Les Kénitris veulent célébrer convenablement le centenaire de leur ville, mais sont divisés sur la date de sa fondation. Alors que les uns soutiennent mordicus que la ville a vu le jour avec la construction du port au bord d'Oued Sebou par le résident général français de l'époque du protectorat, le Maréchal Lyautey, les autres estiment que la cité existait bien avant, produisant des correspondances adressées par des sultans du Maroc à des notabilités locales. (Par Hamid Garda) Ils citent notamment des lettres du sultan Moulay Ismaïl (1672-1727) à la famille Bouchtiine, à Kénitra, pour les assurer de son appui. La ville était un point stratégique, arguent-ils, et le port existait bien avant l'arrivée des français au Maroc car Oued Sebou a toujours été navigable. La ville s'appelait à l'origine "Knitra", un ponceau construit par les portugais sur oued Fouarat ou "oued souart" en amont de la casbah, qui fut détruit en 1928. Elle va prendre le nom de Port Lyautey à partir de 1932, pour ensuite reprendre son nom d'origine, "Knitra", en mars 1956, avec l'indépendance du Maroc. Dernièrement une table ronde organisée sur le sujet s'était achevée en queue de poisson. Certains participants avaient estimé que 1913 constituait la date effective de la création officielle de la ville autour du port militaire et commercial construit par le maréchal Lyautey, dont elle va porter le nom pendant près d'un quart de siècle. D'autres avaient mis en garde contre toute velléité de célébrer une date qui consacre le début du protectorat français au Maroc. Les participants ont retenu le principe de la constitution d'une commission pour faire les recherches nécessaires et présenter le résultat de ses travaux lors d'une réunion pour mettre fin à la polémique. +KENITRA: LA SPACIEUSE CITE DES ANNEES 70 EST A L'ETROIT+ Toutefois si la date de sa création pose problème, tout le monde convient, aujourd'hui, que Kénitra a connu une forte dynamique urbaine mais a besoin d'un lifting. La cité spacieuse des années soixante et soixante-dix, éclaircie d'espaces verts, aux rues et avenues bordées de platanes et d'orangers dont les fleurs embaumaient l'air, est aujourd'hui à l'étroit. Elle est envahie par le béton qui, faute d'espace, prend de l'expansion verticale dans un agencement qui paraît désordonné. Même l'ancienne église, qui faisait pourtant partie du patrimoine architectural de la ville, a été démolie pour faire pousser à la place une bâtisse de marbre blanc sans goût. Pour tenter baliser le terrain, l'Agence urbaine de Kénitra-Sidi Kacem a lancé une étude sur le projet urbain de Kénitra dans le cadre d'une nouvelle stratégie destinée à améliorer le cadre de vie urbain et mettre en place des plans adaptés pour mieux gérer les questions d'urbanisme et de planification future de la ville. Le projet, explique l'agence porte sur la réalisation des grands projets urbains qui fixent les priorités et déterminent les stratégies d'intervention de tous les acteurs en vue de redresser les dysfonctionnements de planification urbaine issus des changements et des problèmes résultant du rythme du développement urbain de la ville. L'agence a aussi lancé un appel d'offres pour une étude concernant le plan d'aménagement de la ville. Cette étude doit définir les instruments pour la mise à niveau architecturale et urbanistique de la ville et les aspects concernant les principales composantes du paysage de la ville, notamment l'harmonisation des façades, des espaces publics, des entrées de la ville et des principaux axes routiers. L'étude doit aussi porter sur la préparation d'un cahier des charges référence en matière d'architecture posant les normes de cohérence de l'espace urbain de la ville.