Arts plastiques Hassan Echair fait partie de cette nouvelle génération de plasticiens bourrés de talent. Aujourd'hui il expose ses œuvres au Cube dans le cadre du Collectif 212. Une exposition digne de ce nom qui met en valeur toute la maîtrise d'un grand artiste. La Gazette du Maroc : Que signifie, dans votre parcours d'artiste, votre implication en tant que membre-fondateur du Collectif 212 ? Hassan Echair : Je crois que les bonnes idéesviennent toujours par nécessité ; celle du Collectif n'est pas le fruit du hasard, c'est un processus qui a pris le temps de mûrir. Depuis un certain temps, des liens se sont tissés entre ses membres, et à force d'aspirations partagées avec nos sensibilités particulières, les volontés se sont cristallisées autour de Driss et Elizabeth, qui nous accueillent pour cette première série d'expositions. Un artiste, c'est quelqu'un qui donne forme à sa sensibilité, à ses préoccupations, qui cherche à les partager avec d'autres, à exister à travers elles, à manifester, réagir, s'affirmer, s'exprimer. Pour cela, il lui faut un espace, un réseau de liens, un endroit pour se confronter avec d'autres artistes, des critiques, amateurs comme profanes, un public tout simplement. L. G. M. : Le Collectif 212 fait référence au Maroc comme plate-forme de création : pour vous qui rayonnez aussi à l'étranger, qu'implique le fait de vivre son art dans le Royaume ? H. E. : C'est un peu tôt pour présager de certaines évolutions, je ne veux pas m'improviser visionnaire. La seule chose dont je sois personnellement sûr c'est qu'aimant travailler avec le sérieux d'un enfant qui s'amuse, je m'efforce de garder un esprit libre, détaché des enjeux et contraintes de la société. À l'échelle du Collectif, chacun des membres a son petit parcours, sa petite histoire. Nos petits parcours et petites histoires réunis nous aideront, je l'espère, à réaliser ensemble un grand parcours et une grande histoire. Cette initiative me semble très positive et je pense réellement qu'elle peut avoir un impact sur notre environnement. L. G. M. : Dans le cadre de cette première exposition collective signant la naissance officielle du Collectif 212, chacun des artistes présente une œuvre d'un format similaire de 30x30 cm. Qu'avez-vous personnellement choisi d'exprimer à travers cette "fenêtre" ? H. E. : Ça ne va pas être une surprise, c'est une petite expérience qui garde les caractéristiques de mon travail en général, avec un accent sur l'attachement par force et tension entre les éléments qui le constituent. Déjà un attachement de la pierre, particularisé par la couleur noire, avec le support classique d'une toile marouflée sur contre-plaqué blanc, puis attachement avec son ou ses ombres qui marquent chaque passage de lumière, comme pour retenir l'instant. C'est une réflexion sur la rencontre d'éléments antagonistes, sur la mémoire, l'environnement, les sentiments, les structures. Réflexion aussi sur le poids, la trace, l'énergie latente, la transparence, la liberté, la fragilité, l'identité-non identité, la matière ou encore sur le temps et sa mesure. L. G. M. : Lors de l'exposition individuelle qui vous est consacrée à partir du 5 janvier 2006, nous pourrons découvrir plus largement vos dernières réalisations. Sans pour autant tout dévoiler, pouvez-vous déjà évoquer le sens de votre démarche actuelle et comment s'inscrit-elle dans votre évolution artistique ? H. E. : Pour moi c'est comme creuser dans la terre : vu de loin, c'est un trou dans le sol, mais si l'on y regarde de plus près, le trou est à chaque fois plus profond qu'avant. Mon équilibre tient en trois choses : la première m'attache et me retient là-haut, puis une autre m'attire et s'enracine vers les profondeurs. Entre les deux, un flottement, une recherche d'équilibre, des liens, des attachements. Vernissage de l'exposition de Hassan Echair le jeudi 5 janvier 2006 à 18h30 à l'espace d'art "Le Cube", Centre autrichien de Rabat, 11 rue Bizerte. Repères Installé à Tétouan et profondément inspiré par l'entre-deux continents, Hassan Echair interpelle l'éphémère, l'immatériel de la vie face à l'implacable course du temps. Liant intimement verre, pierres et cordages, ses structures invitent l'ombre et sa fuite, l'empreinte de l'instant sitôt révolu tel un assaut vers l'infini, défi à l'inconstance de l'univers. Dès le 5 janvier 2006, il donnera, à l'occasion de son exposition individuelle, un aperçu de son évolution artistique, qu'il décrit lui-même "comme creuser dans la terre : vu de loin, c'est un trou dans le sol, mais si l'on y regarde de plus près, le trou est à chaque fois plus profond qu'avant. Mon équilibre tient en trois choses : la première m'attache et me retient là-haut, puis une autre m'attire et s'enracine vers les profondeurs. Entre les deux un flottement, une recherche d'équilibre, des liens, des attachements." Expositions majeures - 2005 : “Installation”, Institut Français de Meknès, Maroc. - 2004 : La Nueva Escuela de Tétouan, Fondation Antonio Perez, Cuenca, Espagne et “Installation”, Goethe-Institut de Casablanca et de Rabat, Maroc. - 2003 : “H+M =10”, Centre Culturel de Warande, Turnhout, Belgique et “Appel du Nord n° 2”, Galerie Delacroix, Institut Français de Tanger, Maroc. - 2002 : “Artiste en création”, Palais de l'Unesco, Beyrouth et Khan-El-Ifranj, Saïda, Liban, et participation au 9ème festival de Vidéo Art de Casablanca, Maroc. - 2001 : “Mutations plastiques marocaines”, Collège Edmond