Le 4è congrès mondial amazigh à Nador Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) tiendra ses 4è assises générales les 5, 6 et 7 août prochain à Nador. Prévu initialement aux mêmes dates à Almeria (Espagne), le choix de Nador a été justifié par la dissipation des craintes relatives aux entraves à la liberté de circulation des personnes entre les deux rives de la Méditerranée et la levée par le Maroc de l'obligation de visas pour les Algériens, selon les organisateurs Il faut dire que l'initiative marocaine de lever le visas pour les ressortissants algériens a déjà donné ses premiers fruits. Une initiative qui a motivé les responsables du CMA à opter pour Nador. Ce choix a été corroboré par le président Abdelaziz Bouteflika qui a décidé de faire de même, dans la perspective tant attendue de l'ouverture des frontières terrestres entre les deux pays. Ce qui ne peut qu'encourager la libre circulation des personnes entre le Maroc et l'Algérie, surtout quand on sait que ce pays abrite une forte population amazighe. Les Kabyles en l'occurrence que le CMA chiffre à 10 millions de personnes. 1er congrès dans Tamazgha “Nous avons préféré Nador à Alméria, parce que nous préférons nous réunir sur notre terre, la Tamazgha (Afrique du Nord) plutôt que de continuer à être des pestiférés», précise Belkacem Lounes, président du CMA lors d'une conférence de presse donnée jeudi soir à Rabat. “En effet, dira-t-il, il nous était impossible de nous réunir dans un des pays amazighs, parce que c'était interdit non pas par un texte écrit, mais par le fait qu'il y avait la question des visas. Nous savions donc que si nous organisions le congrès en Algérie, nos membres venant du Maroc auront besoin de visas, ce qui serait impossible parce que les Etats le leur auraient refusé et vice-versa”; ajoute Lounes. “Vu la capacité d'accueil dont dispose Nador, nous avons limité le nombre de participants à 500 personnes plus 30 à 50 invités internationaux “, dit-il. Belkacem Lounes ne cache pas son bonheur à se retrouver dans le Rif puisque, depuis sa création au mois de septembre 1995 à Saint-Rome de Dolan en France, c'est la première fois que le CMA tient son congrès dans un pays non-européen. Il est le fruit de la volonté des “Amazighs de se doter d'une structure de coordination et de représentations des Amazighen (berbères) à l'échelle internationale, indépendante des Etats et des partis politiques“. 17 millions d'Amazighs au Maroc Son objectif principal ”est la défense et la promotion des droits et des intérêts politiques, économiques, sociaux, culturels et linguistiques des Amazighs “. Il a pour mission de “porter la revendication amazighe au niveau international en informant et en sensibilisant l'opinion publique internationale, les peuples, les Etats démocratiques et les ONG oeuvrant dans le domaine des droits de l'homme, et en interpellant les organisations internationales officielles telles que l'ONU, l'Union européenne, le Conseil de l'Europe et l'Union africaine”. Pour Lounes, “l'Afrique du Nord ne peut pas continuer à être rattachée de manière artificielle et forcée au monde arabe, ce qui ne veut pas dire que nous voulons couper les ponts avec lui. Le monde arabe ressemble au monde européen, asiatique et américain avec lesquels nous devons entretenir des relations cordiales. La région d'Afrique du Nord doit appartenir à ses enfants “, lance-t-il. Lounes qui ne va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit de défendre la cause des siens affirme que “cette région est d'origine amazighe qui a été peuplée ensuite par d'autres apports (Les Juifs et les Arabes) avec qui nous voulons cohabiter de manière pacifique et amicale”. “Notre projet est donc porteur de paix et de progrès car il défend les intérêts propres de ce pays et de cette région”. “Tamazight c'est une langue, mais c'est aussi pour nous un projet sociétal incontournable pour l'avenir de tous les habitants de cette région”, ajoutant que “c'est de tout cela que nous discuterons lors de notre prochain congrès à Nador. C'est notre manière de renouer avec notre civilisation, notre région et avec ce peuple millénaire qui aspire à vivre dans la dignité avec toutes les autres composantes “. “Nous, nous ne luttons pas contre des personnes, mais plutôt contre une idéologie panarabiste étrangère à cette terre et contraire à ses intérêts. Notre combat n'est donc ni dangereux, ni attentatoire aux intérêts des pays de la région, bien au contraire puisqu'il est porteur de vertus et de principes généraux universels et aussi porteur d'espoir aux Amazighs de la région “, tient-il à préciser. Pour Lounes, ce n'est pas pour rien que le mot “amazigh” signifie “homme libre”. “Toutefois, précise-t-il, il faut faire très attention à certains esprits malveillants qui falsifient nos propos pour nous présenter comme des racistes ou des personnes cherchant la division. Les Amazighs sont un peuple pacifique et tolérant. Depuis des milliers d'années, aucun fait historique ne peut affirmer que nous avons été agresseurs. A chaque fois que nous avons livré bataille, nous l'avons fait en tant que résistants qui luttent pour leur survie “. L'exclusion “Au Maroc, ajoute-t-il, nous sommes les seuls à parler d'un Maroc pluriel et que les Arabes ici comme dans tout le reste de l'Afrique du Nord sont chez-eux, comme le sont les Juifs qui sont ici depuis beaucoup plus longtemps”. “Ce ne sont donc pas les Amazighs qui excluent, mais ce sont eux qui sont victimes de l'exclusion. Nous disons que ce pays appartient à ceux qui l'habitent et l'histoire est ce qu'elle est, nous voulons que la réalité d'aujourd'hui soit reconnue de manière effective“. A titre indicatif, des documents du CMA chiffrent à 17 millions de personnes le nombre des Amazighs du Rif, de l'Atlas et du Souss. Interrogé si la reconnaissance de l'identité amazighe par la constitution marocaine était une affaire prometteuse, Lounes a indiqué que la tenue du congrès à Nador étant une décision toute récente, “nous n'avons pas encore entrepris de démarches au niveau officiel. Toutefois, il est évident que la tenue du premier CMA en amazgha continentale ne va pas passer inaperçu en termes de ce qu'elle pourra nous apporter comme réponses positives à nos revendications fondamentales“. C'est Kif Kif A une question de la TV espagnole sur la situation des Amazighes à Mellilia, Lounès a qualifié cette enclave de ville espagnole et aussi européenne. Interpellé par LGM sur cette nuance de taille qui fait que si Sebta et Mellilia étaient des villes espagnoles de facto, elle ne le sont pas de jure et sur l'incohérence du discours tenu par les responsables du CMA qui remonte à 15 siècles en arrière pour accabler les Arabes, mais pas à deux siècles pour qualifier les Espagnols d'occupants, Lounes a donné une explication qui laisse perplexe. Le CMA n'a pas à intervenir des les affaires intérieures des deux villes. Si problème il y a, c'est aux populations des deux villes de le résoudre dans le cadre du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. « Je défends le principe de l'autodétermination qui permet à chacun de dire ce qui convient à sa personne et son groupe. Autrement dit, je ne peux réclamer pour la population de Mellilia ce que elle-même ne réclame pas. Il faut donc demander leurs avis aux habitants de Mellilia et ensuite, on pourra les soutenir. Mais pour le moment, ils ne se sont pas encore prononcés sur la question », lance-t-il. D'autres questions sont également restées en suspens, telles que celles relatives au budget d'organisation du congrès et au pays d'Afrique du Nord qui montre le plus de signaux relatifs à la reconnaissance de l'identité amazighe. Pour Lounes Belkacem, ils sont tous kif kif.