Vol de sable cÔtier et marin au niveau de la rEgion tanger-tEtouan Les dunes et les plages du littoral de la région de Tanger-Tétouan sont les principaux gisements qui répondent au besoin en termes d'approvisionnement en sable d'un marché en pleine expansion, en l'occurrence le secteur du bâtiment et travaux publics. En effet, depuis quelques années, cette région connaît une croissance urbaine des plus importantes du pays. Aussi, abrite-t-elle actuellement une panoplie de projets structurants d'une importance nationale et internationale. (Port Tanger-Med, la liaison autoroutière et ferrée Tanger-Port, Tanger-Med, la rocade Tanger-Sebta, l'autoroute Fnideq-Tétouan…) qui nécessitent des quantités colossales de matériaux. Devant cette forte demande, les plages se trouvent excessivement menacées par l'exploitation des sables côtiers et marins, mettant ainsi en cause l'équilibre de l'écosystème à l'origine. En effet, la modification du littoral est causée aussi bien par des phénomènes naturels que par des actions contrôlées de l'Homme : l'épuisement de stock sédimentaire littoral, la réduction des apports terrigènes, la surélévation du niveau de la mer estimée à 1,5 mm par an en moyenne, les emprunts de sable sur les plages et la réalisation d'ouvrages en bordure du domaine public maritime ou d'ouvrages portuaires, arrêtent tout ou partie du transit littoral. Dans ce contexte, la mise en place de solutions adéquates s'avère primordiale pour éviter une pénurie de sable, ce qui entravera la réalisation de nombreux projets en BTP de la région. De ce fait, ce secteur mérite une rationalisation, une organisation adéquate, un contrôle minutieux et une attention collective particulière. L'exploitation du site de Haouara Le site Haouara relève du ressort territorial de la commune rurale de Boukhalef, préfecture de Tanger-Asilah à une vingtaine de kilomètres au sud de Tanger. En 1988, le site a été autorisé à titre exceptionnel et provisoire à extraire du sable afin de lutter contre l'ensablement de la route nationale N°1 entre le PK21 et le PK26. Cette exploitation abusive à nos jours a conduit à une situation alarmante. Constat d'aujourd'hui : épuisement et conflits sociaux. Epuisement : • Recul de trait de côte • Dénudation de la plage en sable • Déséquilibre de l'écosystème dunaire Conflits sociaux : Forte demande pour l'octroi des autorisations d'extraction et création d'une association des petits camionneurs affiliés à l'UMT avec une tendance de repositionnement sur la scène régionale « syndicat, Rabita et FNBTP ». Pour la FNBTP de la région Tanger-Tétouan, l'utilisation du sable des dunes et des plages, sans traitement, présente des conséquences dangereuses sur la qualité des bétons et aciers ainsi que sur la dégradation du littoral. Pour la Rabita, le refus de l'octroi de nouvelles autorisations est une décision sage de la part de la commission sans pour autant renoncer à leurs acquis. Cependant, la couche sociale menacée par telle ou telle décision est l'association des pelleteurs, dont le seul gagne-pain est la pérennité de cette exploitation. Devant l'ampleur de la situation qui prévaut dans ce conflit, la solution n'est autre que la fermeture définitive du site précité à toute extraction du sable sans oublier l'intégration des pelleteurs précités dans toutes les solutions de substitution envisagées afin de faire face à la pénurie de ce matériau dans la wilaya. Ce que disent les responsables Nous nous sommes rendus sur le site en compagnie de nos confrères, de Bakhti, Directeur régional de l'Equipement, de Ajdi, directeur du port, et Hajji, chef de service programmation et d'études économiques pour constater les dégâts causés à cette plage qui est une atteinte à l'environnement. Bakhti : « Il nous faut une trentaine d'années pour que cette plage retrouve son ensablement, la crainte est évidente ». Quant à Outhmane Mernisi, président de la FNBTP, il demande à ce qu'on trouve une solution à ce problème. Il a posé la question : pourquoi donc la solution de substitution n'a-t-elle pas été préparée ? Il répond tout simplement que la réserve de Haouara devrait en principe être épuisée en 2008, et l'ampleur des chantiers et des travaux dans la région a fait que les ressources ont étés épuisées plus vite que prévu d'un côté, et d'un autre, l'écosystème a réagi à la dégradation importante subite de la plage, à tel point que la ressource ne se renouvelle plus. Il y a urgence, a dit Mernisi, pour le moment, il ne faudrait pas que les camionneurs, les entreprises et les promoteurs profitent de cette situation. Le président lance un appel d'apaisement pour amener tout le monde autour d'une table pour envisager des solutions possibles en tenant compte des intérêts de tout le monde.