Budget Le fait est unique dans les annales des théories économiques et les règles budgétaires connues et le concept totalement innovant. Le discours Royal vient de consacrer un nouvel agrégat économique et comptable de “Mise à niveau sociale” qui sera dorénavant intégré dans les lois de Finances. L'annonce de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) place, désormais, au rang des grandes priorités de la nation la croissance sociale dont les règles devront s'apparenter à celle de l'accumulation historique des richesses matérielles. L'accroissement du PIB est, ainsi, mis au défi, de redistribuer les dividendes du développement économique à la prospérité sociale profitant à l'ensemble des catégories de population, sans exclusive. L'INDH met, ce faisant, un terme à la logique sélective d'un capitalisme “sauvage” qui a longtemps reproduit les rapports de production dans sa dialectique d'évolution des contraires : domination du capital-paupérisation des travailleurs. Un Fonds spécial du développement humain L'Initiative Royale rompt, donc, avec le credo “on ne prête qu'aux riches” ou encore “les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres”. Cette démarche innovante privilégiant la “croissance des pauvres” se veut structurée et soutenue par des ressources budgétaires adossées aux Lois de finances. Et aucune dérive fiscale ou d'inflation des prix à la consommation ne sera tolérée quelle que soit la tentation qui en résulterait. Parole de Roi qui a assuré qu'il n'y aura pas de nouvel impôt chargeant les contribuables, citoyens ou entreprises. Le gouvernement est mis au défi de faire son brain storming, en élargissant les consultations, afin de recueillir toutes les idées nouvelles permettant de pallier la stabilité budgétaire fragile en trouvant les mécanismes de financement et de compensations hors pression fiscale. Déjà, certains créneaux peuvent être explorés en suivant les pistes de l'optimisation des recettes de l'Etat et du portefeuille public, la rationalisation des dépenses, la généralisation des recouvrements fiscaux et de créances en souffrance, la récupération des manques à gagner, les subventions publiques, les excédents des exercices des collectivités locales, la réduction du train de vie de l'Etat… Mieux encore, pourquoi ne pas rééditer l'expérience concluante du Fonds Hassan II pour le développement économique et social alimenté par les produits des privatisations en instituant, tout simplement, un Fonds Spécial pour le Développement humain (FSDH) qui sera capitalisé par toutes les contributions publiques et privées et de la société civile et organisations internationales ?En tout état de cause, le Souverain a privilégié le bons sens et la sagesse de bonne gouvernance : “le financement du développement social passe par la rationalisation des moyens existants”. Les voies et les moyens ne font pas défaut, bien au contraire pour qu'à la traditionnelle production des richesses matérielles corresponde parallèlement la production des “richesses sociales”. Ce qu'il faut retenir dans cette initiative historique, c'est la nouvelle croissance qui se veut plus équitable et “inclusive”. Le Souverain l'a bien mis en relief dans son discours du 18 mai : “si le niveau de la croissance économique est insuffisant et inéquitable dans la mesure où ses dividendes ne profitent pas à l'ensemble des populations et des régions du pays, d'autant que certaines continuent de pâtir de la marginalisation et de la dégradation des conditions de vie, il importe de noter, en même temps, que l'inclusion souhaitée ne saurait être consolidée, selon une version simpliste et étriquée, comme un fardeau qui pèse sur la croissance, dès lors qu'elle en est à la fois la condition et le catalyseur”.