La venue de sa Majesté le Roi dans la région de Benslimane augure de bonnes perspectives. Longtemps délaissée par les investisseurs, la région se met à la recherche des projets de relance dont notamment, le développement du tourisme et la création d'une Zone industrielle. Cette dernière est censée créer plus de 5000 emplois. La ville de Benslimane tout entière n'attend qu'une chose en début mai 2006 : la visite de SM le Roi Mohammed VI. Cette première revêt une importance capitale. Car, "elle est porteuse d'espoir et ce sera le début de la relance économique dans toute la province", explique Abderrahim Atmoun, président de la Région de Chaouia-Ourdigha, dont dépend Benslimane. Il est temps que cette province, qui fait partie de l'axe El Jadida-Khemisset, la seule méga-région que compte le Maroc, puisse tirer son épingle du jeu. Le déménagement de l'aéroport Casa-Anfa vers Benslimane constitue une véritable opportunité. Son premier atout est incontestablement sa situation géographique. Coincée entre Casablanca, Rabat et Settat, la ville de Benslimane jouit d'une position géographique privilégiée. Elle se trouve dans l'axe Casablanca-Kenitra, celui-là même considéré jusqu'à une date récente comme l'unique véritable zone industrialisée du Maroc et où plus de 80 % des investissements du pays étaient orientés. Benslimane n'est qu'à 45 minutes de route à la fois de Rabat et de Casablanca. «Benslimane n'a pas eu à profiter des investissements qui ont été injectés dans la grande mégalopole Jedida-Skhirat dont elle fait partie. Notre espoir est grand de voir les choses changer. La vision globale du souverain consistant à réduire autant que possible les disparités entre les régions nous y aidera sans doute», estime Khalil Dehy, président de la Commune de Benslimane. La réalisation de ce vœu est non seulement très possible, mais pourrait ne pas prendre du temps eu égard aux immenses potentialités naturelles dont recèle la région. Bien que non pourvue de nappes phréatiques pour l'irrigation, la région pratique l'agriculture sous pluie où elle tire une grande partie de sa richesse. L'élevage notamment d'ovins, de caprins et de bovins y est aussi assez développé ; ce qui peut inciter les investisseurs à venir s'y installer pour créer des fermes spécialement orientées vers l'agrobusiness. En outre, la forêt constitue incontestablement un autre atout majeur de la région de Benslimane, grande par son étendue et riche par sa composition. Après celle de Maâmora, elle est classée deuxième avec une superficie de 60.000 hectares parsemée d'une futaie de liège. Si ces potentialités ne cherchent qu'à être valorisées pour la relance de l'économie locale, force est de constater que Benslimane et alentour bénéficient d'un autre point fort, qui sera dans les années à venir à l'origine d'un véritable rush de la part des investisseurs en tout genre. Il s'agit de son microclimat doux et sain, de sorte que certains inconditionnels n'hésitent pas à le qualifier d'Ifrane de la Chaouia. C'est un plus pour le développement de l'écotourisme très recherché aujourd'hui par un genre de touristes internationaux ou nationaux fortunés. Nombreux sont les jeunes Casablancais de moins de 15 ans atteints d'asthme ou de bronchite asthmati-forme qui se voient prescrire purement et simplement un déménagement vers Benslimane. Absence de projets Nonobstant cette réalité sur le terrain, Benslimane et sa région restent vierges. “Nous disposons d'un site naturel agréable, mais jusqu'à présent, rien n'a été entrepris comme initiative pour le valoriser”, poursuit le président de la Commune de Benslimane. Et d'ajouter : “Pourtant avec nos réserves, au printemps, des milliers des pique-niqueurs viennent passer de beaux moments sur les sites naturels”. Malheureusement, ces touristes de fortune venus souvent de Casablanca ne laissent à Benslimane que des déchets sous forme de bouteilles en plastique que les communes qui n'ont perçu aucune redevance se voient obligées de nettoyer. Il s'agit sans conteste d'un argument de plus qui doit inciter les décideurs à regarder un peu de ce côté-là. Une chose est certaine, c'est que cette région est délaissée depuis de nombreuses années. Elle a besoin par conséquent d'être soutenue pour répondre aux besoins en emplois exprimés de plus en plus par les jeunes et perceptibles à travers l'exode rural. "Le taux de chômage est ici un des plus élevés comparativement aux autres provinces de l'axe El Jadida-Khemisset", explique Khalil Dehy. D'ailleurs, en l'absence de chiffres sur le chômage, on peut citer ceux de la pauvreté fournis par les résultats du dernier recensement. Le taux de pauvreté est de 13,9%, alors qu'il n'est que de 6,4% à Salé ou 2,73% à Rabat. C'est conscient de la nécessité de redresser la barre que l'ensemble des élus et des autorités locaux allant de la région aux différentes communes en passant par le gouverneur de Benslimane et le wali de Settat qu'ils n'ont pas hésité à frapper à la porte des ministères pour les forcer en quelque sorte à mettre la main à la poche. Une zone industrielle sur le point d'être commercialisée C'est dans ce contexte particulier qu'une Zone industrielle (ZI) de 34 hectares vient de voir le jour sur un terrain appartenant au domaine privé de l'Etat. Mais, il n'est pas question de faire une zone industrielle polluante qui nuirait dans ce cas à la réputation de la province. Ainsi, seules des industries légères seront autorisées. Il y a deux zones déjà délimitées dont la première sera réservée aux activités artisanales avec des superficies de 170 m2 environ. Le second type de terrain d'une surface de 500 m2 constitue la zone d'activité industrielle proprement dite. La création de cette ZI fut possible par la conjugaison d'un certain nombre d'efforts et d'actions dont ceux du ministère du Commerce et d'Industrie qui a subventionné le projet à hauteur de 6 millions de dirhams. Quant à la Commune de Benslimane, elle a apporté au projet 5 millions de dirhams sous forme d'infrastructures hors sites. De même, le Conseil de la région a été appelé à contribution à hauteur de 1,2 million de dirhams. Et ce n'est pas tout ! De son côté, la SNEC devenue El Omrane s'est adjointe au projet en aménageant ce terrain domanial qui a servi de site d'accueil à la zone industrielle. Déjà une superficie de 12 ha, soit plus du tiers de ce terrain, a été entièrement aménagée et sa commercialisation débutera au mois de mai 2006. Les premières entreprises ne tarderont pas à s'y implanter avant la fin de l'année 2006 ou au plus tard vers le premier trimestre 2007. En réalité, tout a été mis en œuvre par les initiateurs du projet pour attirer les investisseurs. Le prix est l'un des principaux arguments qui ne manqueront pas d'attirer les foules. Au niveau du prix de base, dans la zone d'activité artisanale, le prix du mètre carré est de 250 dirhams. Celui-ci est justifié par la relative petitesse des lots de terrain qui sont d'une moyenne de 170 m2, faut-il le rappeler. En ce qui concerne la zone affectée à l'industrie, le prix du mètre carré est fixé à 100 dirhams pour des terrains de 500 m2. «Cependant, tous ces prix peuvent varier légèrement à la hausse en fonction de l'emplacement», estime Khalil Dehy. À terme, cette zone industrielle permettra la création de 3000 à 5000 emplois. Relance par le tourisme : deux zones en attente d'aménageurs Les autorités de Benslimane ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. En effet, elles ont bien d'autres cartes dans leur manche. Et c'est d'atouts touristiques qu'il s'agit visiblement. En effet, la création de deux zones touristiques à Benslimane est aujourd'hui une réalité. La première d'une superficie de 48 ha se situe à la lisière de la forêt, la seconde de 16 ha est en face du golf. Ces deux terrains ne posent pas de problèmes d'apurement puisqu'ils appartiennent au domaine privé de l'Etat à l'image de la zone industrielle. L'étude d'aménagement de ces deux projets est effectuée par le ministère du Tourisme. Quant à la recherche d'un promoteur investisseur, on avance que deux solutions sont envisagées. Soit un promoteur investisseur se manifeste et on lui cède le développement des projets, soit on procède par appel d'offres pour attribuer l'aménagement et la commercialisation des lots. « Quoi qu'il en soit, notre objectif est de faire vite pour finaliser ces projets. La CDG développement pourrait être intéressée. Tout est possible », estime le président de la commune de Benslimane. Il ne fait aucun doute, ce volet du tourisme constitue sans contexte l'un des atouts majeurs de Benslimane compte tenu de la richesse de son paysage où domine la verdure avec un arrière-pays propice à la chasse, mais également une proximité des deux plus grands centres urbains que sont Casablanca et Rabat et la côte atlantique de Bouznika. D'ailleurs, c'est par rapport à sa rivale de toujours que Benslimane devra se battre pour attirer les investissements touristiques, mais aussi industriels et de services. Quoi qu'il en soit, c'est avec beaucoup d'espoir que Benslimane entame sa mue et entend devenir un pôle de croissance de la région de Chaouia-Ourdigha. Les Jardins de Benslimane la limite du golf, les Jardins de Benslimane sont devenus une zone touristique où les acquéreurs potentiels, notamment européens et nord-américains, se bousculent au portillon. Dans ce havre de paix et de douceur, on y a bâti pour une valeur de 1,5 milliard de dirhams 600 appartements, 300 villas et 100 riads. On estime le prix de vente d'une villa à pas moins de 2 millions de dirhams, celui d'un appartement d'un million. Outre ces réalisations, il est aussi prévu la construction d'un hôtel cinq étoiles d'une capacité d'accueil de 180 chambres. Dédoublement de l'axe routier Mohammedia-Benslimane 'autres grands chantiers verront le jour dans la région. L'une des priorités est le projet pour dédoubler la voie routière qui dessert la région de Benslimane en provenance de Mohammedia. Ce dédoublement arrive à point nommé dans la mesure où il va faciliter l'implantation des entreprises dans la toute nouvelle zone industrielle. C'est la meilleure manière de désenclaver Benslimane et ses environs et de les relier de manière plus efficiente aux métropoles dans lesquelles existent port, aéroport international et zones de logistique. À cet égard, le ministère de l'Equipement et la Région participent à hauteur de 50 % chacun pour son financement. Le coût global est estimé entre 100 et 120 millions de dirhams. Le lancement des travaux est prévu pour cet été 2006. Ces réalisations sont importantes pour le développement du secteur du tourisme. L'effet d'entraînement de ces réalisations sera également d'un impact indéniable sur le développement du tourisme. Car, Benslimane pourra aspirer à être une ville de résidence pour les travailleurs de Casablanca et pourquoi pas de la troisième génération de retraités européens à la recherche d'un havre de paix.