Pêche : Des richesses non valorisées Les ressources du Sud contribuent à hauteur de 74 % à la production nationale et représentent 60 % en termes de valeur. Il s'agit ainsi de l'un des secteurs les plus présents dans l'économie sahraouie, mais aussi celui qui suscite le plus de débats, de mécontentements et de problèmes. Conflits autour des licences de pêche, protestations des élus et habitants de la région contre le phénomène de poisson transit (poisson pêché dans les provinces mais déchargé ailleurs notamment à Agadir par manque d'infrastructures locales), effondrement de la ressource notamment le poulpe… Les démêlés avec les autorités centrales sont multiples et aucun ministre de tutelle n'a su jusqu'à présent trouver une solution à tous ces problèmes. Du côté des professionnels, peu de choses ont été faites pour la valorisation du produit. A titre d'exemple, 50% de la production de Lâayoune sont destinés à la production de la farine de poisson. Un crime contre la ressource mais qui est justifié en partie par l'état vétuste de la flotte et des infrastructures. Tourisme : Que de niches à explorer ! Le tourisme est un secteur d'avenir pour les trois régions du Sud qui jouissent d'un potentiel considérable s'appuyant sur des paysages variés et désertiques. Malheureusement, et depuis la récupération de ces provinces, aucune volonté politique de développement du tourisme n'a été exprimée. Et même si des actions individuelles de promotion ont été entreprises, cela se heurtait souvent à une infrastructure hôtelière très pauvre. A Laâyoune, qui est la grande ville du Sahara, il est désastreux de ne trouver que deux hôtels 4 étoiles et un seul 3 étoiles, où réside une grande partie des membres de la Minurso. Par ailleurs, le manque de qualification touristique ne permet même pas d'envisager des séjours combinés entre des villes du Sahara d'une part et Las Palmas ou Agadir de l'autre. Là, on gagnerait à développer un tourisme de découverte qui a bien réussi à nos voisins tunisiens. Agriculture : Débuts prometteurs Les superficies agricoles utiles ne constituent pas plus de 1,5% de la superficie totale des territoires sahariens, avec une prédominance de la culture vivrière. Même si l'agriculture n'est pas le fort des provinces du Sud, beaucoup d'efforts ont été déployés, essentiellement à Taourta, dans la région de Dakhla. Là, la nappe phréatique riche en eau douce a permis de développer des cultures de tomates, de pastèques ou encore de bananes sous serres, dont une bonne partie est destinée à l'export vers les USA et les Iles Canaries. Quant à l'élevage camelin et caprin, et qui a été affecté dans les années de guerre, on essaye de reconstituer le cheptel avec des visées à l'export. L'élevage bovin se développe également, puisqu'il satisfait 40% des besoins de la région. De même pour le secteur avicole, où 30 à 40% des besoins sont satisfaits localement. Phosphate : Le vrai du faux Les avis divergent quant aux volumes de la production, générée par le gisement de Boucrâa, situé à 100 km au sud-est de Laâyoune. L'homme de la rue parle de ce gisement comme étant l'un des plus importants parmi les quatre mines de phosphates du Royaume. Les chiffres officiels en disent autrement. La vente des participations des Espagnols dans la société Phosboucrâa, aujourd'hui détenue intégralement par l'OCP, apporte un éclairage sur la question. Opérée il y a plus d'un an, cette transaction a été réalisée «à la limite du don vu que la société n'a jamais pu générer de bénéfices à cause de sa petite production», affirme Hassana Maoulainaine, directeur du CRI de Lâayoune. Pourquoi dit-on alors que le centre est en train de pomper les richesses en phosphates du Sud ? L'amalgame serait accentué par les thèses du Polisario qui évoquent pêle-mêle la production nationale, y compris celle des provinces sahariennes. Sur les 28 millions de tonnes de phosphates produits par le pays, seuls 2 millions sont extraits de Boukrâa. De plus, au rythme actuel d'extraction, ce gisement a une durée de vie qui ne dépasse pas les quinze ans au-delà de laquelle il faut déployer de très gros moyens que l'Etat ne saurait assurer, vu la difficulté de la chose. Carrières de sable : Un monopole de fait Parler des carrières de sable dans le Sud revient à parler de Hamdi Oueld Errachid, frère de Khallihanna, l'actuel président du Conseil consultatif des affaires sahariennes. Il détient la quasi-totalité (pour ne pas dire la totalité) des licences d'exploitation et exporte l'intégralité de la matière extraite, soit quelque 80.000 tonnes produites par an aux Iles Canaries. Ces îles réputées pour être une destination touristique de renommée font systématiquement appel au sable sahraoui pour meubler une plage rocailleuse. Un marché juteux malgré les nuances de Khallihanna sur les colonnes d'Assabah où il évoque le transport comme étant un paramètre qui grève l'activité.