Nomination des walis, directeurs centraux et gouverneurs S.M le Roi a nommé plusieurs walis, directeurs centraux et gouverneurs. Ce vaste mouvement qui a touché l'administration territoriale a concerné treize des seize wilayas, quatorze provinces et quinze directions de l'administration centrale. Outre la signification administrative, cette nomination s'inscrit dans la perspective socio-économique et fait appel à une réorientation de la fonction territoriale, basée sur l'efficacité et la proximité. Cette fois, nous y sommes. A la veille de la mise en œuvre de l'Initiative nationale du développement humain, il est carrément exclu de ne pas faire le lien. Le communiqué officiel ne laisse aucun doute à cet égard. « Ces nominations s'inscrivent, note-t-il, dans le cadre des mouvements du personnel de l'autorité » qui ont pour objectifs essentiels, entre autres « la réalisation des projets de développement tracés par S.M le Roi », en particulier dans « le domaine du développement humain ». Il y est question également d'insuffler une nouvelle dynamique et de favoriser un climat propice au grand chantier que le Maroc connaît à travers tout le territoire national. Pour réveiller une machine de développement qui tourne au ralenti, l'aéropage concerné possède, indiscutablement, l'autorité, technique et politique cette fois, pour y réussir. Un signe parmi d'autres : des proches collaborateurs du Souverain sont propulsés à la tête de régions, Hassan Aourid est ainsi nommé wali de Meknès-Tafilalet et Mohamed Kabbaj présidera désormais aux destinées de la métropole. Depuis l'avènement de la nouvelle ère, l'idée de moderniser l'Etat en général et l'administration en particulier fait son bonhomme de chemin. Elle vise essentiellement l'adaptation de l'appareil administratif à une mutation multidimentionnelle, dont les deux volets essentiels restent la régionalisation et la mise à niveau sociale. L'outil espéré, le cas échéant, réside dans une optimisation des modes de fonctionnement dudit appareil pour palier de sérieux déficits et dysfonctionnements. En cela, les régions bénéficient désormais de compétences avérées et pointues. Repenser un projet politique pour la communauté qui dépasse le cadre administratif stricto sensu, est une autre manière pour faire aboutir ce Maroc en chantier. Ces intellectuels, à l'image d'Abdellatif Benchrifa, recteur de l'université Moulay Ismaïl à Meknès, nommé wali de la région Gharb-Chrarda Beni Hsen, ces technocrates à la main heureuse, à l'instar de Mohamed Hassad, idem pour « les valeurs sûres » de l'administration, sauront en faire une réalité quotidienne. Il y va d'ailleurs du sens même de l'espace public et de l'avenir de la gouvernance. 1 - Hassan Aourid : de l'art et du cœur Il est le célèbre discret par excellence. Intellectuel polyglotte, romancier raffiné, ce natif de Rachidia a, depuis l'avènement de la nouvelle ère, marqué l'actualité par son patronyme même. D'où, cette fatalité, aussi heureuse qu'édifiante : une fois nommé au poste de porte-parole officiel du palais Royal, le nom d'Aourid donne une voix et une image à une fonction qui vient de naître. Cela a certainement un nom : le sens d'une ère. Ou, précisément, l'art de se trouver, dans les règles, là où il faut au moment où il faut. Ce fils du peuple que le Souverain a nommé wali de la Région de Meknès Tafilalet et gouverneur de la préfecture de Meknès a toujours mérité la confiance, et du Souverain et de ceux qui ont eu la chance de le côtoyer. Aucun doute qu'il saura utiliser à plein les opportunités et les compétences dont recelle la région. Pas uniquement. Le style étant de l'homme, son talent d'intellectuel «engagé», son savoir-faire et son érudition seront, sans aucun doute, autant d'atouts que l'écrivain mettra au service de l'homme d'autorité. Il serait aussi réducteur qu'inapproprié de n'y voir que l'intellectuel, presque dépaysé de la gouvernance locale. Titulaire d'une licence en droit public, d'un diplôme d'études supérieures et d'un doctorat d'Etat en sciences politiques, il a occupé le poste de chargé d'études au ministère des Affaires étrangères de 1988 à 1992. Ce n'est d'ailleurs nullement pas la seule corde dans son arc diplomatique. Presque aussitôt, il a occupé, de 1992 à 1995, le poste de conseiller politique à l'ambassade du Maroc à Washington. De sa biographie, on retiendra également son passage en qualité de professeur à l'Ecole nationale d'administration et à la faculté des sciences politiques de Rabat. Des arcanes du pouvoir, aux enchantements du lyrisme en passant par le capital diplomatique, sa nomination a rehaussé incontestablement l'image de la gouvernance locale et régionale. Déjà ! D'ailleurs, avec la nouvelle vocation donnée au pouvoir immédiat et de proximité, le nom d'Aourid, comme lors de sa désignation au poste de porte-parole officiel du palais est un acquis qui s'accompagne toujours de l'inédit. 2 - Mohamed Kabbaj : l'endurance La nomination de Mohamed Kabbaj à la tête de la wilaya du Grand Casablanca en dit long sur la portée, sans précédent, de la nouvelle fonction territoriale. Lauréat de l'Ecole polytechnique de Paris, et de l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées, Kabbaj a été de 1981 à 1993, ministre de l'Equipement et de la formation professionnelle, avant d'être nommé en 1995 ministre des Finances et des investissements extérieurs. Par la suite, il a assuré les fonctions de directeur de la délégation des Travaux publics à Tétouan (1969 – 1972), puis directeur du département des travaux publics (1972 – 1973). Les sept années suivantes, il les passera sur le même terrain, (TP), mais en qualité de directeur des routes et de la circulation sur les routes. C'est un long chemin, parfois sinueux, qui a traversé les différents champs de la politique, pure et simple, du Maroc, telle est l'image que donne ce «bréviaire» auquel manque, aussi et surtout, la sérénité à toute épreuve. Chargé de mission au Cabinet royal et Conseiller du Souverain depuis 2000, le nouveau wali du Grand Casablanca aura la destinée, redéfinie et renouvelée à l'aune des nouvelles perspectives, de la capitale économique. Mhamed Dryef, ayant balisé le terrain, la voie est désormais ouverte. Au-delà de la symbolique, la nomination de Kabbaj est aussi un choix qui fait de la gestion régionale « une ascension ». En d'autres termes : mettre le riche potentiel capitalisé au fil des années au service de la proximité. Et qui mieux que cet ingénieur des Ponts et Chaussées saurait faire de « Casa » l'autoroute du développement humain? Emblématique du nouveau concept de l'autorité, la gestion de la grande ville par le conseiller du Roi est en soi un vrai « redéploiement de l'Etat ». Cependant, sa nomination demeure « la grande surprise ». Agréable, elle aura le sens de « mobiliser les investisseurs ». Désagréable, elle s'apparente à une éviction en douceur d'un économiste aguerri. Kabbaj, lui, «accepte toutes les missions sans rechigner ». 3- Mohamed Brahimi : profil type De ses premiers faits d'armes professionnels, il a indéniablement gardé le sens de la communication. Mohamed Brahimi, que S.M le Roi a nommé wali de la région de l'Oriental, gouverneur de la préfecture d'Oujda-Angad, en aura amplement besoin. Celui qui a entamé son itinéraire en 1972 en tant qu'administrateur adjoint au ministre des Postes et télécommunications, puis administrateur au sein de l'ancien PTT, est un homme aguerri, certes, mais il trouvera aujourd'hui de quoi renouer avec ses débuts : la région est l'une des plus pauvres du royaume. Pour les travaux d'hercule qui l'attendent, Brahimi n'aura pas trop de son expérience passée au sein du ministère de l'Intérieur : nommé chef de Cercle à l'administration centrale, il a en 1991 occupé le poste de directeur des affaires juridiques, de la documentation et de la coopération à la direction générale des collectivités locales au ministère de l'Intérieur. En 1998, il est nommé gouverneur d'Inezgane Aït Melloul, puis gouverneur – directeur général des collectivités locales. Nommé en 2002, directeur du cabinet du premier ministre, tout le monde s'accorde à reconnaître ses talents de négociateur. Si on loue sa capacité de médiateur, c'est parce que son pragmatisme intelligent en a fait le maître d'œuvre de la mise en application de plusieurs projets, notamment le code du travail, l'avancement des administrateurs et l'AMO. Quoi qu'il en soit, à la primature, on parle « de deuil » après le départ du maître d'œuvre. Dans certains milieux, on n'y voit même une pénalité à l'encontre du Premier ministre. « Privé de son bras droit, laisse-t-on entendre, Driss Jettou a désormais les ailes coupées». 4- Mohamed Hassad : garder le cap Il est des personnes dont le succès est ou devient, aisément, une seconde nature. Mohamed Hassad que S.M le Roi a nommé wali de la région de Tanger – Tétouan et gouverneur de la préfecture de Tanger – Asilah, est de celles-là. Diplômé de l'école polytechnique des ingénieurs de Paris en 1974 et de l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées de Paris en 1976, il rentre au bercail pour occuper, entre 76 et 86, le poste de directeur régional des travaux publics dans les provinces de Fès, Taounate et Boulemane. Un baptême de feu qui révèlera, par la suite, l'étoffe d'un homme tout-terrain, vite hissé au rang du ministre des TP, de la formation professionnelle et de la formation des cadres. Moins de deux ans, il fait des ailes. Et le voilà nommé PDG de la RAM. Puis président de l'Association internationale des transporteurs aériens des pays francophones. Il atterrira, en 2001, dans la région de Marrakech – Tensift – El Haouz. Là, aussi il ne démérite pas. Au contraire, ses quatre années à la tête de la wilaya ont marqué tout aussi la vocation que le quotidien de la région, en plein essor touristique. A Tanger, Hassad renouera avec « sa part polytechnique ». Bref, les chantiers en cours, notamment le port de Tanger – Med, feront appel à son doigté d'ingénieur. Il n'est jamais bon que quand il faut mettre la main dans « la pâte ». 5 - Mounir Chraïbi : la volonté de réussir Nommé à la tête de la CNSS, en pleine crise de confiance, Mounir Chraïbi a su redorer le blason d'un établissement chancelant. Certes, ce n'est là guère son seul atout, sa réussite incontestée n'en révèle pas moins la force de son caractère. Si d'autres hésitent, on aurait préféré une fatalité « salvatrice », lui croit qu'il faut avancer pour ne pas perdre. Mounir Chraïbi que S.M le Roi a nommé wali de la région de Marrakech – Tensift – Al Haouz et gouverneur de Marrakech est un « Enarque » pur sucre. Lauréat de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications de Paris et de l'école polytechnique de la même ville, il a fait un bref passage au Crédit du Maroc. De 1989 à 1994 où il présida aux destinées de la direction du système informatique à l'Office d'exploitation des ports (ODEP) et Conseiller auprès du ministre du Commerce extérieur en matière de facilitation des procédures du commerce extérieur au Maroc. Son départ, cependant, laisse un vide énorme à la CNSS. Il faut aussi rappeler que Mounir Chraïbi est l'un des artisants de l'AMO. Qualifié de projet de règne, l'AMO n'a pas suscité l'enthousiasme espéré. Frilosité passagère ou trait marquant ? Quoi qu'il en soit, s'il est facile de lui succéder, le remplacer n'est absolument pas acquis d'avance. 6- Cherki Draiss : le baroudeur Pur produit de la « maison », Draiss que S.M le Roi a nommé au poste de la région de Laâyoune – Boujdour – Sakia Lhamra et gouverneur de la province de Laâyoune est un « baroudeur ». Gouverneur-directeur chargé des affaires du personnel d'autorité au ministère de l'intérieur, il a été de toutes les batailles et de tous les champs. Les uns plus que d'autres. Ayant occupé plusieurs postes de responsabilités au sein de l'Intérieur, il fut directeur des Affaires générales à l'administration centrale de 1999 à 2004. Une expérience qu'il mettra au service de sa nouvelle mission.