Peur incontrôlable des souris, du vide ou de la foule ? Vous souffrez peut-être de phobie. Le point sur cette angoisse maladive qui peut gâcher la vie. De la simple peur éprouvée dans une situation difficile à la véritable phobie, il existe une grande différence. Il faut savoir que l'anxiété est une sensation normale. Elle est présente chez tous les êtres humains. Mais, selon les circonstances, elle peut revêtir des formes différentes, de la simple inquiétude à l'angoisse et même à la terreur. Parfois, elle se manifeste de façon anormale et devient une maladie à part entière, qui prend la forme d'une phobie. Dans ce cas, l'anxiété se cristallise sur des situations particulières : le sujet ne ressent pas d'inquiétude dans son quotidien, mais l'angoisse surgit dès qu'il est confronté à la situation qui déclenche la phobie. L'avantage est que l'angoisse est évitable facilement : il suffit de ne pas être confronté à la situation qui la crée. Mais l'inconvénient, c'est que de nombreuses phobies correspondent à des situations que l'on rencontre souvent tout au long de sa vie: elles peuvent de ce fait devenir très invalidantes. Six milliers de phobies Plus d'une personne sur dix est sujette à des phobies plus ou moins importantes. Les causes de ce trouble ne sont pas connues. Il y a souvent une prédisposition familiale, et elles sont légèrement plus fréquentes chez les femmes. Elles existent chez de nombreux enfants et disparaissent alors souvent à l'âge adulte. Dans notre monde moderne, la peur des serpents n'est pas très grave et ne gâche pas la vie de ceux qui l'éprouvent. Mais d'autres phobies sont beaucoup plus délicates à gérer. Les plus fréquentes sont : la claustrophobie : peur des endroits clos, ascenseurs, avions, chambres fermées par exemple ; les zoophobies : peur de certains animaux, souris, chiens, chats notamment. L'association psychiatrique américaine recense 6 456 phobies distinctes : des plus courantes comme l'arachnophobie (peur des araignées) aux plus rares comme…- attention, prenez votre respiration ! -…l'apopathodiaphulatophobie (peur de la constipation !) (Voir encadré). Les psychiatres distinguent deux grandes sortes de phobies. D'une part, les phobies sociales : peur de situations dans lesquelles on est confronté aux relations avec les autres (crainte de parler en public, crainte exagérée de ses supérieurs, timidité anormale dans ses relations personnelles…), et, d'autre part, les phobies d'objets ou de situations qui n'impliquent pas les relations sociales (claustrophobie, peur des animaux…). Les phobies sociales sont les plus gênantes. Elles sont caractérisées par une peur irrationnelle des situations en public (peur de parler, de rougir, de trembler ou de bégayer). C'est la peur du jugement d'autrui, elle est souvent mêlée au sentiment de ne rien valoir, à une mauvaise estime de soi-même. De la phobie au handicap Si beaucoup de phobiques ne souffrent qu'assez peu de leur trouble car ce qui déclenche leur phobie est facile à éviter (on peut se passer de prendre l'ascenseur sans trop de difficultés si l'on n'habite pas au 30ème étage), les phobiques sociaux, quant à eux, sont sévèrement handicapés dans leur travail et leurs relations personnelles. Leur maladie peut les conduire à la dépression. Une erreur, une maladresse, les embarrassent bien plus que nécessaire. Ils rougissent facilement, ont l'impression que tous les regards sont tournés vers eux. Leur peur principale se concentre sur telle ou telle situation : parler en public, parler à ses supérieurs, faire la cour… Dans de nombreux cas, ce handicap les conduit à limiter drastiquement leurs relations et leur vie sociale, à l'exception de quelques amis ou parents très proches. Autre phobie sociale très handicapante : l'agoraphobie, caractérisée par la peur des espaces découverts ou trop peuplés, la peur d'être loin de chez soi et d'avoir un malaise ou une crise de panique. Elle empêche de vivre, de sortir et de communiquer. Cette pathologie grave peut conduire, faute de traitement adapté, à un isolement social, à une dépression, ou encore amener celui qui en souffre à des comportements “d'autothérapie” dangereux (consommation excessive d'alcool ou de tranquillisants pour fuir la peur) qui peuvent entraîner un état de dépendance du malade. De la phobie à la guérison Les cas les plus difficiles nécessitent le recours à une psychothérapie. Les thérapies comportementales sont souvent couronnées de succès, associées ou non à des médicaments (anxiolytiques, bêtabloquants, antidépresseurs). Elles consistent à confronter le sujet à la situation phobique dans des circonstances peu menaçantes, voire virtuelles. Elles peuvent également être associées à des techniques de relaxation. Mais dans le cas où l'objet de la phobie est facilement évitable ou rarement rencontré, aucun traitement n'est nécessaire. De nombreuses femmes ont une peur panique des souris, des rats ou des cafards, mais cela ne les empêche pas de mener une vie normale. Dans d'autres cas, la phobie peut être traitée par des médicaments (anxiolytiques) lorsque la situation qui la crée ne peut être évitée. Ainsi, certains hommes d'affaires ont leur cocktail d'anxiolytiques qu'ils absorbent une demi- heure avant de prendre l'avion. Certains acteurs ou musiciens prennent des bêtabloquants qui calment le trac lorsqu'il est trop fort. On peut être célèbre ou puissant, et avoir sa petite faiblesse … Le vocabulaire de la phobie Ce sont, essentiellement, des mots créés à partir de racines grecques ou latines. • Aérodromophobie : peur de l'avion. • Amaxophobie : peur en voiture. • Thalassophobie : peur de la mer. • Acrophobie : peur des lieux élevés (sorte de vertige). • Hylophobie : peur des forêts. • Bélonéphobie : peur des piqûres administrées avec une seringue. • Nudophobie : peur de la nudité. • Ophidiophobie : peur des serpents. • Apiphobie : peur des abeilles. • Astraphobie : peur des éclairs. • Brontophobie : peur de l'orage. • Diapnophobie : peur de la transpiration. Comment échapper à votre phobie ? Voici quelques conseils pour rester zen et vaincre un par un les symptômes de votre peur. • Sensation d'étouffement : dans l'avion, dès que vous êtes enfermé dans l'appareil : habillez-vous de vêtements confortables, qui n'oppressent pas la respiration. Ne vous contractez pas, ne vous cramponnez pas aux accoudoirs. Reprenez le contrôle de votre souffle. Imaginez le chemin parcouru par l'air dans votre corps. Rappelez-vous qu'en cas exceptionnel de dépressurisation, un masque à oxygène tomberait automatiquement. • Mal de l'air : comme le mal de mer, il s'agit d'une sensation nauséeuse, qui s'accentue lorsque l'avion joue aux “montagnes russes” en traversant des trous d'air. Outre les remèdes habituels contre le mal de mer, inversez l'inspiration et l'expiration par rapport aux mouvements haut-bas de l'appareil. Pour vous rassurer, observez un verre d'eau : la secousse est de faible envergure puisque l'eau ne déborde pas. Fermez les yeux, ralentissez votre respiration et visualisez le mouvement d'une plume dans l'air : imaginez-vous à sa place… • Gorge sèche, irritée : mieux vaut beaucoup boire, mais évitez les excitants tels que le café et l'alcool, qui augmentent l'agressivité et la peur. • Nervosité, muscles tétanisés : demandez conseil à votre médecin avant de prendre un quelconque médicament. Par contre, déplacez-vous autant que possible : cela chasse l'ankylose et les idées noires ! • Angoisse, accélération du rythme cardiaque : distrayez-vous (livres, magazines), écoutez de la musique. De la musique douce, bien évidemment, pas des rythmes rock à base de guitares saturées !