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Fouzia Imansar, gouverneur de l'Agence urbaine de Casablanca : « Le secteur privé ne doit pas perdre de vue la qualité des logements sociaux et leur durabilité »
Que ce soit la problématique de dérogations pour augmenter le nombre des autorisations à construire ou de la qualité des logements sociaux que le secteur privé est appelé à bâtir ou encore des villes-satellites autour du Grand Casablanca, le gouverneur de l'Agence urbaine de Casablanca, Fouzia Imansar, n'en a éludé aucune. Entretien. La Gazette du Maroc : Vu les spécificités de Casablanca, faut-il revenir sur le système de dérogation pour augmenter le nombre des autorisations à construire ? Fouzia Imansar : Ce que vous appelez le système de dérogation qui, faut-il le rappeler, découle d'une circulaire conjointe du ministre de l'Intérieur et du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme, constitue une approche de gestion de projets exceptionnels d'investissement dont l'importance dicte une adaptation de la réglementation pour des motifs d'intérêt général. Maintenant, si ces objectifs ne sont pas atteints, il y a lieu effectivement d'imaginer un système plus approprié et plus durable. Le mieux serait de revenir à la normale, c'est-à-dire à la norme qui est par définition objective et impersonnelle. C'est ce que nous nous efforçons de faire en œuvrant à la sortie de documents d'urbanisme souples et dotés d'une capacité d'adaptation à l'évolution rapide de la métropole, mais aussi à travers la mise sur le marché d'une offre foncière immédiatement abondante sur trois sites que sont la nouvelle Zenata, la couronne périurbaine et le site d'Anfa. Le secteur privé est prêt à s'engager dans le chantier du logement social. Pour ce faire, il demande l'aide des pouvoirs publics quant au raccordement des différentes zones en biens collectifs. À ce niveau, quels sont les projets de l'Agence urbaine de Casablanca ? Le secteur privé, depuis 1995 et, grâce à l'appui incontestable des autorités publiques, est fortement engagé dans le chantier du logement social. Et je crois qu'il est aussi conscient de l'enjeu socio-économique à relever et de la nécessité de trouver des équilibres entre la rentabilité et la viabilité des opérations d'habitat social, notamment en ne perdant pas de vue la qualité des bâtiments et leur durabilité. Il s'agit aussi de prévoir les équipements sociocollectifs nécessaires pour ne pas aggraver le sous-équipement patent constaté, en particulier, dans les arrondissements péricentraux et communes périurbaines. La cherté du logement social à Casablanca est en grande partie une conséquence de la pénurie de la réserve foncière ou du phénomène spéculatif. Avez-vous arrêté une stratégie d'ensemble pour résoudre ce problème endémique à Casablanca ? Cette situation est en partie liée à une mise en œuvre incomplète du Schéma directeur autonome urbain (SDAU) de 1985. Le SDAU avait préconisé l'ouverture du territoire de Aïn Harrouda à l'urbanisation, ce qui n'a pas été fait, entraînant le report de la demande de foncier sur des zones non ouvertes à l'urbanisation. Pour répondre à cette demande, les pouvoirs publics ont eu un recours important aux dérogations que vous venez d'évoquer. De manière générale, le foncier appelle une stratégie cohérente et adaptée qui doit s'appuyer sur la mise en place d'une structure d'intervention foncière, en mesure de constituer un portefeuille foncier public, d'anticiper le développement urbain et de réguler le marché foncier. Bien sûr, des mesures législatives et réglementaires sont fortement recommandées pour encadrer et soutenir son action : droit de préemption, zone d'aménagement concerté et fiscalité immobilière. Pensez-vous que la politique de ville-satellite autour de Casablanca soit une solution au problème de l'urbanisme ? C'est une solution parmi d'autres qui permet de desserrer la pression sur les centres périphériques (Dar Bouazza, Bouskoura, Médiouna…) appelés à se repositionner dans le cadre de l'armature urbaine régionale et jouer un rôle complémentaire par rapport à la ville centre, en tirant parti de leurs vocations propres, leurs spécificités ainsi que des atouts qu'ils recèlent et qui ont été jusqu'ici inexploitées. Tout cela doit se faire dans une logique cohérente que doit définir le nouveau SDAU.