L'absence de la CGEM à la rencontre des hommes d'affaires turcs et marocains a suscité critiques et interrogations auprès des participants. Les organisateurs ont annoncé la présence de 132 entreprises turques. «Pensez-vous que le lapin en colère fait mal à la montagne ?». C'est ainsi que s'est exprimé un homme d'affaires turc en commentant la décision de la CGEM de boycotter la réunion conjointe entre hommes d'affaires marocains et turcs organisée lundi 3 juin dans l'après-midi dans un hôtel à Rabat. «C'est le Maroc qui a besoin de l'expérience turque et non pas l'inverse», ajoute l'entrepreneur, un homme élégant d'une soixantaine d'années, au regard perçant. Il ajoute, en parlant un arabe fluide : «La CGEM n'est pas l'unique composante du tissu économique marocain, par conséquent son absence ne porte pas préjudice à cette réunion». Interrogé par Lakome sur l'argument de la CGEM, selon lequel le patronat a été informé trop tard, notre interlocuteur répond non sans ironie : «Cet alibi n'est pas crédible, je pense qu'il s'agit de l'un des obstacles dressés devant le gouvernement marocain ; nous suivons tout ce qui se passe au Maroc». "Cette décision a été dictée à Mme Bensalah" A l'extérieur de la salle de réunion, Aziz, un homme d'affaires marocain, sirote un café et fume une cigarette. Il commente la rencontre : "c'est honteux. C'est mauvais pour le Maroc. Il n'est pas raisonnable de trouver plus de Turcs que de Marocains, lors d'une réunion de la plus haute importance pour le pays. C'est irresponsable de la part de la CGEM". Abdenasser El Otmani, un homme d'affaires marocain de la ville de Settat, partage les préoccupations d'Aziz et considère que la démarche de la CGEM est irresponsable et ne sert pas les intérêts du Maroc, niant fermement que soit la décision propre du patronat. Selon lui, cette décision politique contre le gouvernement "a été dictée à Mme Bensalah". La même opinion est défendue par un haut fonctionnaire, qui a requis l'anonymat, qui affirme qu'il s'agit d'un conflit entre cercles politiques. L'un veut cantonner les relations commerciales au giron français, alors que l'autre cherche à sortir un peu des carrés étrangers classiques pour s'ouvrir à toutes les expériences internationales, en particulier les expériences réussies comme en Turquie. 132 entreprises turques selon les organisateurs De son côté, Abdelaziz Lazraq, président régional pour "Amal Entreprises" à Casablanca, qui a organisé la réunion en coordination avec l'Association des industriels et hommes d'affaires turcs (Musiad), se dit surpris par la justification de la CGEM pour boycotter la réunion. Il affirme que toutes les personnes présentes à la réunion ont reçu l'invitation le même jour que la CGEM. Il s'interroge : «Pourquoi alors toutes les associations et chambres professionnelles y ont assisté ?». «Ce n'est plus l'époque des protocoles bidon mais celle de l'action» avance Abdelaziz Lazraq, grand de taille, la quarantaine, la barbe noire bien fournie. Selon lui, la Maroc «a besoin aujourd'hui de ceux qui servent ses intérêts partout, et non pas nécessairement via les tribunes et les salons climatisés». Il nie tout impact négatif de l'absence de la CGME sur la réunion, affirmant que tout s'est bien passé. Il y avait pourtant très peu d'entrepreneurs marocains présents... Les organisateurs indiquent que 132 entreprises turques ont participé à cette réunion, toutes membres de l'association Musiad.