Un mur du XVIIe siècle érigé par Moulay Ismaïl est en voie de disparition face à l'indifférence de tous. Des descendants de Sidi Saïd, fondateur du Mausolée du même nom, parlent de spoliation de leurs biens. Meknes ne doit pas devenir une ville démantelée qui perd ses remparts. Pas moins de 57 personnes demandent que leurs terres leur soient restituées. Erradi Sadeddine, descendant en ligne directe, de Sidi Saïd Ben Boubker Bou Othmane parle en leur nom. Plus grave encore, un mur datant de l'époque de Moulay Ismaïl, proche du Mausolée de Sidi Saïd ( où l'oncle de Erradi Sadeddine, Sidi Mohamed Ben Mansour est enterré ) est en proie à des démolitions sauvages et en voie de disparition. Qu'en est-il exactement ? Un mur de l'époque de Moulay Ismaïl, démoli sur plus de 1000m Il s'agit d'un mur à l'entrée de la ville de Meknès, en venant de Rabat, situé à Sidi Saïd, à 1,5 km de Cheikh El Kamal et à 1km du Mellah. À l'origine, ce mur en pisé (d'un bel ocre) mesurait 1,200 km, (de Sidi Saïd au grand portail du Mellah). Aujourd'hui, suite aux démolitions sauvages et illégales, il ne fait plus que 120 m de long. Sa hauteur varie de 12m à 20m. Il jouxte la Mosquée Sidi Saïd, un des saints vénérés par les Meknassis. Nombreux sont les monuments remontant au règne du sultan Moulay Ismaïl (XVIIe siècle) qui avait entrepris de placer Meknès au premier rang des cités impériales: palais, mosquées, fontaines, jardins, écuries, magasins, greniers s'édifièrent sans discontinuer pendant 50 ans. Afin de protéger sa capitale des menaces extérieures, des convoitises des Espagnols qui occupaient d'autres villes marocaines, il l'entoura de bastions, de murailles et de portes monumentales. Depuis, de vastes jardins s'étalent entre les murs fortifiés successifs. Cette oeuvre eut un immense écho en Orient et en Europe, à la Cour de France notamment, auprès de Louis XIV. Aujourd'hui, la Mosquée Sidi Saïd fait partie d'un de ces fabuleux monuments (comme le palais Dar El Makhzen, Bab El Berdaïne, Bab El Mansour…). L'histoire raconte que Moulay Ismaïl voulait un mur qui permette aux aveugles de voyager d'une ville à l'autre, en le longeant tout simplement. C'est ainsi que d'autres remparts furent construits dans toutes les villes du royaume. Les autres murs de protection édifiés à la même époque à Meknès (Bab Mansour, Bab Mellah, Bab Jdid, Bab Berdaïne…) ont eu plus de chance que celui de Sidi Saïd. « Ils sont intacts aujourd'hui, ainsi que Dar Kbira et Sittinya où se trouve l'ancienne demeure de Moulay Zidane (Mezouar des Alaoui de Meknès) » nous explique Erradi Sadeddine. Plusieurs Dahirs royaux ont été établis, afin que ce « Sour Ismaïli » ne fasse l'objet d'aucune démolition. Il serait temps que l'on protège ce patrimoine national, s'il n'est déjà trop tard…