiants. C'est le cas du pôle ingénieurie aérospatiale qui dispense des formations en anglais de haut niveau sur 5 ans dans le domaine de l'aéronautique et du spatial. Cette formation d'excellence, ouverte à l'international englobe des domaines de compétences étendus, conjuguant une formation théorique rigoureuse à une recherche technologique appliquée. «Nous considérons que c'est une formation d'excellence du fait que l'entrée à ces universités est très sélective et nos étudiants ont pu y accéder de façon assimilée à celles de leurs homologues américains ou internationaux qui ont suivi leurs cours dans ces établissements». Cette formation permet aux étudiants de passer au moins 15 mois à la fin de leur cursus dans l'une des deux universités américaines Georgia Institute of Technology ou l'Université du Mississipi, permettant ainsi une double diplomation. Et d'insister : «Au sein de l'UIR, on cherche à développer surtout un label d'excellence aux standards internationaux, c'est surtout ça le pôle d'excellence qui nous tient à cœur. C'est un grand pas vers l'excellence que d'avoir des accréditations internationales (quelles soient américaines ou européennes) toutes filières confondues. Lorsqu'on figure sur les classements au niveau international c'est considéré comme un gage de qualité des évaluateurs internationaux». Le but est de disposer d'une puissance et d'un impact scientifique de premier plan, permettant de se distinguer auprès des étudiants mais également de se hisser aux meilleures places des classements des universités mondiales. C'est le cas du classement de Shanghai ou le classement des universités arabes publié par l'U.S. News & World Report, qui procèdent à l'évaluation des universités en fonction du nombre de recherches publiées, de leur influence dans le monde universitaire, de l'importance du budget destiné à la recherche ou encore du nombre d'étudiants étrangers accueillis dans l'établissement. C'est ainsi que l'Université Cadi Ayyad de Marrakech vient de conforter sa position en tête des universités marocaines, du Maghreb et de l'Afrique francophone, selon le dernier classement établi par «The world's ranking of universities in Brics and emerging economies» (classement mondial des universités des pays issus du BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – et des économies émergentes). L'UPM, quant à elle, innove cette année en proposant à ses étudiants d'ajouter des dimensions supplémentaires à leurs programmes de formation comme l'option d'internationalisation ou encore le management pour les scientifiques. «Nous lançons cette année, en partenariat avec l'Emlyon Business School, un double cursus permettant aux étudiants UPM des programmes scientifiques et ingénieurs d'acquérir une double compétence scientifique et managériale, très recherchée aujourd'hui par les employeurs pour qui ces profils hybrides présentent un intérêt très fort pour la vision globale qu'ils possèdent de leur métier et du secteur dans lequel ils évoluent. Ils possèdent en outre la capacité à mieux cerner les besoins de leurs clients et peuvent proposer des solutions business en plus de solutions techniques». Pour toutes ses filières d'excellence, l'Université Mundiapolis fonde sa pédagogie sur un modèle unique à mi-chemin entre le modèle français (la spécialisation) et le modèle américain (la créativité et la liberté d'esprit). «Notre force est de former des étudiants compétents pour être les meilleurs spécialistes dans leur domaine tant sur le plan des compétences techniques que sur celui des compétences comportementales». Tendance de plus en plus généralisée dans les établissements supérieurs...