Encerclement de maisons, patrouilles musclées, rafles et arrestations... Tel est l'accueil réservé à plusieurs mouvements sociaux ayant protesté ce week-end. Le point. Ce dimanche après-midi, le M20 de Casablanca s'est donné un rendez-vous protestataire dans le quartier de Sbata. Avant 16h, pendant que les activistes se rassemblent et s'organisent pour le début de la manifestation, ils sont surpris par un impressionnant arsenal policier, venu les accueillir. Les deux endroits d'ou la manifestation allait probablement se déclencher sont tout de suite encerclés par la police, qui découvre par la suite que les organisateurs sont réunis dans la maison d'un activiste habitant dans le quartier. Immédiatement, la porte de la maison fut « sécurisée », plus personne n'a le droit d'entrer, ni de sortir. A l'intérieur, Abderrahman Benameur le leader du Parti de l'avant-garde démocratique socialiste (PADS) a eu beaucoup de mal à accéder au quartier. « Un commissaire de la police m'a demandé de m'éloigner du périmètre et face à ma résistance il m'a menacé de me déplacer par ses propres moyens » a-t-il expliqué à Lakome, dans une appel téléphonique. Mounaim Ouhetti, militant du PADS également raconte que les militants ont fini par se rassembler dans un sit-in, ayant mobilisé quelque 800 personnes, et qui a duré une demi-heure avant d'être violemment dispersé par les forces de l'ordre. Une membre du Comité central de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), Samira Kinani, affirme « n'avoir jamais vu autant de forces de répression venus interdire une aussi insignifiante protestation en termes de nombre ». Cette journée du 13 mars a également connu le retour de ceux que les activistes qualifiaient de « Baltagias », des casseurs protégés par les autorités. Ces derniers ont poignardé l'activiste du M20 Casablanca, qui est en ce moment aux urgences du CHU Ibn Rochd, également encerclé par les forces de l'ordre. Par ailleurs, les rafles se sont poursuivies et trois militants ont été arrêtés par les forces de l'ordre. L'avocat Mohamed Messaoudi témoigne également de la présence policière et du caractère musclée des interventions « Pour disperser le sit-in, les motards de la police ont foncé droit dans le sit-in et visaient les militants ». A Ouarzazate, les autorités n'ont pas été tendres avec les syndicats. Un simple sit-in organisé par la Confédération démocratique du travail, a été attaqué par les forces de l'ordre. Les personnes présentes attestent que l'intervention a été très violente. Selon Nabila Mounib, leader du Parti socialiste unifié, « Omar Oubouhou, Secrétaire général du PSU à Ouarzazate a reçu un coup de brodequin dans le rein, il est hospitalisé actuellement ». Quatre autres syndicalistes ont dû être transportés à l'hôpital suite à la répression de leur sit-in. Selon un communiqué de la CDT, les autorités n'ont pas eu recours qu'aux méthodes réglementaires de la dispersion, « les autorités ont utilisé des armes blanches pour déchirer les pneus des voitures des militants », l'indignation des passants a également été un motif pour se faire passer à tabac, toujours selon le communique du syndicat. Selon le site d'information Hespress, un responsable de la police aurait sous-entendu que le ministère de l'Intérieur avait émis des directives strictes quand aux manifestations de ce dimanche. D'ailleurs, les protestations à Oujda, Nador, Tanger (vidéo ci-contre), Marrakech et le samedi à Rabat ont eu droit au même traitement réservé aux militants à Casablanca. En ce moment-même, les protestations à Sidi Ifni se sont transformés en véritables affrontements entre la population et les forces de l'ordre. Selon un militant d'ATTAC Sidi Ifni, la coordination locale du 20 février a décidé de rester en sit-in ce soir dimanche, « mais tout de suite, les forces de l'ordre ont violemment réprimé le rassemblement, et maintenant il y a des affrontements entre les habitants et la police, les deux parties se jettent des pierres ».