Mondial CAN 2006 (éliminatoires). Maroc – Botswana le 3 septembre Dernière ligne droite dans les éliminatoires combinées de la Coupe du monde et de la Coupe d'Afrique des nations avec des chances qui s'amenuisent dans la première épreuve (un seul qualifié par poule) à cause de la prudence exagérée du coach national contraignant ses troupes à la défensive. L'heure est à l'attaque et pour recourir à l'offensive il y a lieu de faire appel à un maximum de joueurs dotés de ce tempérament. Longtemps leader de son groupe, la sélection marocaine, après le pénible et lamentable nul ramené de Nairobi face au Kenya s'est retrouvée distancée par son homologue tunisienne victorieuse sur cette même formation, à domicile, en match retard. Dès lors les données ont changé et tout laisse penser que les deux représentants du Maghreb en découdront lors de l'ultime bataille du 6 octobre, en Tunisie, pour l'octroi du billet du bonheur. Ce jour là, la bande de Zaki devra passer par la victoire pour devancer son principal concurrent. Sinon, le beau rêve (un de plus) s'envolera pour la deuxième fois, comme pour le Mondial de 2002 avec la défaite concédée à Dakar devant le Sénégal. Et si avant ce “grand choc ” du 6 octobre, les deux équipes doivent au préalable engranger 3 points supplémentaires pour ne pas compromettre leur chance, tout indique que les sélections marocaine et tunisienne réussiront dans leur entreprise car ni le Botswana ni le Kenya (même à domicile et dans un match disputé à huis-clos) ne paraissent en mesure de les contrarier. Pour les deux Maghrébins, il s'agira d'une formalité et le goal – avérage jouera un rôle non négligeable. Le clan des irréductibles grossit Dans ce duel à distance entre les deux frères méditerranéens, c'est que si la Tunisie a déjà sa formation-type, le Maroc cherche encore la sienne et les derniers soubresauts dans le groupe n'ont fait qu'accentuer les divisions, les malaises et les tiraillements. Il faut surtout se garder de croire que c'est “l'affaire Naybet” qui a pourri le climat car pour être honnête et clair, il faut remonter à la CAN 2004 pour recenser tous les cas de brouille et de facheries, lesquels, assemblés, traduisent les relations conflictuelles entre Zaki et plusieurs titulaires. L'euphorie, pour ne pas dire la griserie de la campagne tunisienne l'an dernier, avec, à la clé une place de finaliste, a masqué beaucoup de choses et le public marocain, dans son ensemble, a cru que tout baignait dans le bonheur le plus total alors que la “réalité”, au fil des jours, laissait apparaître les fissures entre le coach et son groupe. La déliquescence était d'ailleurs prévisible avec le déficit de communication du coach qui n'est guère en mesure de “dialoguer” avec les joueurs issus de l'immigration (France et Pays-Bas), tous incapables de dépasser le stade des “salamalecs” en arabe. Le fossé n'a cessé de s'accentuer également sur le plan tactique qui desservait le talent de ces joueurs réduits au système ultra-défensif de leur coach. Mais il n'y a pas que les Chemmakh, Zaïri ou Abdessadki à se plaindre puisque Talal, Sefri, Kaddouri ont également “souffert“ de réflexions jugées déplacées de Zaki. Le clan des mécontents n'a cessé de grossir et depuis le dernier match amical Maroc-Togo en France, Moha est venu rejoindre les contestaires après son explication musclée avec le coach à la fin de la rencontre, dans les vestiaires. De source proche de Ouaddou, le défenseur de Rennes, a exprimé beaucoup de réserves pour poursuivre sa carrière chez les Lions de l'Atlas sous la houlette de l'actuel entraîneur. Cela en fait beaucoup pour constituer un ensemble solidaire et conquérant. Failles, faiblesses et défaillances Mais il n'y a pas sur ce plan-là que cette sélection marocaine manque d'arguments collectifs. Failles et défaillances sont aussi nombreuses que criardes et elles n'ont fait que s'amonceler pour, aujourd'hui, éclater aux yeux du pire aveugle (celui qui ne veut pas voir). Ainsi, en trois années de plein pouvoir, Baddou Zaki n'est pas arrivé à régler le problème de gardien puisqu'il aura réussi (si l'on peut dire) la gageure d'en aligner 5 (Fouhami, Jarmouni, Sinouh, Lamyaghri et Bagui) sans jamais trouver le bon keeper. Soit le comble pour un spécialiste du poste, secondé dans sa tâche par un autre grand nom du football national, Laâlou. Or, en football, c'est le fondement même d'une équipe. L'élément-clé qui donne confiance aux joueurs du champ. Et qui les sécurise. Pour ce match face au Botswana, Lamyaghri sort d'une opération chirurgicale et il vient tout juste de reprendre les entraînements. Bagui, sorti du chapeau tel un lapin par un prestidigitateur, n'a aucune expérience internationale et le but encaissé face au Togo à Rouen n'est guère fait pour rassurer. Alors jusqu'à quand ces tâtonnements alors que se profile déjà la bataille du 6 octobre ? En défense et, fidèle à ses principes, Zaki va pour une énième fois aborder cette rencontre avec une charnière centrale à 3 et même face à une formation du Botswana repliée sur elle-même, le coach national ne dégarnira pas son axe, quitte à priver le milieu d'un élément supplémentaire. La zone médiane, on peut en être sûr, sera confiée à deux récupérateurs et un meneur de jeu (si l'on peut décemment l'appeler ainsi) chargé d'alimenter le duo d'attaquants (probablement Chammakh – Hadji, même si ce dernier relève de ses blessures et n'a pas 90 mn dans les jambes). Dès lors les questions se bousculent : et pourquoi pas un milieu à 4 avec 3 joueurs à tempérament offensif, genre Skitioui – Moha – Boukhari et 1 seul récupérateur de base à choisir entre les Sefri, Hdiouad, Abdessadki voire Kharja ? Skitioui et Boukhari, maîtres à jouer dans deux grands clubs hollandais, Az Alkmar et Ajax, avec la totale liberté de manœuvre n'ont pas encore trouvé grâce auprès de Baddou Zaki. Faut-il croire que leurs entraîneurs bataves surestiment leur talent? Face au Botswana, il faut donner naissance à une nouvelle équipe des Lions de l'Atlas, solidaire, conquérante, séduisante et portée sur l'attaque et de cette formation jaillira la flamme du renouveau et l'étincelle de l'espoir. Cet espoir qui nous verra remporter la bataille du 6 octobre ouvrant le chemin du Mondial 2006. Car jamais le football marocain n'a disposé d'autant de joueurs – artistes talentueux. Il suffit tout juste de savoir en tirer la quintessence.