Lancement d'un marché pour la promotion du capital-risque et de l'activité de titrisation, mise en route d'un nouveau mode de gestion pour mobiliser l'épargne, introduction de nouvelles fonctions dans le management du groupe tels que la gestion du risque et l'audit interne. Tout les moyens sont bons pour asseoir une structure à même de conforter le dispositif de contrôle et de pilotage déjà en place à la Caisse. Ahmed Darouich le directeur central du pôle participations et placements nous a accordé un entretien pour faire le point de la situation. La Gazette du Maroc : La CDG s'est engagée dans le lancement d'un marché pour la promotion du capital-risque et de l'activité de titrisation. Quels sont les atouts que la CDG devrait capitaliser pour réussir sa percée dans ces deux modes de financement de l'économie? Quels sont les avantages qui sont susceptibles d'être dégagés d'un financement par capital-risque? Pouvez-vous nous faire le point sur le lancement de ce marché ? Ahmed Darouich : Sur le volet titrisation, il est important de rappeler que la CDG, en tant que levier de mobilisation de l'épargne, joue un rôle de premier plan sur le marché primaire en canalisant une partie de cette épargne vers des secteurs en besoin de financement. Plusieurs instruments sont utilisés à cet effet. La titrisation dont le premier fonds vient d'être lancé serait sans doute parmi les mécanismes auxquels il sera fait recours à l'avenir pour accroître la mobilisation de l'épargne. Dans les conditions actuelles, seul le secteur du logement est en mesure d'en bénéficier. Mais le potentiel de développement de ce type de financement est important du fait que le périmètre de la loi sur la titrisation, comme c'est le cas dans d'autres pays, pourrait être étendu à d'autres secteurs tels que le tourisme, les télécoms, le transport et les autoroutes. Sur le marché secondaire, l'intervention de la CDG est tout aussi importante notamment en tant qu'animateur de marché et pourvoyeur de liquidité. Par ailleurs, l'expérience, le savoir-faire ainsi que la présence de la CDG au sein des différents compartiments du marché des capitaux représentent d'autres atouts favorables au développement d'activités telles que la titrisation notamment sur le plan de l'organisation et de la standardisation. Pour ce qui est du capital risque, vous savez que la CDG a lancé, au début de 2002, le Fonds Accès Capital Alantique doté de 300 millions de DH et destiné à financer des PME marocaines à fort potentiel de croissance. Le lancement de ce fonds s'inscrit dans une démarche visant à faire du métier du capital investissement un axe stratégique de développement. Au plan économique, il s'agit de contribuer à la dynamisation de l'investissement productif en apportant des financements de haut de bilan à des entreprises en phase de croissance ; sachant que les modes de financement dominants aujourd'hui se limitent au financement bancaire traditionnel et au recours aux actionnaires. Le capital investissement, quant à lui, reste encore marginal, malgré la création plus ou moins récente d'une bonne douzaine de fonds. Il est de nature néanmoins, en plus des fonds propres ou quasi-propres qu'il permet d'apporter, à contribuer au développement chez les entreprises d'une culture de partenariat basée sur la création de valeur et sur la transparence. La promotion de ces véhicules d'investissement participe bien évidemment aussi d'une logique financière, puisque l'objectif par ailleurs est de réaliser des retours sur investissement satisfaisants. C'est dans le cadre de cette vision que nous nous apprêtons à lancer un fonds d'amorçage qui sera dédié aux PME marocaines innovantes et de haute technologie. Ce fonds qui sera abondé de 55 millions de DH sera orienté sur les secteurs techniques, notamment les NTIC et les sciences de l'ingénieur et sur l'innovation, au sens large, dans les produits et les services. Pourquoi un fonds d'amorçage ? Il vient d'abord compléter le dispositif existant d'aide à la création de l'entreprise en permettant d'apporter un appui aux incubateurs (il en existe une quinzaine aujourd'hui) et l'accompagnement nécessaire aux porteurs de projets. Plus concrètement, le fonds va s'associer à l'élaboration du projet et investir aux côtés du ou des promoteurs dès le premier tour de table. Donc le fonds d'amorçage apportera un “plus” important en fournissant des fonds propres et de l'accompagnement. Il est bien évident qu'en ciblant des projets innovants et nouvellement créés, un tel fonds prend forcément des risques plus forts mais ses interventions vont, in fine, contribuer à générer des flux de projets pour les fonds de capital risque, à développer l'innovation, créatrice de valeur ajoutée, et à promouvoir l'esprit d'entreprise. Quels sont les partenariats noués par la CDG pour asseoir une structure du capital-risque? La CDG s'est associée, pour la création de Accès Capital Atlantique, à la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDP) qui souscrit au fonds à hauteur de 100 millions de DH, soit le même investissement que celui de la CDG. La CDP est un partenaire de premier choix, étant l'un des plus importants gestionnaires d'actifs en Amérique du Nord dont l'expertise est reconnue dans le domaine du Capital risque. Des partenaires marocains non moins prestigieux sont également au tour de table, à savoir Axa Assurances Maroc, CNIA Assurance, MAMDA / MCMA et Wafa Assurance qui ont l'avantage d'avoir une très bonne connaissance du tissu économique marocain. La même démarche nous a guidé pour la création du Fonds d'amorçage. Nos partenaires sont d'abord la Caisse des dépôts et consignations française, qui compte parmi les acteurs reconnus du capital risque et de l'amorçage en France et en Europe, la Banque européenne d'investissement (BEI), ainsi que des souscripteurs marocains dont l'ONA et Maroc Télécom. Pouvez-vous nous relater les étapes par lesquelles est passée la société Maghreb titrisation et quel est l'état des lieux des réalisations aujourd'hui? La CDG a apporté sa contribution, en partenariat avec le CIH et d'autres investisseurs, à la création de Maghreb Titrisation (MT) qui a pour objet l'ingénierie financière, la structuration, la gestion et le dépôt de fonds de titrisation. Après la finalisation des formalités de constitution, MT a entamé sa phase opérationnelle en octobre 2001 avec la mise en place d'une équipe pluridisciplinaire dont la mission était de réaliser les travaux d'organisation interne et de développement d'outils de gestion et de systèmes d'information et surtout le montage et l'émission du premier fonds de placements Collectifs en Titrisation (FPCT). Comme vous le savez, en avril 2002, il a été procédé, en effet, au lancement, avec succès, de CREDILOG I qui est le premier FPCT marocain, arabe et africain ( à l'exception de l'Afrique du Sud) d'un montant de 500 millions de dirhams, pour le compte du CIH. Cette première opération a permis au Maroc d'intégrer le cercle réduit des pays ayant mis en place la titrisation et au CIH de se financer à des conditions très avantageuses. Aujourd'hui, nous espérons, et nous travaillons avec nos partenaires dans cette direction, pouvoir attirer d'autres clients et lever un autre fonds de titrisation pour le premier trimestre 2003.