Démantèlement du réseau pornographique d'Agadir Plus de dix après l'éclatement de l'affaire du commissaire Tabit à Casablanca, voici qu'un autre scandale pornographique prend les devants de l'actualité nationale avec ses détails croustillants et ses chapitres indécents. En tout et pour tout, ce sont sept filles, d'un milieu très modeste, qui sont tombées entre les mains d'un pervers sexuel belge en cavale depuis l'éclatement du scandale. Récit. Un pervers sexuel belge en fuite, sept femmes appréhendées et jugées, un CD pornographique contenant à peu près 197 photos obscènes saisi et interdit à la vente, un site Internet et quelques maisons closes fermées pour l'occasion. Voici en substance les ingrédients du gros scandale du réseau pornographique démantelé depuis quelques semaines dans la ville d'Agadir. Une affaire, somme toute banale, mais qui a eu le mérite de lever le voile sur les agissements d'une mafia bien organisée du sexe qui a longtemps sévi au sud du Maroc. Un scandale de moeurs sans précédent, et ce depuis l'éclatement de l'affaire du commissaire Tabit en 1993, qui tombe à point nommé pour détourner l'attention d'une société marocaine au bord de l'implosion sous les effets d'une crise socio-économique et un timing bien établi. Commençons par le commencement. Tout démarre en avril 2005 par une plainte d'une femme, institutrice de son état et résidente au quartier Sidi Youssef à Agadir, adressée au parquet de la ville au sujet de quelques photos pornographiques prises à son insu et commercialisées chez les vendeurs de CD et DVD de la ville. L'affaire est trop grave, elle mobilise les services de police, tout corps confondus, qui ont vite procédé à des enquêtes minutieuses pour tirer cette affaire au clair et définir les responsabilités des personnes impliquées dans ce scandale. A commencer par la plaignante elle-même. Celle par qui le scandale est arrivé. L'opération du réseau pornographique d'Agadir est désormais lancée. Jugements sévères Présentée en premier lieu comme une innocente institutrice tombée dans le piège du touriste belge véreux, la plaignante devient au fur et à mesure de l'avancement de l'enquête une “victime coupable” de pornographie avérée doublée de débauche par l'exposition des organes génitaux et l'exercice d'activités sexuelles. Ses aveux sont déterminants puisqu'ils ont permis aux enquêteurs de mettre la main sur le CD qu'elle avait acheté auparavant chez un revendeur du quartier, arrêté également dans le cadre de la même affaire. L'institutrice devient alors la pièce maîtresse de ce scandale qui n'est qu'à son commencement. Devant ses enquêteurs, la prof d'Agadir donne des noms, des adresses, et avoue avoir “fait l'amour plusieurs fois”, avec son consentement et sans aucune contrepartie, avec un touriste belge, du nom de Philippe Sarfati, qui serait un journaliste au quotidien Le Soir. Celui-ci, dit elle, lui a promis le mariage et l'émigration en Belgique. Elle déclare enfin qu'elle a été surprise par la publication de ses photos sur un site Internet qu'elle n'aurait pas pu voir. Pour elle, son histoire a été un vrai roman rose qui a duré plus de deux années jusqu'au moment où elle découvrit le vrai visage de son compagnon belge. L'affaire connaît vite son dénouement et l'institutrice passe devant les juges de la Cour d'appel d'Agadir qui l'a condamnent à une année de prison ferme assortie d'une amende de 3000 DH. Les revendeurs du CD, eux, sont acquittés contre le paiement d'une amende de 5000 DH. Le parquet, lui, continue à creuser pour en savoir plus et ordonne à la PJ d'Agadir des compléments d'informations sur les femmes qui figuraient sur le CD incriminé qui a permis d'identifier des dizaines de femmes marocaines ( on dit à peu près 80 ) qui se sont subitement retrouvées dans de beaux draps. L'affaire défraye l'opinion publique gadirie par ses détails croustillants et ses chapitres indécents. Descentes policières dans les hôtels suspects et boîtes de nuit, coups de filet dans les milieux de la prostitution nocturne, interrogatoires musclés,… les services de l'ordre ont ratissé large sans toutefois mettre la main sur toutes les filles identifiées sur le CD. Zones d'ombres En tout et pour tout, les enquêteurs ont réussi à appréhender 6 filles sur l'ensemble des femmes dont les photos sont reconnaissables sur le CD. Six femmes entraînées par l'institutrice dans sa chute. Certaines sont tombées sans le vouloir dans le piège du touriste belge alors que d'autres sont connues du milieu de la prostitution à Agadir. Elles sont toutes issues des quartiers pauvres comme Sidi Youssef, Al Massira et Sidi Bouknadel à Agadir. Passée la durée de la garde à vue, les filles ont été présentées à la Cour d'Appel de la ville qui a rendu des jugements identiques à celui de l'institutrice : une année de prison assortie d'amendes de 3000 dirhams. Chefs d'accusation : pornographie, débauche par l'exposition des organes génitaux et l'exercice d'activités sexuelles. Durant leur procès expéditif, elles ont toutes donné une seule et unique version. En échange d'un mariage avec cet obsédé sexuel, elles se sont toutes pliées à ses caprices et fantasmes sexuels. Leurs avocats ont tous plaidé pour un abus de confiance avéré d'un touriste obsédé qui a parfaitement exploité leurs conditions de vie. Ce dernier est toujours en cavale et plusieurs zones d'ombres planent sur sa véritable identité. Est-il vraiment un journaliste belge comme il le prétend ? Avait-il un lien avec les mafias du sexe en Europe ? A-t-il exploité les photos qu'il avait prises à Agadir à des fins commerciales ?... Un mois après l'éclatement de ce gros scandale de pornographie à Agadir, l'opinion publique garde toujours ce goût d'inachevé pour une affaire qui restera à jamais gravée dans la mémoire des Marocains.