La veille de l'indépendance, les principales artères urbaines portaient soit des noms de généraux, soit des termes (symbolisant le protectorat au Maroc). Le premier geste de réappropriation de l'espace urbain par le Maroc consista à débaptiser ces avenues et à leur donner des noms de nationalistes… Les voies les plus importantes de toutes les villes du Royaume, portèrent bien évidemment le nom de Mohammed V, symbole de l'indépendance du Maroc. Partout l'avenue Mohammed V a d'ailleurs été une artère structurante essentielle (surtout en province). Le centre traditionnel des affaires de Casablanca a toujours été concentré entre l'avenue des FAR et le boulevard Mohammed V. Celui-ci était dédié aux commerces (de qualité), aux restaurants… avec des rues connexes. Cette configuration a prévalu jusqu'à la fin des années 60. C'est à partir du milieu des années 70, que l'on assiste à un basculement des activités tertiaires vers le rond-point Hassan II et le boulevard Abdelmoumen. Tout le centre de Casablanca, s'est petit à petit paupérisé. Il y a eu transfert d'un certain nombre d'activités. Bon nombre de commerces ont migré vers le quartier du Maarif, plus proche des nouvelles classes aisées. Les activités de loisirs se sont aussi déplacées. Le taux de fréquentation des cinémas du centre a diminué (télé, vidéos…). Les immeubles du centre-ville et notamment du boulevard Mohammed V, ont peu à peu changé d'affectation. De lieux d'habitations, ils se sont transformés en bureaux (qui dit bureau, dit public). Le fait de recevoir du public a accentué leur détérioration. Cette mixité des fonctions (cabinets d'avocats, de médecins, logements…) a créé d'autres problèmes. Les ascenseurs, se sont vite détériorés. Très peu d'immeubles ont des syndics structurés et qui fonctionnent correctement. Tout cela découle malheureusement du manque de civisme et d'entretien. Les propriétaires expliquent aussi que les loyers ont beaucoup baissé. Aujourd'hui, afin de préserver ces lieux de mémoire pour les générations à venir, plusieurs actions ont été menées (par l'association Casamémoire, la Commune Urbaine de Casablanca, l'Ordre des Architectes…).