Fédéralisme et régionalisation En tenant un forum unique dans les annales, les partenaires allemands des Fondations germaniques très actives au Maroc, Friedrich Ebert Stiftung et Hanns Seidel, et l'ambassade d'Allemagne au Maroc, ont donné l'exemple d'un partenariat d'accompagnement des réformes politiques et institutionnelles dans le Royaume en venant partager, le lundi 27 mars, l'expérience de la réussite des Landers devant un parterre garni de parlementaires nationaux, de chercheurs et universitaires, d'acteurs de la société civile et des représentants politiques. Bravo, mille fois bravo, nos amis et partenaires germaniques pour avoir été les premiers à répondre à de nombreuses sollicitations dans la foulée du périple triomphal de la visite Royale dans les provinces du Sud ponctuée par un discours recadrant le projet d'autonomie à la souveraineté nationale. C'est cette autonomie dont le plan sera soumis au Conseil de Sécurité de l'ONU en avril prochain qui reste à concrétiser en offrant les meilleures garanties et les mécanismes de gestion décentralisée des affaires locales sahariennes aux habitants de cette région. Ce forum maroco-allemand sur le thème “Fédéralisme et régionalisation dans le contexte allemand et européen” a été relevé par deux sommités professorales de la Fédération championne européenne des Landers autonomes qui ont successivement présenté le cas allemand et celui de certains Etats communautaires, notamment l'Espagne et l'Italie, la France étant un Etat unitaire sans structure fédérale et à régionalisation administrative et l'Angleterre un Etat à tendance centralisée (Grande-Bretagne). Il s'agit respectivement des professeurs Christian Starck et Heinrich Scholler. Solution impérative pour le Sahara Le principal enseignement du forum a bien été résumé par l'ambassadeur Gottfried Haas, ressortissant, comme il l'a rappelé, du Land allemand le plus pauvre (Brême) mais loin, cependant, d'être à court d'idées et de compétences : “Oui, ce sujet de régionalisation et d'autonomie locale est d'une grande actualité au Maroc, surtout après le discours Royal de Laâyoune qui donne une nouvelle impulsion à la question de la démocratisation et de la régionalisation remontant au premier plan dans le Royaume. En fait, il n'existe pas de modèle unique ou universel abstrait de fédéralisme et de régionalisation transposable à un autre pays. Chaque Etat doit trouver sa voie propre”. Comme l'Allemagne qui, d'ailleurs, est sur le point d'introduire des amendements en réformant son dispositif des Landers, comme quoi, bien sûr, nul n'est parfait. Mais il serait illusoire de croire que le “Fédéralisme allemand s'appliquera un jour au Maroc. Il n'en est pas question, c'est clair”, ont tenu à clarifier nos partenaires européens pour lever toute équivoque. Pourtant, Dieu sait si la démocratie et la culture de la décentralisation et de l'autonomie sont ancrées dans le peuple germanique. Mais disons que les Allemands ont beaucoup apprécié le geste de feu Hassan II qui, dans un discours historique à Fès, avait appelé le Maroc à s'inspirer de l'exemple des Landers, et pour cause, ils se sont mis à table pour nous révéler les clés de la réussite de leur propre voie vers la démocratie régionale et locale. Sauf que pour le cas du Royaume, le niveau Land est trop avancé puisque chacun des 20 “Etats fédérés” peut disposer de sa propre Constitution, son parlement local et le contrôle de ses ressources budgétaires par le jeu de la péréquation financière entre les Landers. Il faut souligner, aussi, que la soif d'en savoir plus de nos parlementaires et sensibilités nationales, les Daoudi du PJD, Nouzha Skalli du PPS, Saïd Mouline de l'USFP et autres Bouchra Khyari du FFS, a mis nos invités allemands à rude contribution. Le résultat, au final de la rencontre, c'est que le substrat du message est bien passé chez les nôtres, applaudissant sans compter les responsables et professeurs germaniques qui ont magistralement contribué à faire avancer la réflexion chez nous. Pour sa part, Jürgen Therez, Délégué régional de la Fondation Hanns-Seidel, a eu le flair de suggérer à la réflexion en insistant sur une contrainte que la Maroc doit absolument lever dans les meilleurs délais : “Il faut absolument trouver une solution acceptable à la question du Sahara qui empoisonne le climat maghrébin depuis plus de trente ans. Aujourd'hui, des opportunités nouvelles se présentent pour contribuer au règlement rapide de la question : une vraie autonomie dans le cadre d'une unité nationale fondée sur le respect des principes d'un Etat de droit avancé”. Tout est dit dans cette formule !