Sur les 30 millions de m2 de tissu (équivalents produits finis) pouvant être exportés annuellement vers les Etats-Unis, 6,5 millions seulement l'ont été Les entreprises marocaines encore frileuses vis-à -vis du marché américain Les ventes ont quand même fait un bond de 52% en un an. Sur le quota annuel de 30 millions de m2 (équivalents produits finis) en franchise de droits de douane octroyés en 2006 à une cinquantaine d'entreprises textiles dans le cadre du NBO (New Business Opportunities), programme mis en place en juin dernier pour accompagner celles qui souhaitent vendre sur le marché américain, seulement 6,5 millions ont finalement été exportés. Ce volume reste faible aux yeux de nombreux opérateurs qui estiment que les entreprises sont peut-être prudentes et craignent encore d'aller sur le marché américain toujours considéré comme «difficile d'accès». Une autre raison est invoquée par les professionnels : l'attachement des exportateurs marocains à leur client traditionnel, l'Europe. Il faut à cet effet rappeler qu'en 2006 les entreprises ont fait un énorme effort commercial sur l'Espagne qui a détrôné la France pour occuper la place du premier client du Maroc. Les exportations sur le marché espagnol ont atteint 9,6 milliards de DH contre 7 milliards en 2005. Même en considérant que le quota était annuel alors que le mesure est effective depuis 6 mois et que l'on est au début du processus, les professionnels jugent les réalisations faibles, ce qui n'est pas l'avis des institutionnels qui, eux, considèrent qu'il ne faut pas s'arrêter aux 6,5 millions de m2 mais plutôt considérer les exportations textiles réalisées par le Maroc sur le marché américain au cours de l'année dernière. Les représentants du NBO, l'Amith (association des textiliens) et le ministère du commerce et de l'industrie s'accordent à dire que «les performances marocaines sont encourageantes». Le Maroc a exporté en 2006 environ 34 millions de dollars (soit 300 MDH) de produits textiles vers les USA. Des contacts porteurs noués lors du Magic Show de février 2007 Selon Otexa, organisme américain de statistiques textiles, la valeur des exportations marocaines vers les USA est beaucoup plus importante, avec 99 millions de dollars (environ 1 milliard de DH). L'écart entre les chiffres marocains et américains s'explique par le fait qu'Otexa comptabilise les exportations de produits marocains faites à partir de pays européens. Les exportations sur le marché américain ont enregistré, selon le ministère du commerce et de l'industrie, une hausse de l'ordre de 52 % par rapport à 2005. C'est la filière de la bonneterie qui a principalement bénéficié de cette augmentation avec 102 %. La branche chaà®ne et trame a, quant à elle, augmenté ses ventes de 34 %. Ces résultats sont dus à l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange Maroc-USA et à l'application de la flexibilité sur les règles d'origine qui permet aux entreprises marocaines de s'approvisionner partout dans le monde tout en bénéficiant des avantages de l'accord. Mais ce n'est pas l'unique raison puisque la mise en place du NBO y est également pour beaucoup. Ce programme permet un accompagnement des entreprises marocaines afin de tirer le meilleur profit des possibilités d'accès au marché américain. Ainsi, les experts du NBO fournissent une assistance technique aux entreprises exportatrices et les aident à élaborer des plans d'exportation, sans compter l'encadrement lors de salons spécialisés. Exemple, au cours du Magic Show (salon textile) de Las Vegas, en avril 2006, les opérateurs ont décroché des commandes de l'ordre de 90 MDH. Lors de la dernière session, qui s'est tenue du 13 au 16 février 2007, les cinq entreprises présentes n'ont certes pas eu de commandes mais plutôt des ordres de commandes, soit la réalisation d'échantillons de 2 000 à 3 000 pièces. «Mais quand un donneur d'ordre américain commande des échantillons, c'est que l'affaire sera certainement conclue», dit-on au bureau du NBO. Les niches, une carte à jouer face à la Chine Par ailleurs, «trois donneurs d'ordre se disent fortement intéressés par une coopération avec les entreprises marocaines et des missions seront organisées lors des prochains mois pour approfondir les contacts», précise-t-on au ministère de l'industrie. Des enseignes travaillant pour de grandes marques (Ralph Lauren et Calvin Klein) viendront au Maroc au cours du mois d'avril pour faire de la prospection. Outre l'habillement, des actions de promotion sont aussi en cours pour la filière du tissu d'ameublement. «Des contacts sont pris avec les consortiums d'exportation, notamment le consortium Founoun, pour des mises en relation avec des entreprises américaines», expliquent les responsables du NBO au Maroc. Toujours dans le cadre des mises en relation, le Coton Board, association US du coton, effectuera, en avril, une visite de 4 jours au Maroc. Les responsables du programme NBO mettent donc les bouchées doubles. Le Maroc dispose d'atouts non négligeables pour se positionner et faire face à la concurrence de la Chine. Trois facteurs jouent, selon certains industriels, en sa faveur : l'exonération des droits de douane, la réactivité (le délai du Maroc avoisine aujourd'hui les 6 semaines alors que la Chine en est encore à 4 mois) et la qualité de la production. Le taux de rejet pour les produits marocains est nettement inférieur à celui des produits chinois. Autre carte à jouer, le positionnement dans des petites niches spécialisées. Focus Une entreprise réalise 50% des exportations ! Sur les 6 millions de m2 exportés en 2006, 50 % l'ont été par une seule entreprise : Mornatex, filiale du groupe anglais Courteauldt qui vient d'être rachetée par Pacific Dumlop, multinationale australo-chinoise. Spécialisée dans la confection féminine (de la lingerie au sportswear), Mornatex qui exporte 70 % de sa production sur le marché US a réalisé en 2005 un chiffre d'affaires de 135 MDH. Pour le premier trimestre 2007, elle a déjà utilisé 250 000 à 300 000 m2. L'entreprise dispose de bureaux commerciaux aux USA qui font la prospection et la promotion des produits. Autre exemple : Le Petit Poussin , entreprise de bonneterie. Ses responsables estiment que ce marché est très porteur. «Nous exportons depuis 3 ans maintenant sur ce marché des produits moyen de gamme et nos exportations connaissent une évolution régulière. Notre chiffre d'affaires est passé de 600 000 dollars (5,4 MDH) à environ 1 million de dollars (9 MDH). Et nous comptons enregistrer une croissance annuelle de 20%», détaillent-ils. Pour s'attaquer à ce marché, Le Petit Poussin, qui a investi 22 MDH pour l'augmentation de sa production, dispose d'un bureau aux Etats-Unis, pays oà1 ses responsables se rendent 4 à 5 fois par an.