Maintes voix se sont élevées ces derniers jours pour prôner l'annulation du festival Mawazine. Le festival dans sa dixième édition est ainsi tombée dans le collimateur de la ferveur populaire et du mouvement du 20 février. Je vais le dire aussi clairement que je le peux : je suis contre l'annulation de Mawazine. En premier lieu, ce festival a su donner une ampleur à la capitale et au pays : Voir des artistes de renommée mondiale affluer des quatre recoins du monde pour se donner rendez-vous sur les scènes de Rabat et de Salé est une immense promotion pour la culture au Maroc. Allant de B.B.King à Cat Stevens en passant par Mayda Al Hanaoui, Abdelouahhab Doukkali et de multiples artistes, le festival a su devenir un carrefour international pour les mélomanes. Presque tous les goûts y sont satisfaits à travers ses huit scènes et le choix est toujours quasi difficile. Libre à vous de ne pas apprécier un certain ou une certaine chanteuse, mais ce n'est pas pour autant une raison pour puiser dans le stigmatisme et lier l'image du festival à un seul artiste ne faisant pas l'unanimité parmi les tympans des spectateurs. Pour les plus pragmatiques d'entre vous, n'oubliez guère que durant la période sur laquelle il s'étale, Mawazine donne aussi un nouveau coup de souffle à l'économie de la capitale à travers l'atmosphère engendrée. Venons-en là où anguille sous roche il y a. Ce qui a gravement nui à la réputation du festival, c'est qu'il émane de Mounir El Majidi avec sa fameuse association Maroc-cultures. La corruption de celui qui est devenu l'un des ennemis publics les plus prestigieux de la société marocaine a su porter son ombre sur ce festival. Scander 'Non à Mawazine' est devenu une synecdoque à 'Majidi dégage'. D'autant plus qu'avec un ministère disloqué de la culture, les autres aspects des arts et de la culture se sont trouvés gravement atteints et tombés dans une déchéance incomparable. Et quand Mawazine se détache du lot, la plaie de l'injustice se ressent encore. Et c'est pour cette raison que Mawazine doit être mis à pied d'égalité avec les autres manifestations culturelles ou plutôt une attention aussi importante que celle accordée à ce festival devra être accordée aux autres aspects de la culture, car culture n'est pas seulement musique. Un des autres arguments formulés par les détracteurs du festival est la pauvreté. Est-ce parce qu'on souffre de chomage et de la pauvreté qu'on doit tout annuler ? Pendant que vous y êtes appelez aussi à l'annulation du festival du cinéma de Marrakech, de Tanjazz, du festival des musiques sacrées de Fès et de toute autre manifestation culturelle sous l'excuse que ces derniers puisent dans l'argent public. Je suis contre l'annulation, parce que j'ai toujours cru que détruire n'est pas la solution. Au lieu d'appeler à l'annulation, on doit exiger une rationalisation des dépenses et une transparence totale des ressources du festival. Au mieux, appeler à ce que le festival soit parrainé par une autre figure que Majidi. Le moindre centime douteux et venant de l'argent public doit être écarté si manipulation sournoise s'y trouve. En regardant les choses d'une autre perspective, on constate que le mouvement du 20 février commence à éparpiller ses efforts en se concentrant sur des requêtes de ce genre. Les exigences politiques sont à mettre dans le premier ordre tant que la conjoncture est favorable, ce qui ne le sera pas pour toujours … à votre avis, La priorité revient à annuler Mawazine ou à fermer le centre de détention de Témara ou des exactions affreuses sont commises sur les détenus ? Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.