Je viens d'une entreprise où nous étions non seulement très à l'aise mais aussi encouragés à apporter nos idées. Ils nous arrivaient souvent d'entendre notre manager nous demander de le contredire. Il avait l'habitude de dire que nous devions, nous, son équipe, être son premier challenger. Mais là où je suis c'est complètement différent : mon boss est une boule de susceptibilités en concentré ! Pour lui, ne pas être d'accord avec sa façon de voir les choses est considéré littéralement comme une insulte personnelle ! Et j'avoue que je ne me retrouve pas du tout dans cette dictature d'idées et les silences qui en résultent. Que me conseillez-vous ? M.O.- Rabat Le business et l'ego. Lorsque l'ego rencontre le monde de l'entreprise, il produit des résultats pour le moins surprenants. Ainsi, des enjeux stratégiques majeurs peuvent être réduits à zéro juste parce qu'on n'a pas su communiquer avec les FORMES certaines données à ces personnes. Il en résulte des frustrations très importantes, et ce, pour toutes les parties ! Si votre manager ne sait pas gérer la contradiction c'est probablement parce qu'il n'a jamais eu l'habitude de cela mais c'est aussi parce que le contredire revient -pour LUI- à ne pas reconnaître ses compétences et SES QUALITES DE LEADER ! Et cela peut arriver lorsque nous avons un manque évident de confiance en soi. Oui, je sais, cela peut paraître contradictoire, car vous avez l'impression que votre manager est au contraire très confiant en lui mais ce n'est pas le cas. C'est parce qu'il n'a pas confiance en lui qu'il ne peut «souffrir» la contradiction car il ne sait pas comment gérer cela. Et sur cet aspect vous avez très peu de champ d'action, ce serait en fait à son n+1 de l'alerter et de l'encourager à se remettre en question. Il s'agira donc d'agir sur le seul levier à votre disposition: VOUS-MEME ! Se taire à jamais ? Si vous êtes très impliqué dans votre travail et que vous avez à cœur que les dossiers avancent dans le bon sens et à la bonne vitesse, il est certain qu'opter pour une voie qui ne vous semble pas la bonne va être très difficile à vivre pour vous. Alors vous pouvez décider de vous taire et subir le diktat que vous impose votre boss. Mais en serez-vous capable? C'est une vraie question n'est-ce pas ? Vous devrez donc accepter qu'une solution simple prenne du temps à être implémentée et probablement que la paternité en soit endossée par votre boss. Encore une fois : en serez-vous capable ? Principe 26 Dale Carnegie S'il y a bien un principe qui s'appliquerait à votre «boss» c'est celui-ci : «Laissez votre interlocuteur sauver la face». L'image, la réputation, l'autorité sont des éléments sans doute très importants pour votre boss : aussi, vous allez devoir apprendre à maitriser la «contradiction diplomatique» ! Ça n'est pas forcément une compétence très agréable à acquérir et à appliquer mais il me semble que cette voie là est la plus pertinente dans votre cas. Aussi, ne contredisez pas votre boss en public, amenez-le à adhérer à vos idées de manière graduelle, et évitez les «passages en force». Je sais, cela n'est pas encore une fois ce que la logique d'un monde qui requiert au contraire rapidité, flexibilité et communication directe nous dicte, mais la logique lorsqu'il s'agit d'émotionnel est une donnée discordante du problème. Mais, faire en sorte de gérer ces émotions (et les nôtres), garder en tête l'objectif final et rallier nos interlocuteurs à nos idées (y compris notre boss), c'est finalement cela faire preuve de leadership ! A vous de jouer !