Instit en grève Le 22 et 23 mars courant, les professeurs du collège étaient encore en grève. Pendant deux jours, les collèges du Maroc ont arrêté de dispenser leurs cours. Et ce n'est certainement pas les collégiens qui vont se plaindre. C'est tout à leur bonheur ! "Imaginez les dégâts que peuvent avoir trois à quatre jours de grèves sur les élèves. J'en ai quelque 1400 dans mon collège. La majorité d'entre eux n'informent même pas leurs parents que leurs instituteurs sont en grève. Ils passent tout ce temps dans la rue. Là, où nous ne pouvons pas les gérer ni les contrôler", au bout du deuxième jour de grève, cette directrice de collège panique déjà. “C'est que notre rôle au sein du collège dépasse de loin la paperasse du bureau” dit-elle. De leurs bureaux, il leur reviendrait donc de discipliner l'élève. “Mais pour cela, nous avons besoin de l'aide des parents qui sont complètement absents du cercle scolaire de leurs enfants. Une minorité d'entre eux nous contactent pour demander de leurs nouvelles”, se plaint Mme Erraiss. Et encore, cette minorité de parents à qui il arrive de s'intéresser à la vie de collège de leurs enfants, n'aurait ce réflexe que vers la fin de chaque trimestre voire la fin de l'année scolaire. "Lorsqu'il est généralement trop tard", regrette la directrice qui reconnaît trouver de sérieuses difficultés à établir un lien entre le collège et la famille. "Lorsque l'élève a séché un cours, nous exigeons de lui un billet d'excuse qui nécessite l'accord des parents. Imaginez qu'il nous arrive souvent de leur envoyer une lettre puis deux et même trois sans qu'ils réagissent". En attendant que le contact s'établisse enfin entre parents et collège, l'élève est dans la rue. Il a le temps d'apprendre à fumer, boire et rouler un joint ! Gérer ses élèves s'avère de plus en plus difficile pour cette directrice qui cumule, quand même, une expérience de plusieurs années dans le domaine de l'enseignement. Elle a vu des générations d'élèves défiler devant ses yeux. Aujourd'hui, avec ses trois surveillants généraux et 23 enseignants elle peine à gérer correctement son établissement. "cette nouvelle génération d'élève est très difficile. Ils n'ont peur de rien et ne respectent plus personne… la faiblesse de l'effectif du collège et l'absence de la collaboration des parents rend la chose encore plus difficile" reconnaît Mme Erraiss. Ce qu'elle revendique aujourd'hui par dessus tout, c'est un psychologue à l'intérieur de l'école ou du moins "un professeur sans engagement de classe qui s'occuperait des élèves qui ont des difficultés particulières. Car nous avons beaucoup d'élèves qui souffrent de sérieux problèmes. Ils les gardent pour eux et finissent par les exorciser dans la rue en cédant aux dérapages de l'adolescence avec la cigarette, l'alcool et le haschich".